Le rôle des policiers selon Gbagbo Laurent

Vous êtes des policiers, vous n’êtes pas des juges... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Vos ennemis, ce sont tous ceux qui sont contre la République.Tous ceux qui veulent installer la chienlit, le désordre. Tous ceux qui veulent troubler les élections. Battez-vous contre le désordre, contre la chienlit… Ne réfléchissez pas, ce sont les juges qui réfléchissent. Vous êtes des combattants du respect de l’ordre public. S’il y a des dégâts, les juges rétabliront tout. La République se construit avec les Forces de l’ordre, avec les forces de combat… Moi, j’ai les bras de la République. Quand le moment arrive pour que je lance mes bras, je les lance.
Matez tous ceux qui sèment le désordre et après on réfléchira … Matez, matez, tous ceux qui sont contre la République... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Votre rôle n’est pas de réfléchir comme les juges. Ce sont les commissaires qui réfléchissent à votre place… Vous, votre rôle, c’est de mater, de mater…Le policier ne doit pas réfléchir… Il doit taper et s’il y a des erreurs, s’il y a des problèmes nous allons arranger…

Gbagbo Laurent, Chef de l'Etat ivoirien, à l'occasion de l'installation de la CRS 3 à Divo le vendredi 27 Août 2010


lundi 22 février 2010

Suspension de France 24, Franck Anderson Kouassi en militant FPI

La diffusion de la chaîne de télévision France 24 a été « suspendue » lundi en Côte d’Ivoire pour « traitement non professionnel de l’information » concernant « l’actualité politique » récente dans le pays, a annoncé l’organe ivoirien de régulation des médias.

Le Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA) a pris « une mesure conservatoire » visant la diffusion de la chaîne, « en attendant la délibération du Conseil », a déclaré à l’AFP son président Franck Anderson Kouassi.

« La décision prise vendredi est entrée en vigueur ce lundi », a-t-il ajouté, expliquant cette mesure par le traitement par France 24 de « l’actualité politique » récente, sans plus de précision, toujours selon AFP.

Si France 24 traitement l'information l'information de manière non professionnelle, que dire de la RTI. Cette chaîne publique, sensée refleter l'ensemble des opinions politiques, ne fait que de la propagande pro-Gbagbo à longueur de journée. Notre chaîne nationale est devenue un organe de presse du camp présidentiel.

Franck Anderson Kouassi, le PPrésident du CNCA, s'il veut être conséquent avec lui-même, par à l'interdiction de France 24, doit interdire aussi la diffusion de la RTI 1ère chaîne. A moins qu'il n'ait revêti ses habits de militant FPI. Parce que dans la situation actuelle, chaque responsable doit déclarer de quelque manière que se soit sa flamme au grand Manitou. Sinon .....

Ainsi va la démocratie sous la refondation !

samedi 20 février 2010

Le Chef d'Etat major dans ses habits de militant


Hier au journal télévisé de 20h de la chaîne des grands évènements (RTI), le Général Mangou, Chef d'Etat major des forces armées ivoiriennes (CEMA), accompagnés de deux de ces collaborateurs a lu un communiqué, après la tuérie de Gagnoa, région natale de Laurent Gbagbo,donnant la position des militaires dans la situation socio-politique que connait actuellement le pays après la double dissolution du gouvernement et de la CEI.

On nous a maintes fois repeté que l'armée était républicaine. Ce qui veut dire que tous les ivoiriens devaient se reconnaître dans leur armée. Ce qui veut dire que l'armée reste neutre dans le débat politique et qu'elle n'a pas à prendre position pour un camp.

Hier dans la déclaration du CEMA, c'est tout le contraire que nous avons constaté. Le CEMA a clairement pris position pour le camp présidentiel, menaçant les learders de l'opposition d'arrestation.

Le CEMA, sur qui courrait des rumeurs de mise en résidence surveillée par le grand Manitou, a cru bon se saisir de cette occasion pour démontrer à son vénéré Chef qu'il reste loyal et fidel quelque soit ce la situation. Cette déclaration intervien aussi dans le contexte du coup d'Etat qui s'est produit au Niger qui a du certainement troublé le sommeil du grand Manitou qu'il fallait rassurer.
Cette déclaration de Mangou montre bel et bien que l'armée ivoirienne n'est pas républicaine mais partisane
Attention à la tandjanite (le syndrome Tandja)...

lundi 15 février 2010

C’est reparti en Côte d’Ivoire


La poudrière ivoirienne est allée chercher sa propre boîte d’allumette. C’est le moins qu’on puisse dire après la décision prise vendredi par Laurent Gbagbo de dissoudre et le gouvernement et la Commission Electorale Indépendante.

Une décision qui n’est pas restée sans réponse puisque le rassemblement des « houphouettistes animé par les poids lourds Bédié et Ouattara est formel depuis hier : pour lui, Gbagbo n’est plus le chef d’Etat de la Côte d’Ivoire mais l’auteur d’un coup d’Etat annoncé nul et de nul effet. Voilà donc rouvertes les tranchées que l’on croyait à jamais refermées au pays d’Houphouët et ce n’est une bonne nouvelle pour les Ivoiriens qui voulaient mettre derrière eux la lourde parenthèse de sang versé au nom de l’ethnie et du pouvoir. Et même s’ils ont appris à faire avec les sautes d’humeur de son voisin qui crée la moitié de leurs ressources, les pays de l’Uemoa, eux non plus, ne doivent plus être rassurés. Pas plus que Guillaume Soro : le Premier ministre, cette fois-ci du seul Gbagbo, sait, malgré sa bonne contenance et ses propos consensuels, que le décret qui l’a reconduit le week-end est plus mortel que les roquettes lancées contre son avion quelques années plus tôt. Il était soupçonné déjà de faire du travail fractionnel, lui qu’on disait rouler pour Ado, donc une partie de l’opposition ; il eut, en outre, quelques difficultés avec des têtes fortes de Forces nouvelles. Le décret du vendredi décantera désormais les choses et ce ne serait pas forcément à son profit. C’est pourtant le médiateur Compaoré qui a encore du pain sur la planche. Il attendait conformément à son approche de la médiation que les parties au conflit lui acheminent leurs positions pour qu’il les rapproche dans sa synthèse à lui. Pour rester dans le dossier, il lui faudra désormais enfiler sa tenue de pompier. La soudaineté et l’ampleur du feu, même-là, pourraient être dissuasives. C’est, sans doute, reparti pour la Côte d’Ivoire.

Adam Thiam

Le Journal du Mali

samedi 13 février 2010

Côte d'Ivoire yako

Le Chef de l’Etat candidat, alors qu’on attendait les propositions du facilitateur Blaise Compaoré, a décidé hier vendredi 12 février dans une intervention télévisée, de dissoudre la CEI et le gouvernement, selon lui pour mettre fin à la crise qui secoue la CEI et sauver l’accord politique de Ouagadougou. A première vue cette décision a été prise de manière unilatérale et cavalière. D’ailleurs Gbagbo a toujours crié à qui veut l’entendre qu’il n’y a pas d’opposition en Côte d’Ivoire, il peut donc ne faire qu’à sa guise. Un objectif visé par le Chef de l'Etat en prenant une telle décision est d'écarter le RHDP du cadre institutionnel du processus électoral, colonne vertébrale de la sortie de crise. Cette décision montre aussi que Laurent Gbagbo n'est pas un homme de compromis. Il prospère dans la confrontation, dans l'épreuve de force. L'opposition politique n'a pas d'armée, donc il n' a aucune considération pour elle. Soro Guillaume a une armée et un territoire, donc il le menage. C'est le principe de l'équilibre de la terreur. Jetez un coup d'oeil sur le parcours politique de Gbagbo. Son cursus politique est jalonné d'épisode de violance. D'ailleurs, son accession à la magistrature suprême ne s'est-elle pas faite dans la violance, dans le sang d'innocents ivoiriens qui ont cru défendre la démocratie. Gbagbo au pouvoir, les a royalement rayé de sa mémoire. Ne me parlez surtout pas de ce triste monument, dit des martyrs.

Cette décision, contrairement à l’argumentation de Laurent Gbagbo, plonge la Côte d’Ivoire dans une incertitude et met un coup de frein au processus consensuel de sortie de crise, donc à l'accord politique de Ouaggadougou. Quand est-ce que ce fameux gouvernement va être mise en place et avec quelle configuration ? Quelle sera l’architecture de cette nouvelle CEI ? Se fera-t-elle en concertation avec les autres candidats à l’élection présidentielle ? Ou bien ça sera une CEI à la solde du grand Manitou ? Le véritable problème de Mambé n’est pas l’affaire des 429 000 personnes issues du croisement interne, ce n'est qu'un prétexte, mais plutôt son esprit d’indépendance vis-à-vis du Chef de l’Etat. D’ailleurs Miaka Oreto, le secrétaire général du FPI a affirmé sur ONUCI-FM que son parti n’était pas tout à fait d’accord avec cette composition de la CEI qui n'est pas à leur avantage, qu’il n’a jamais eu confiance en Beugré Mambé et qu’il savait qu’une telle situation se présenterait. A chacun de tirer sa conclusion.

Le candidat Gbagbo veut user de tous les moyens pour gagner l’élection présidentielle : avoir la CEI sous son contrôle ; instrumentaliser la justice pour radier des noms de personnes que son camp a décidé qu’elles ne sont pas ivoiriennes. Il y a deux alternatives qui se présentent au Chef de l’Etat candidat ; soit il organise l’élection présidentielle dans les conditions qui lui sont favorables avant juin 2010 pour prendre en compte la mise en garde du conseil de sécurité de l'ONU et qui lui permettent de gagner avec certitude, soit il organise l’élection présidentielle à ses conditions en Octobre 2010 après avoir célébré son cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Parce qu'il estime être le maître du jeux.

Qu’elle sera la réaction des partis de l’opposition, de la communauté internationale et de même que Blaise Compaoré, facilitateur de la crise ivoirienne ?

La stratégie du camp présidentiel pour gagner les élections est en marche.

Ainsi va la démocratie ivoirienne sous la refondation.

Que Dieu protège les ivoiriens !

vendredi 12 février 2010

Mandela : un homme exceptionnel


Il y'a 20 ans, les premiers pas d'homme libre de Mandela, libéré par Frédéric Déclerc le 11 février 1990. Elu en 1994 premier Premier noir de l'Afrique du Sud, il décida, au terme d'un seul mandat de se retirer du pouvoir et de la vie politique pour donner une chance à la nouvelle démocratie de son pays arc-en-ciel, alors sa popularité était à son sommet. Bel exemple d'humilité, de sagesse et d'amour du peuple. Que le Tout Puissant donne encore longue vie à ce model vivant pour tous les africains et le monde entier.

Au moment de cet hommage universel rendu à Mandiba, Blaise compaoré, le faciltateur des conflits de la CDEAO, cherche à modifier la constitution du Burkina Fasso pour s'éterniser au pouvoir. Pauvre Afrique.

jeudi 11 février 2010

Deux magistrats sanctionnés pour avoir fait leur boulot

Le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo vient de prendre un décret à l’insu du Ministre de la justice pour relever deux magistrats de leur fonction et les affecter dans une autre juridiction. Il s’agit du substitut du procureur résident de Divo et de celui de Sinfra. Motif de cette sanction : ces deux magistrats ont jugé irrecevable des plaintes pour radier plusieurs électeurs de la liste électorale provisoire, parce que la procédure en la matière n’a pas été observée. Voilà le crime que ces deux magistrats ont commis. Le camp présidentiel ayant mis en place une stratégie de radiation massive de pétitionnaires du listing électoral avec la complicité obligée des magistrats. Celui qui osera aller à l’encontre des instructions données par le grand Manitou, qui veut à tout prix gagner l’élection présidentielle, sait désormais à quelle sauce il sera mangé. Ne dit-on pas que qui veut aller loin ménage sa monture.

Quand je regarde dans le rétroviseur politique, cette affaire me rappelle une autre. Celle du juge Ballo Bi de Dimbokro qui avait délivré un certificat de nationalité à Alassane Ouattara et qui avait subit le courroux de Bédié, alors Chef de l’Etat. Le FPI à cette époque avait vivement dénoncé cette sanction qui foulait aux pieds l’indépendance des juges. Les hommes changent, les pratiques demeurent….

Après cela, on viendra expliquer au peuple que Gbagbo Laurent est le plus démocrate des présidents africains et patati patata…. Et de fois ce sont des intellectuelles qui se livrent à ce jeu. Quand les poches sont pleines, on est prêt à tout. Cette situation m’amène à me poser la question suivante : la Côte d’Ivoire est-elle un pays démocratique ? Un pays où les juges sont sous la tutelle du pouvoir en place. Alors que l’indépendance de la justice est un élément fondamental de toute démocratie. En Afrique, on a l’impression que la démocratie se résume en l’existence de plusieurs partis politiques et en l’organisation d’élections. C’est désolant …..

Au moment où j’écris ce billet, j’apprends que le contentieux judicaire est suspendu par le Chef de l’Etat et le Premier Ministre jusqu’à nouvel ordre.

Ainsi va la démocratie ivoirienne sous la refondation !

mardi 9 février 2010

Côte d’Ivoire Le ministre de la Justice interdit de télévision


La République serait-elle tombée sur la tête ? Le garde des sceaux ministre de la Justice et des Droits de l`Homme a été interdit du Plateau de la télévision nationale première chaîne par les responsables de la Rti tout simplement parce que le substitut du procureur de la République devrait y intervenir. Or, le parquet est sous la tutelle du ministre de la Justice. Une véritable injure et entorse aux valeurs républicaines. Comment en effet dans un pays sérieux, l`on peut humilier un ministre devant son propre subalterne ? Le ministre de la Justice Koné Mamadou devrait en effet lancer un message aux magistrats et agents du système judiciaire impliqués dans la gestion du contentieux électoral. Son passage au journal de 20 heures avait été programmé depuis la veille. Le ministre était même à bord de son véhicule de commandement et avait pris la direction de la Rti lorsqu`il a été joint par téléphone par les responsables de la Rti qui lui ont signifié qu`il n`était plus attendu à la télévision parce que le substitut du procureur, donc subordonné hiérarchique, devrait intervenir. Tout simplement renversant !
Akwaba Saint-Clair

Le Nouveau Reveil

la RTI est-elle devenue un organe du FPI ?

Remplacement de substituts résidents du procureur de Divo et de Sinfra : Laurent Gbagbo a encore violé la Constitution

Les substituts résidents du procureur à Divo et à Sinfra ont été remplacés. La décision est tombée hier comme un couperet. Le président Laurent Gbagbo a pris un décret pour remplacer ces magistrats. Mais cette décision a été apparemment prise en violation de la Constitution et de la loi portant sur le statut des magistrats. Si le chef de l’Etat est le seul habilité à faire des nominations et autres réaffectations dans l’administration et dans l’armée en ce qui concerne les hauts cadres, il ne dispose pas dans le domaine judiciaire d’un pouvoir discrétionnaire. La Constitution en son article 106 et l’article 5 de la loi portant sur le statut des magistrats stipulent que les nominations, les affectations, les déplacements des magistrats du Parquet se font sur proposition obligatoire du ministre de la Justice. Il est vrai que c’est le chef de l’Etat qui signe le décret, mais en matière d’administration judiciaire la Constitution et la loi lui font obligation de le faire sous proposition du ministre de la Justice. Pour les juges du siège, il faut non seulement l’avis de la tutelle, mais surtout sous proposition préalable du Conseil supérieur de la magistrature. Les juges de grade inférieur sont également soumis à un minimum de protection. Dans tous les cas, le chef de l’Etat ne peut pas décider de façon unilatérale en la matière sans violer la Constitution. Nos sources nous indiquent que le Garde des Sceaux qui était hier en déplacement à Bouaké n’a pas été consulté dans cette décision. Laurent Gbagbo a donc pris sur lui, de violer la Constitution sans aviser la hiérarchie. C’est donc une atteinte terrible à l’indépendance de la magistrature. Dans cette affaire, l’on constate que Laurent Gbagbo a plus agi pour protéger des intérêts particuliers que l’intérêt de la nation comme le lui recommande la Constitution. Cette décision intervient après que les substituts résidents de Divo et de Sinfra ont refusé de cautionner les radiations arbitraires du FPI. Le substitut résident de Divo, on se le rappelle, par des réquisitions conformes à la loi, avait requis l’irrecevabilité des demandes pour radiation introduites par le FPI. Le juge du Parquet avait estimé au cours de la première audience que les demandes devaient être introduites obligatoirement devant la CEI avant de saisir le tribunal. Il a également estimé que les demandes en radiation devaient être accompagnées de pièces justificatives. Conformément au code électoral et à la procédure en vigueur. A Sinfra, le substitut du procureur ne voulait pas, non plus, cautionner les jugements du président du tribunal . Le chef de l’Etat a décidé de mener une guerre contre tous les magistrats qui ont décidé de faire barrage au FPI dans sa volonté de spolier la nationalité à de milliers d’ivoiriens. Malheureusement, en foulant au pied la loi au risque de commettre un parjure, il y a de quoi à désespérer de la Côte d’Ivoire. Car avec un président qui ne respecte aucune règle, les jours à venir s’annoncent difficiles pour la République.

Jean-Claude Coulibaly (Le Patriote)

Politiquement incorrect Et alors ? Par Venance Konan

Par Venance Konan – L’Inter

Le vendredi dernier une amie très chère m’a appelé de Bouaké pour me dire qu’il n’y avait plus d’électricité dans la ville depuis 30 heures. L’eau aussi venait d’être coupée et on ne pouvait plus utiliser les téléphones cellulaires. Malgré toute l’amitié que j’ai pour cette dame, j’ai eu envie de lui dire « et alors ? » Oui, Catherine, on a coupé l’électricité et l’eau à Bouaké, et alors ? Qui veux-tu que cela dérange dans ce pays ? Souviens-toi, en novembre 2004, on a coupé l’eau, l’électricité et le téléphone dans tout le nord du pays pendant plusieurs semaines. Cela avait commencé le jour de nos bombardements sur la zone rebelle. Les bombardements ont duré trois jours. Mais l’eau, l’électricité et le téléphone sont restés coupés pendant des semaines. Qui s’en est offusqué ? Qui s’est plaint ? Ces bombes avaient d’ailleurs tué plusieurs autres personnes en dehors des soldats français et de l’Américain. Qui a parlé de ces personnes ? En mars 2004, on a tué au moins 120 personnes à Abidjan à l’occasion d’une marche projetée par l’opposition. Qui parle de ces morts ? Qui a porté plainte contre ce massacre ? Même l’opposition dont ils étaient des militants, l’as-tu entendue ? L’as-tu entendue menacer, ne serait- ce que pour la forme, de se retirer du gouvernement en signe de protestation contre ce massacre ? Nous serons bientôt en mars. Tu verras si une seule personne de cette opposition ira déposer ne serait-ce qu’une simple fleur sur la tombe de l’une de ces victimes, ou appelera à une minute de silence, juste une seule minute, en leur mémoire. Tu verras, Catherine, tu verras. Souviens-toi encore, il y a deux ans, une grenade avait déchiqueté neuf enfants le jour de l’an à Bondoukou. Plusieurs autres avaient été grièvement blessés. C’était pendant la période où un bâtiment avait pris feu à la RTI. Toute la Côte d’Ivoire avait défilé à la télévision pour pleurer sur le bâtiment en partie seulement endommagé. Il y a eu les évêques, les imams, les partis politiques, les syndicats, les chômeurs, les transporteurs, les prostituées, tout le monde. Qui as-tu vu verser une larme ou aller apporter un peu de compassion aux familles des enfants tués, et aux blessés ? Aucun évêque, aucun imam, aucun pasteur. Il a fallu plus d’un mois avant que la ministre Peuhmond ne daigne aller rendre visite aux blessés. Que vaut une vie humaine dans ce pays ? Qui s’est d’ailleurs préoccupé de savoir d’où était venue cette grenade ? Sous nos yeux, ici, des gens de la FESCI ont tué le jeune Habib Dodo et sauvagement violé une jeune fille sur le campus, des gardes républicains ont tués un certain Badolo. Cela fait des années que je m’égosille pour demander justice pour tous ces gens que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam. As-tu entendu une seule voix me répondre ? As-tu compté tous les morts qu’il y a eu dans ce pays depuis 2002 ? Qui pense à eux ? Qui pense à ceux que les rebelles ont sauvagement tués à Bouaké, les gendarmes et leurs enfants assassinés, Marcellin Yacé, les gens que Fofié a enfermés dans des containers, ceux que les escadrons de la mort ont tués, qui pense à eux ? On a coupé l’électricité et l’eau à Bouaké, à Ouellé, à Niakara, et alors ? Tout comme cette guerre de 2002 dont nous avions été prévenus plusieurs mois à l’avance, les responsables de la CIE et de la SODECI nous avaient avertis depuis plusieurs mois que nous risquions d’avoir des problèmes d’approvisionnement en électricité et en eau. Qui s’est-il senti concerné par cela ? De nos gouvernants à nous-mêmes, toi et moi compris, qui s’est senti concerné ? Ceux qui ont les moyens de s’offrir des groupes électrogènes l’on déjà fait. Le reste de la population ? Il n’a qu’à avoir les moyens de s’acheter des groupes électrogènes, c’est tout ! Si la population ivoirienne n’a pas encore compris que son sort laisse tout le monde totalement indifférent, eh bien, tant pis pour elle ! La Sir et Gestoci nous ont déjà dit qu’on risque de ne plus avoir de carburant. Et alors ? Qui voulez-vous que cela dérange ? Vous croyez qu’on n’a rien d’autre à faire ? Depuis des années nos marchés, magasins, administrations, maisons, et plantations brûlent les uns après les autres. Tout le monde en connaît les raisons : branchements électriques anarchiques, bouches d’incendies obstrués par les magasins, malveillance, mais qui cela préoccupe-t-il ? Bernabé est parti en fumée ? Le « black market » aussi ? Et alors ? Avant eux ce fut Orca, les marchés de Cocody, de Treichville, de Yamoussoukro…La vie n’a-t-elle pas continué ? Tu le sais bien, Catherine, la seule chose qui nous intéresse est qu’aucun Burkinabé ne s’inscrive sur notre liste électorale. Pour ça, oui, nous sommes prêts à descendre dans la rue, hurler notre colère, sortir nos machettes et gourdins. Pour tout le reste, on s’en fout complètement. Le pays peut brûler comme c’est le cas en ce moment, on peut vivre dans l’obscurité, sans eau courante, sans rien à manger, on peut augmenter tous les prix comme on veut, on peut nous déverser toutes sortes de déchets toxiques sur la tête, nous tuer tous un par un, on s’en fout complètement. Mais gare à l’étranger qui voudra voler notre belle nationalité ! Catherine, j’en suis désolé, mais ton pays est peuplé de « moutons ». Nous ne pousserons pas un seul cri lorsque l’on nous passera le couteau sur la gorge. Alors, s’il te plaît, ne viens plus nous déranger pour tes problèmes d’eau et d’électricité pendant que nous sommes en train d’achever la construction de nos nouveaux palais, de satisfaire nos maîtresses qui deviennent de plus en plus exigeantes (elles veulent maintenant la nouvelle voiture que Peugeot est en train de fabriquer en Chine pour les Chinois), et pendant que nous sommes en train d’apprêter nos costumes et robes pour célébrer les cinquante ans d’indépendance de notre pays.

Venance Konan
venancekonan@yahoo.fr

lundi 8 février 2010

Lotérie électorale

Qui bien malin pourrait dire quand aura lieu l’élection présidentielle. L’accord politique de Ouagadougou est en très grand danger car la colonne vertébrale de cet accord voulu par le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo, l’élection présidentielle devient de plus en plus hypothétique. Le candidat Laurent Gbagbo, l’initiateur de cet accord, en accusant le Président de la CEI de fraude sur le listing électoral, vient sans doute de signer le certificat de décès de cet accord, malgré les efforts du Premier Ministre, l’autre signataire, de calmer le jeu et de rassurer les différents protagonistes, surtout le camp présidentiel. Curieusement, le Président du Burkina Fasso, Blaise Compaoré, facilitateur de la crise ivoirienne, reste muet comme une carpe. Le facilitateur serait-il exaspéré par les crises à n’en point finir qui jalonnent le processus de sortie de crise ?

D’ailleurs l’ONU, à travers le dernier communiqué de son conseil de sécurité concernant la crise ivoirienne, vient de lancer une sévère mise en garde aux autorités ivoiriennes les menaçant de reconsidérer les relations de l’ONUCI avec la Côte d’ivoire si l’élection présidentielle n’avait pas lieu avant juin 2010. Cette attitude de fermeté traduit l’exaspération et la lassitude de la communauté internationale devant les crises à répétition et le report incessant de la date de l’élection présidentielle. Le fait que le Directeur de la banque mondiale, lors de sa visite dans notre cher pays, ait lié le point d’achèvement du PPTE à la tenue de l’élection présidentielle, laisse de marbre les autorités ivoiriennes.

Tout ce mic mac traduit le manque de volonté notoire des acteurs de la scène politique ivoirienne, surtout du camp présidentiel alors que tous les sondages donnent vainqueur leur candidat dans tous les cas de figure, à aller à l’élection présidentielle. Chaque camp tire d’une façon ou d’une autre avantage de cette situation, ignorant totalement la souffrance du peuple.

Cette énième crise traduit bien, à l’analyse, une véritable crise de confiance et la hantise de chaque camp à perdre l’élection présidentielle. D’où cette lutte farouche pour le contrôle de la CEI. Amenant ainsi les acteurs politiques à s’inscrire dans une logique d’affrontement. Aucun camp n’est psychologiquement près à accepter sa défaite éventuelle. Ce ne sont pas des adversaires mais des ennemies politiques, engagés dans une bataille épique pour le contrôle des richesses de la Côte d’Ivoire et de la manne financière d’après crise. Et c’est là le malheur des ivoiriens.

Finalement, je crois que la solution radicale pour une paix durable et définitive en Côte d’Ivoire passe par les trois mesures suivantes
- L’ONU doit prendre toute ses responsabilités dans la résolution de cette crise. L’ONUCI ne doit plus être dans une mission d’accompagnement du processus de sortie de crise qui a atteint ses limites. Il est question d’imposer la paix par la mise à l’écart de la scène politique ivoirienne de Gbagbo, Bédié et Alassane qui depuis 1993 sont responsables des malheurs des ivoiriens et de Soro Guillaume.
- Une transition de trois ans avec des hommes et des femmes non marqués politiquement, sous la haute autorité de l’ONUCI
- Une dissolution du FPI, du RDR et du PDCI car ces partis politiques n’existent qu’à travers leurs leaders et sont ethniquement très marqués et cela tient des circonstances de leur création. Ces partis seront remplacés par de nouveaux partis avec de nouveau leaders.

Que Dieu ou Allah protège la Côte d’Ivoire car je ne crois plus à la capacité des trois, voire des quatre de sortir mon pays de cette situation.

vendredi 5 février 2010

Le cinquantenaire selon Gbagbo


Le dimanche 31 janvier 2010, rendant visite à un ami de l’école primaire, J’ai été surpris de voir une cérémonie qui avait lieu à la présidence de la république (je regarde très rarement la RTI) en présence du maître des lieux. Renseignement pris, il s’agissait du lancement de l’année du cinquantenaire de notre très cher pays, déchiré par une crise politique depuis 2002. A cette occasion le Chef de l’état a prononcé un discours d’environ une trentaine de minutes où il a demandé aux africains de réfléchir sur ce qu’ils ont fait de ces cinquante ans d’indépendances. Cette réflexion est nécessaire pour faire l’autopsie des Etats africains et surtout réfléchir sur le future de nos Etat.

La seule fois où Laurent Gbagbo a évoqué le nom du premier président de la Côte d’Ivoire, c’était de se poser la question de savoir pourquoi Houphouet Boigny qui était si populaire a opté pour le parti unique. Et cela sur un ton ironique. Peut-on parler d’indépendance de la Côte d’Ivoire sans rendre hommage au premier président de la Côte d’Ivoire. Tout le monde connait le parcours de Félix Houphouet Boigny au temps colonial. C’est en grande parti grâce au combat qu’il a conduit que la Côte d’Ivoire est devenu indépendante. Qui est à l’origine de l’abolition du travail forcé ? C’est Houphouet Boigny. Et Gbagbo Laurent en tant qu’historien le sais. Même si on déteste le lapin, il faut reconnaître qu’il a de grandes oreilles et qu’il court vite.

Ce discours du Chef de l’Etat, m’amène à me poser la question suivante : qu’el est l’intérêt de la célébration en grande pompe de ce cinquantenaire dans une période aussi trouble que celle que nous vivons actuellement avec l’affaire des 429 000 électeurs qui plombe le processus électoral, donc la sortie de crise ? Pour moi la célébration de cet évènement devrait se faire dans un climat de réconciliation nationale, occasion de renforcement de l’unité nationale, de rassemblement de tous les ivoiriens. Les conditions politique, économique, sociale et psychologique sont-elles réunies pour la célébration de ce cinquantenaire ?

L’impression que j’ai eue en écoutant ce discours est que le processus électoral, colonne vertébrale de la sortie de crise, n’est plus la priorité de Laurent Gbagbo. Pour lui la priorité des priorités est la célébration du cinquantenaire qu’il compte conduire jusqu’à son terme. Le Chef de l’Etat en a fait une affaire personnelle comme si célébrer cet évènement est pour lui une victoire sur ses adversaires politiques. D’ailleurs le Premier Ministre à briller par son absence à cette cérémonie de lancement.

Côte d'Ivoire : Un pays en danger. Les Conseils des ministres suspendus.......

Soir Info: Situation sociopolitique

Il ne s’agit pas, pour nous, ici, de jouer aux oiseaux de mauvais augure. Mais, la vérité d’airain est implacable aujourd’hui. Il pèse sur le pays une véritable chape de plomb et l’on s’achemine, inéluctablement, vers un désastre socio-politique dont les conséquences seront dommageables sur processus de sortie de crise… Depuis que cette mystérieuse histoire de présumées fraudes sur la liste électorale, relativement aux 429.000 personnes, imputées au président de la CEI, Robert Mambé Beugré a éclaté, le ciel s’est brusquement assombri sur la Côte d’Ivoire et la « météo » politique annonce des tempêtes, au point de menacer l’équilibre de toute la société démocratique du pays.

Les propos incendiaires entre les camps opposés, la stigmatisation de certaines communautés, l’instrumentalisation des médias d’Etat, la recrudescence de la violence, la chasse aux présumés étrangers sur la liste électorale, l’immixtion de la politique à la CEI (Commission électorale indépendante), les attaques des palais de justices par des pétitionnaires menacés de radiation, la colère ambiante des populations, les intimidations et menaces pour obtenir le départ ou le maintien du président de la CEI, sont autant d’indices et de faits qui menacent au quotidien les Ivoiriens et laissent entrevoir une période de turbulences, d’incertitudes, voire de périls sur la Côte d’Ivoire. A cela, il faut ajouter la chronique des incendies aux origines douteuses. En deux semaines, plusieurs marchés et des espaces commerciaux ont été ravagés par le feu. Puis est venue s’ajouter la spirale des délestages électriques…Qui vont, dit-on, durer trois mois. Dans cette atmosphère de feu, de sangs et de calvaire, le gouvernement semble avoir aujourd’hui marqué le pas dans son fonctionnement régalien, en ce qui concerne, notamment, les conseils des ministres. Depuis le 17 décembre 2009, le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, qui à l’initiative de ces réunions hebdomadaires, n’a plus convoqué de Conseil des ministres… La situation politique pour le moins délétère s’est davantage dégradée quand le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, a saisi le procureur Tchimou Raymond aux fins d’une enquête judicaire contre Mambé Beugré alors que Soro Guillaume avait choisi la voie du compromis politique. A l’allure où vont les choses, l’on a le net sentiment que tout est fait, sciemment, pour bloquer l’organisation des élections et, par voie de conséquence, disloquer le tissu socio-politique.

Car, comment comprendre que l’appel du président de la Banque mondiale, Robert Bruce Zoéllick, qui était de passage récemment en Côte d’Ivoire ne soit entendu par les acteurs politiques ivoiriens. « Je suis profondément préoccupé par la situation en Côte d’Ivoire. Il y a eu des progrès, mais le problème de la liste électorale a provoqué un doute. Il est vital que tous les acteurs politiques ivoiriens respectent leur engagement d’organiser l’élection avant fin mars 2010″, avait-il affirmé. Vers le scénario sénégalais ?

Le président de la Banque mondiale n’avait pas manqué de souligner la nécessité pour ce pays d’aller rapidement aux élections. ‘’Le message que je veux leur transmettre porte sur la nécessité de boucler le plus tôt possible les listes électorales et de passer aux élections présidentielle et législatives(…) Tant qu’on n’a pas réglé les problèmes politiques et électoraux, il sera difficile d’attirer les investisseurs vers la Côte d’Ivoire’’, avait-il déclaré le vendredi 29 janvier 2010, à l’issue de sa visite de trois jours. Il a rappelé que d’importants efforts ont été déjà entrepris en matière d’annulation de la dette dans le cadre de l’initiative ‘’Pays pauvres très endettés’’ (Ppte). « Mais l’achèvement de ce processus d’annulation de dette dépendra forcément de la tenue d’élections libres et démocratiques ainsi que des réformes à entreprendre ».

Pour sa part, le Conseil de sécurité des Nations unies à, le 28 janvier 2010 dans sa résolution 1911, demandé aux parties ivoiriennes de faire en sorte que la liste électorale définitive soit publiée et d’annoncer officiellement la date du premier tour des élections présidentielles. Il est clair que ces appels du président de la Banque mondiale et ceux de l’Onu ont glissé sur la « carapace » des acteurs de la crise ivoirienne. Chaque acteur privilégie l’intérêt de son camp…au dépend de l’intérêt de la nation. Une chose est sûre aujourd’hui. Dans l’affaire Mambé Beugré, le camp présidentiel s’est résolument inscrit dans le scenario « sénégalais », en faisant de sa démission, une option non négociable… Au pays de la « Teranga », Me Abdoulaye Wade, président sortant et candidat à sa propre sucessession pour les élections prochaines, avait contraint, à la démission, en novembre 2009, le juge Mamadou Moustapha Touré, président de la Cena (Commission électorale nationale autonome). Wade et son parti, le Pds (parti démocratique Sénégalais) s’étaient débarrassé du président de la Cena dans les conditions quasiment similaires à celles de Robert Mambé Beugré : de présumés tripatouillages de la liste électorale. En effet, le 26 novembre 2007, peu après la publication des listes électorales, la Cena avait relevé que le fichier électoral ne comportait que 3,5 millions d’inscrits, contre 5 millions annoncés par le ministère de l’Intérieur.

Ce décalage dans la comptabilité des électeurs avait durablement empoisonné les relations entre la Commission et le pouvoir comme c’est le cas en ce moment en Côte d’Ivoire. Wade a réclamé et obtenu la démission de ce président qui ne donnait pas « de garantie de docilité ». Mais au-delà du président de la CEI, c’est peut-être l’accord politique de Ouagadougou ( Apo) qui est visé, avec Soro Guillaume qui en est le garant. Le président-candidat Laurent Gbagbo a dit qu’il « n’irait pas à l’élection présidentielle comme un mouton à l’abattoir ». Qui de Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara, Konan Bédié (pour ne citer que ceux-là), dans cette mystérieuse affaire de prétendue fraude sur la liste électorale n’est pas aussi sûr qu’il le clame haut et fort de pouvoir s’assurer une victoire à la régulière, au point de chercher à contrôler la CEI ?… Et de ressusciter la question identitaire qui a été à la base de la rébellion. Si on n’évolue pas vers une autre période de « calamité », selon certains observateurs, on s’achemine, inéluctablement, vers un fatal désastre …

Armand B. DEPEYLA

Témoignage d'un ancien fesciste

C’est le coq qui tous les matins annonce généralement le levé jour. Le coq-Fesci a chanté et l’an 2010 s’élèvera sur la Côte d´Ivoire selon sa volonté. Il y a dans le quotidien des hommes des signes qui ne trompent pas. Mieux, il y a dans ce quotidien des faits non négligeables qui dessinent l´ossature et la forme des évènements à venir.

Le week-end du 25 au 27 décembre 2009 dernier, la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d´Ivoire (FESCI) a tenu son congrès ordinaire pour élire son nouveau Secrétaire Général.

Pour cette seule raison, qui semble fondamentale pour l´école ivoirienne en chute libre et désespérée, deux congrès ont été organisés simultanément à Abidjan et à Yamoussoukro assortis de deux secrétaires généraux. Chacun des deux élus revendiquant la légitimité et la légalité statutaires.

Déchirée par une dissidence dangereuse, la Fesci est en proie á une lutte pour son contrôle par les partis politiques et la rébellion du MPCI. À vrai dire, le tiraillement politique dont la FESCI est objet ne date pas de la dislocation du Front Républicain en 1996, une alliance contre-nature entre le FPI de Laurent Gbagbo et le RDR d´Alassane Dramane Ouattara.

Déjà à notre époque, de 1990 à 1994, la Fesci était au centre de basses manœuvres politiques pour son contrôle, entre le FPI, le PIT, le PSI et l´USD de Zadi Zaourou à un moindre niveau. Seulement qu´à cette époque la lutte avait un seul centre d´intérêt. La lutte de front pour faire tomber le pouvoir PDCI. Parti unique au pouvoir depuis le 07 août 1960, date de la proclamation de l´indépendance de la Côte d´Ivoire. Cette fronde estudiantine et scolaire se justifiait dans le manque d´un vrai projet digne de rénovation et de redéfinition du système éducatif national mais surtout cette fronde se justifiait dans l´irresponsabilité du gouvernement ivoirien d´alors vis-à-vis de ce qu’il convient d´appeler la relève et l’avenir de la nation ivoirienne.

Alors que l’école ivoirienne avait besoin dans l’urgence d’un plan d’assainissement et de réorientation pour s’accommoder aux nouvelles exigences de cette époque, dans un contexte de retour au multipartisme. Ce manque d´actions gouvernementales en faveur de l´école ivoirienne pour son renouvellement ne favorisait pas l´épanouissement des élèves et étudiants. Encore moins il ne créait de meilleures conditions de vie et de travail, nécessaires à leur intégration et leur rayonnement qualitatif et surtout positif. Car pour la FESCI « Il ne pouvait y avoir d´école nouvelle sans démocratie véritable ».

Et l´avènement d´une démocratie vraie en Côte d´Ivoire passait souventes fois par l´abandon du champ syndical de l´école nouvelle pour reprendre le refrain du chant hautement politique revendiqué par les partis de l´opposition de cette époque. Ce qui nous valut l´étiquette de bras séculier de cette opposition politique. Ce slogan, bien inspiré, reste d´actualité. Toutefois, il est bien de noter à des fins utiles que les époques ont changé et la gestion du pouvoir d´état a changé elle aussi de main. Le besoin d´école nouvelle en Côte d´Ivoire s´avère toujours d´actualité mais la démocratie véritable, quant à elle, devient tout simplement une illusion transcendantale tellement les gros-bras de l´échiquier politique ivoirien ont pris le pays en otage. Tellement ils ont caporalisé et catégorisé les Ivoiriens en clans ennemis qui se regardent désormais en chien de faïence. Tellement leur volonté de gouverner le pays ramène tout ce qui y est lié à leur seule et petite personne.

Tant que ces gros-bras de la scène politique ivoirienne ne comprendront pas que les hommes passent mais que la nation demeure, il nous sera difficile de réaliser le rêve d´une démocratie véritable dans notre pays. Et les acquis de cette démocratie véritable, arrachés de hautes luttes dans l´abnégation, se sont fragilisés et effrités à la grande satisfaction de nos hommes politiques qui se définissent tous comme de grands démocrates. Ces acquis de la démocratie arrachés de haute lutte et dans l´abnégation ont désormais cédé la place à la désillusion et au chantage humain, nous rappelant étrangement le cycle infernal des damnés de la terre.

Pour mémoire, la dissidence de 1992-1993 y est grandement pour quelque chose. Car le FPI, ne contrôlant pas le Secrétaire Général d´alors, du moins ne supportant plus la trop grande vocation d´indépendance et de liberté de Martial Ahipeaud; c´est de toute pièce que le parti politique de Laurent Gbagbo a monté cette dissidence pour imposer à la tête de la FESCI un militant dévoué pour la cause du FPI et dont la dépendance vis-à-vis de ce parti politique ne souffrait d´aucun doute. Aujourd´hui, avec du recul nous comprenons mieux que tout ceci était une mascarade bien plus qu´une mise en scène et une grossièreté ourdie contre Martial Ahipeaud pour l´empêcher de conduire la FESCI selon la vision syndicale qu´il avait de cette structure. Et cette manigance politique continue d´aménager les meubles dans le pavillon de la FESCI sur les bords de la lagune Ébrié.

Cette latente crise de confiance a connu son apothéose à la suite de l´effritement de l´alliance que le FPI avait passée avec le RDR. À cette époque, Soro Kigbafori Guillaume, actuel Premier ministre de la Côte d´Ivoire et premier responsable de la meurtrière rébellion qui a endeuillé notre pays, était le Secrétaire Général de cette organisation syndicale. Les étudiants de la FESCI généralement majoritaires sur les campus des Universités ivoiriennes avaient cru bien faire en se laissant endoctriner par cette farce d´alliance entre le FPI et le RDR dans l´espoir que cette grande force sociale parvienne à bouter le PDCI hors du pouvoir. Pour que soit la nouvelle école dans une démocratie véritable.

Illusion ou réalité, la bonne volonté des étudiants de la FESCI fut rattrapée par les calculs politiques malsains et mesquins de Laurent Gbagbo. Lui dont la seule volonté qui compte, est de présider aux destinées de la Côte d´Ivoire coûte que coûte peu importe les dégâts matériels et humains que cela comporte. Laurent Gbagbo en s´engageant dans cette alliance avec le RDR avait sa petite idée qu´il répétait à qui voulait l´entendre. Les militants du RDR étaient selon ces propres mots de potentiels électeurs dont le vote lui permettrait d´atteindre son objectif prépondérant. Aujourd´hui, Laurent Gbagbo est président de la république de Côte d´Ivoire et le pays brûle plus que jamais. Ce volte-face spectaculaire de Laurent Gbagbo en renonçant à l´alliance contextuelle avec le laissa pantois si non irrita nombre d´étudiants qui s´étaient pourtant engagés dans ce syndicat pour le seul fait du front républicain. Désorientés, irrités et sans repères, ces étudiants sans réelle conviction politique prenaient le flanc à eux tendus par la séparation des leaders du front républicain. Chacun y est allé avec l´instinct ethno-régionaliste et religieux. Les étudiants de la FESCI, comme à l´image de l´ensemble de la société Ivoirienne, jouent le jeu des accointances ethniques, religieuses et régionales pour choisir et justifier leurs obédiences et appartenances politiques.

Les blocs au sein de la FESCI font des vagues avec l´apparition du phénomène des armes blanches. C´est désormais à coups de machettes que nos jeunes frères se tailladent dans le règlement de tous différends qui opposent les différentes tendances. Pis, le concept politique de l´Ivoirité et la catégorisation des Ivoiriens a finalement ébranlé la lutte syndicale au sein de la FESCI en la transposant sur le terrain de la violence inouïe dont pourtant, personne ne pouvait prédire la fin. Ce mal demeuré en état, ressurgit à la surface au moment où les uns et les autres sont préoccupés par la problématique et l´organisation de l´élection présidentielle.

Un syndicat, deux congrès

Un syndicat, deux congrès pour élire un Secrétaire général qui aura la lourde responsabilité de remettre la FESCI sur la voie de sa propre restauration et sur celle de l´école ivoirienne. Un secrétaire général qui aura la lourde responsabilité de démilitariser et de dépolitiser la FESCI pour la remettre sur le chemin de la revendication syndicale en vue d´améliorer les conditions de vie et de travail des étudiants et élèves de Côte d´Ivoire. Cette noble cause est déjà supplantée par le bicéphalisme ambiant qui règne, seulement deux jours après la tenue des deux congrès d´Abidjan et de Yamoussoukro. Une cause noble qui sera certainement noyée par la guerre des clans et des machettes qui pointe déjà à l´horizon.

À l´image de l´effervescente guerre des clans qui s´annonce avec virulence à la FESCI, c´est tout le paysage politique et social dont le décor est ainsi planté en côte d´ivoire. Alors que le pays s´emploie à sortir d´une crise qui n´a que trop duré, nos hommes politiques, eux n´ont de préoccupations que le seul fauteuil présidentiel qui sera mis en jeu. Pourtant, nous savons tous qu´aucun d´entre les dinosaures de la scène politique Ivoirienne n´est prêt à faire le sacrifice patriotique pour épargner le pays du gouffre de leurs ambitions problématiques et démesurées.

Le mouton de panurge

À l´allure où font les choses dans la précampagne électorale, il est à craindre que la fracture sociale creusée dans le peuple Ivoirien pour des alois politiques incontrôlés, devienne encore plus grande et irréparable. Et les prémices ne manquent pas pour étayer ce que nous disons. Le vrai faux débat sur la nationalité du président du RDR subitement ressuscité par la presse bleue en Côte d´Ivoire n´est rien d´autre que la volonté exprimée par les dirigeants du FPI de tripatouiller politiquement pour influencer les décisions du conseil constitutionnel dont le président n´est personne d´autre que le Prof. Paul Yao N´Dré, un des leurs. Afin de matérialiser cette volonté camouflée, Laurent Gbagbo a, récemment dans une interview qu´il a accordée à Jeune Afrique l´Intelligent, dit qu´il fera une compagne juste et honnête mais qu´il n´entendait pas aller à cette élection comme un mouton de panurge à l´abattoir. Ce bout de phrase traduit toute la psychologie et la détermination de nos ex-camarades refondateurs à ne pas lâcher du lest s´ils arrivaient à perdre l´arbitrage et le suffrage des Ivoiriens. Mieux, par ce bout de phrase Laurent Gbagbo donne le ton de la contestation généralisée qui se prépare dans chaque état major des partis politiques pour prolonger les nombreuses souffrances du peuple Ivoirien. Mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j´avance avait-il cyniquement averti.

Par Jean Dekpai – Rédacteur en Chef du Journal de ConnectionIvoirienne.net