Le rôle des policiers selon Gbagbo Laurent

Vous êtes des policiers, vous n’êtes pas des juges... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Vos ennemis, ce sont tous ceux qui sont contre la République.Tous ceux qui veulent installer la chienlit, le désordre. Tous ceux qui veulent troubler les élections. Battez-vous contre le désordre, contre la chienlit… Ne réfléchissez pas, ce sont les juges qui réfléchissent. Vous êtes des combattants du respect de l’ordre public. S’il y a des dégâts, les juges rétabliront tout. La République se construit avec les Forces de l’ordre, avec les forces de combat… Moi, j’ai les bras de la République. Quand le moment arrive pour que je lance mes bras, je les lance.
Matez tous ceux qui sèment le désordre et après on réfléchira … Matez, matez, tous ceux qui sont contre la République... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Votre rôle n’est pas de réfléchir comme les juges. Ce sont les commissaires qui réfléchissent à votre place… Vous, votre rôle, c’est de mater, de mater…Le policier ne doit pas réfléchir… Il doit taper et s’il y a des erreurs, s’il y a des problèmes nous allons arranger…

Gbagbo Laurent, Chef de l'Etat ivoirien, à l'occasion de l'installation de la CRS 3 à Divo le vendredi 27 Août 2010


mardi 27 décembre 2011

2012 - Prophétie d'une fin annoncée

Pour les personnes qui s'intéressent de près ou de loin à la fameuse date du 21 décembre 20012, voici un reportage qui je l'espère vous fournira quelques informations complémentaires concernant ce sujet. La description de cette vidéo a été réalisée par Resavac que vous pourrez retrouver sur le forum.

Je vous salue Marie pleine de grâce, ...

Comme vous voyez, je faisais mes prières car la fin du monde est prévue pour le 21 Décembre 2012. Si, si c'est le calendrier Maya qui me l'a dit.

En effet le calendrier millénaire des Maya prendra subitement fin le 21 décembre 2012, mettant un terme au 5ème et dernier Soleil. Rien de bien sérieux me direz vous, mais hélas les Maya ne sont pas les seuls à prêcher la fin du monde. De nombreux autres peuples d'époque et de culture différente croient à l'imminence de la fin des temps dont les indiens Hopis, les Cherokee, les Maori et bien d'autres.

A cela s'ajoute les prophéties et écrits anciens soutenant ces dires et parlent de la fin du monde ; le plus connu de ces textes et bien sûr l'Apocalypse de St. Jean. D'autres prophètes d'horizons différents viennent allonger la liste qui parait comme s'accorder avec le calendrier Maya. Nostradamus, St. Malachie, Edgar Cayce, les époques et les noms changent tandis que le message reste le même...

La vidéo que vous allez découvrir as été réalisé par Antoll Ma pour un débat interne au sein des fameux repas Ufologiques de Marseille. Il aborde le sujet de part en part n'oubliant aucun élément, qu'il soit scientifique ou bien simplement prophétique. En suivant attentivement le raisonnement de ses recherches, on se rend vite compte que d'étranges liens unissent les différents faits historiques et spirituels nous laissant encore plus dans le doute et nous donnant envie d'en savoir encore plus.

Sur cette courte explication, je vous laisse découvrir la vidéo et profiter des 12 mois qu'il vous reste à vivre.

samedi 24 décembre 2011

RTI, toujours TV Pékin

Les régimes passent, La RTI reste la même. Aucune ouverture aux différentes opinions politiques et sociales. Elle reste toujours fermée aux débats démocratiques et pluralistes.
Je vais peut-être vous surprendre, mais je trouve que la RTI sous le régime de parti unique était meilleure. Une émission comme fauteuil blanc a marqué l’esprit de toute une génération d’ivoirien.

Depuis la prise de pouvoir D’Alassane Ouattara, et à travers les discours des nouveaux maîtres d’Abidjan, j’ai nourri l’espoir de voir une RTI débarrassée de toutes les pesanteurs politiques ; une RTI plus libre et reflétant l’opinion et les aspirations de tous les ivoiriens. Je reste convaincu que le baromètre de la démocratie reste la télévision et la radio nationales.

Pour les 100 jours du gouvernement ivoirien, on aurait du avoir une floraison de débats démocratiques avec des experts, des leaders politiques et de la société civile sur l’audio visuelle publique. La RTI a plutôt servi aux ivoiriens un monologue du gouvernement. Je ne comprends pas cette peur hystérique de nos dirigeants à l’ouverture de l’espace audiovisuelle. Pourtant ils adorent l’audio visuelle étrangère où le débat démocratique est quotidien. Le succès de ces chaînes étrangères signe l’échec de la politique audio visuelle des gouvernements successifs. Nos gouvernants doivent comprendre que les médias audio visuels participent à la vitalité du débat démocratique. Pour cela, les ivoiriens fonde un réel espoir sur la libéralisation de l’espace audio visuel promis par les autorités.

Il est grand temps que la RTI sorte de l’information institutionnelle et devienne une chaîne proche des préoccupations des ivoiriens et qui reflète toutes les opinions politiques et sociales. La RTI doit faire sa mue et emprunter le train de la nouvelle Côte d’Ivoire qui se veut juste, démocratique et prospère d’après les discours officiels.


Texte rédigé le 15 octobre 2011

vendredi 7 octobre 2011

Crimes de guerre et crimes contre l`humanité : Un nouveau rapport de Human Rights Watch accable Gbagbo, Ouattara, Soro, Mangou, Amadé Ourémi, Brou Amé

Pour sûr, ce nouveau rapport de Human Rights Watch (HRW) va provoquer un coup de tonnerre dans le microcosme politique ivoirien. Dans un document de 158 pages daté du 4 octobre et publié hier jeudi 6 octobre sur son site Internet, l`organisation internationale de défense des droits de l`Homme présente de manière détaillée les crimes de guerre et les probables crimes contre l’humanité commis tant par les forces de Gbagbo que celles de Ouattara durant la crise post-électorale. Ce rapport intitulé « Ils les ont tués comme si de rien n’était’: Le besoin de justice pour les crimes post-électoraux en Côte d’Ivoire » est le fruit de recherches et investigations menées par HRW de janvier à juillet 2011 à Abidjan et à l`ouest de la Côte d`Ivoire. Il décrit les effroyables violations des droits humains commises du 28 novembre 2010 au 11 avril 2011, date de la chute du président Laurent Gbagbo, et de cette date à juin 2011, période marquant les premiers mois de gestion du pouvoir du nouveau chef de l`Etat, Alassane Ouattara. Ce rapport identifie nommément sur six pages (120 à 125), 13 dirigeants militaires et politiques qui auraient été impliqués dans de graves exactions, auraient encouragé des viols et massacres de populations civiles ou n`auraient rien fait pour les empêcher. Ceux qui ont fait la promotion de chefs militaires cités dans des graves violations des droits de l`Homme sont aussi indexés. Pour chaque personne incriminée, le rapport décrit les allégations de faits mis à sa charge. Nous vous proposons ci-dessous, une synthèse de la liste des mis en cause par Human Rights Watch.
 Camp Gbagbo
Laurent Gbagbo : L’ex-Président était le commandant en chef des forces armées,
lesquelles ont commis des crimes de guerre et, probablement, des crimes contre
l’humanité. Bien qu’il soit clairement établi que ses forces armées et ses milices ont commis des crimes graves, Laurent Gbagbo n’a ni dénoncé ni pris de mesures pour prévenir de tels crimes ou ouvrir des enquêtes.
Charles Blé Goudé : Il a longtemps été secrétaire général des Jeunes patriotes, une milice impliquée dans des centaines de meurtres rien qu’à Abidjan. Ses miliciens ont souvent travaillé étroitement avec les forces d’élite de sécurité en prenant pour cible les partisans d’Alassane Ouattara. Selon Human Rights Watch, Charles Blé Goudé est vraisemblablement impliqué dans des crimes contre l’humanité.
Général Philippe Mangou : En tant que chef d’état-major des forces armées sous le régime de Laurent Gbagbo, Philippe Mangou était à la tête de troupes qui auraient commis des crimes de guerre et, probablement, des crimes contre l’humanité. Pourtant, Philippe Mangou n’a pris aucune mesure concrète pour les empêcher, ni ouvert d’enquête contre ceux qui ciblaient systématiquement les partisans d’Alassane Ouattara.
Général Guiai Bi Poin : Guiai Bi Poin a été le chef du CECOS (Centre de commandement des opérations de sécurité), responsable de disparitions forcées, de violences sexuelles, de tirs à l`arme lourde à l’aveuglette tuant des civils, et de la répression brutale des manifestations. Dans l’ensemble, compte tenu à la fois de leur ampleur et de leur caractère systématique, les crimes commis sous son commandement constituent, probablement, des crimes contre l’humanité. Les quartiers d’Abobo et de Koumassi où se trouvaient des bases des forces du CECOS, ont particulièrement souffert.
Général Bruno Dogbo Blé : Bruno Dogbo Blé a été le commandant de la Garde républicaine, impliquée dans des cas de disparitions forcées, la répression brutale des manifestations et la persécution d’immigrés ouest-africains. Pris globalement, les crimes commis sous son commandement constituent, probablement, des crimes contre l’humanité. Le quartier de Treichville à Abidjan, où se trouve le camp de la Garde républicaine, a particulièrement souffert.
« Bob Marley » : Ce chef mercenaire libérien qui a combattu pour Laurent Gbagbo dans l’ouest du pays est impliqué dans deux massacres et d’autres meurtres ayant fait au moins 120 morts, dont des hommes, des femmes et des enfants. Il a été arrêté au Libéria en mai 2011 et détenu à Monrovia.
Pierre Brou Amessan, directeur de la RTI : En tant que directeur de la chaîne de télévision RTI contrôlée par Laurent Gbagbo, il a régulièrement supervisé des émissions qui incitaient à la violence contre les partisans d’Alassane Ouattara et les étrangers, appelant les vrais Ivoiriens à les « dénoncer » et à « nettoyer » le pays. Des violences de grande ampleur contre des partisans de Laurent Gbagbo s’en sont souvent suivies. La chaîne a également encouragé l’attaque de personnels et de véhicules des Nations Unies, attaques qui se sont répétées durant toute la crise.
Denis Maho Glofiéhi : Il a longtemps été le chef des milices pro-Gbagbo présentes dans l’ouest du pays. En juillet 2010, il a indiqué à Human Rights Watch avoir commandé 25 000 combattants sous la bannière du Front de libération du Grand Ouest (FLGO). Les milices qui auraient été sous le commandement de Maho ont participé à des massacres dans l’ouest du pays et à Abidjan, où il a été aperçu lors des derniers mois de la crise, souvent en compagnie de Charles Blé Goudé.

 Camp Ouattara
Capitaine Eddie Médi (ou Eddy Médy) : Eddie Médi était le commandant des Forces républicaines chargé de mener l’offensive de mars de Toulepleu à Guiglo. Les forces sous son commandement ont perpétré d’autres massacres après avoir pris le contrôle de la région, Eddie Médi menant depuis sa base à Bloléquin des opérations de « nettoyage ».
Commandant Fofana Losséni : Le 10 mars, Guillaume Soro l’a affublé du titre de chef de la « pacification de l’extrême ouest », l’identifiant comme le supérieur du capitaine Eddie Médi et le commandant en chef de l’offensive des Forces républicaines dans l’ouest du pays. Également connu sous le diminutif de « Loss », il a été le commandant de secteur des Forces nouvelles à Man. Des soldats sous son commandement ont pris le contrôle de Duékoué le 29 mars au matin et joué un rôle important dans le massacre de centaines de personnes dans le quartier Carrefour.
Commandant Chérif Ousmane : Durant l’assaut final sur Abidjan, il était le chef des opérations des Forces républicaines à Yopougon, où de nombreux partisans présumés de Laurent Gbagbo ont été sommairement exécutés. D’après un soldat de sa « compagnie Guépard », Chérif Ousmane aurait lui-même ordonné l’exécution de 29 prisonniers début mai. Longtemps commandant des Forces nouvelles à Bouaké, le 3 août 2011, le Président Ouattara a promu Chérif Ousmane au rang de commandant en second du Groupe de sécurité de la présidence de la République.
Commandant Ousmane Coulibaly : Longtemps commandant de secteur des Forces nouvelles à Odienné, Ousmane Coulibaly a dirigé des soldats des Forces républicaines impliqués dans des actes de torture et des exécutions sommaires dans le secteur Koweit de Yopougon. À l’époque, Ousmane Coulibaly avait comme nom de guerre « Ben Laden ». Il est toujours officier de commandement des Forces républicaines.

 Forces non officiellement alignées
Amadé Ouérémi (couramment appelé « Amadé ») : Chef d’un groupe burkinabé puissamment armé dans la région du Mont Péko dans l’extrême ouest de la Côte d’Ivoire, Amadé Ouérémi et ses hommes ont été identifiés par de nombreux témoins comme figurant parmi les principaux auteurs du massacre survenu à Duékoué le 29 mars dans le quartier Carrefour. Des témoins et des habitants de ce quartier ont indiqué à Human Rights Watch et à Fraternité Matin, le quotidien contrôlé par l’État, qu’Amadé Ouérémi avait combattu aux côtés des Forces républicaines à Duékoué.

Dans un communiqué publié hier sur son site Internet, Human Rights Watch invite le gouvernement du Président Alassane Ouattara à traduire en actes son engagement affirmé en faveur d’une justice impartiale en prenant des mesures à l’encontre des membres de ses propres forces armées impliqués dans les crimes commis pendant et après la période post-électorale. « Le gouvernement Ouattara a pris des mesures louables pour poursuivre en justice certains dirigeants du précédent régime, dont Gbagbo lui-même, qui selon des éléments de preuve crédibles auraient commis des crimes graves », souligne Daniel Bekele, Directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « Cependant, la justice doit être au service des victimes des deux bords qui ont vu leurs proches être tués ou dont les maisons ont été incendiées, et ne peut être un outil au seul service des vainqueurs », fait remarquer M. Békélé.

Anassé Anassé

(SOURCE : HUMAN RIGHTS WATCH)

vendredi 26 août 2011

Gratuité des soins : du rêve au cauchemar

Au lendemain de l’indépendance, la Côte d’Ivoire avait fait le choix, dans sa politique sanitaire, de la gratuité des soins (consultation, médicaments et examens paramédical). Cette politique a été possible grâce à une forte croissance économique soutenue par le café et le cacao. On parla alors de miracle économique. Mais, la crise économique du milieu des années 80 va contraindre la Côte d’Ivoire, sous la pression des bailleurs de fonds (FMI et Banque mondiale), à abandonner cette politique de haute portée sociale au début des années 90. La Côte d’Ivoire va alors opter pour le recouvrement des frais de santé à des tarifs accessibles.

Lorsque Alassane, vainqueur de la présidentielle de 2010 prend les reines du pouvoir après une terrible guerre post-électorale, il décide, dans la précipitation et sans avoir cerné tous les contours d’une telle décision, d’instaurer la gratuité des soins dans tous les établissements sanitaires publiques pour une période de deux mois. Cette décision de haute portée sociale pour soulager un temps soit peu les populations qui ont énormément souffert lors de la crise post-électorale qui a connu son dénuement par une guerre d’un mois aurait du être mieux préparée, semble devenir définitive. Cette mesure qui devait soulager les populations démunies est entrain de se transformer en cauchemar. Elle produit l’effet contraire : celui d’alourdi la facture sanitaire des populations et d’enrichir le privé qui finalement en est le principal bénéficiaire. En effet, la plupart des services médico-techniques des CHU et des hôpitaux sont formés (imagerie médicale et laboratoire) ; les blocs opératoires d’un nombre important de formations sanitaires sont fermés par manque d’oxygène ; pratiquement plus de médicaments dans les hôpitaux. On se dirige inéluctablement vers la paralysie du système sanitaire ivoirien si cette politique perdure dans ces conditions d’un manque criard de financement.

La Côte d’Ivoire post-crise où tout est à réhabiliter ou à reconstruire, où on prévoit un déficit du Pib d’environ 6% en 2011 peut-elle se permettre le luxe d’une politique de gratuité des soins ? Je crois qu’une politique sanitaire intelligente, dans la situation d’urgence actuelle de la Côte d’Ivoire, devrait être axée sur la réhabilitation et l’équipement des formations sanitaires existantes et la mise en place d’une assurance maladie. Cette assurance maladie aura l’avantage de permettre à toutes les populations de recevoir des soins de qualité et permettre le financement du système sanitaire. Le gouvernement doit avoir le courage de reconnaître qu’il est dans l’incapacité d’assurer comme il se doit le financement de cette politique de gratuité.

mardi 2 août 2011

Côte d'Ivoire : Ouattara limoge Brou Aka de la Côte d'Ivoire : Ouattara limoge Brou Aka de la direction de la RTI


Rendu public dimanche, le limogeage inattendu de Pascal Brou Aka de la direction générale de la Radio télévision ivoirienne (RTI, média public) est diversement apprécié en Côte d’Ivoire. Son entourage n’hésite pas à dénoncer "une mesure injustifiée".
« Cette décision est la conséquence de graves dysfonctionnements observés dans la gestion quotidienne de la RTI. Ces dysfonctionnements ont atteint leur paroxysme le samedi 30 juillet dernier. En effet, la direction générale de la RTI n'a dépêché aucune équipe de reportage pour assurer la couverture du retour du président de la République de sa visite aux États-Unis d'Amérique ». Telle est la raison officielle avancée par le ministre de la Communication, Coty Souleïmane Diakité, pour justifier le limogeage de Brou Aka.
Lu dimanche sur les ondes de la Télévision de Côte d’Ivoire (la TCI de Alassane Ouattara qui fait office de média national), un communiqué laconique du gouvernement annonce le remplacement de Brou Aka par son adjoint, Lazare Aka Sayé, en qualité de DG par intérim. La surprise est totale tant le professionalisme du journaliste qui avait animé le débat historique entre Gbagbo et Ouattara dans l'entre-deux tours de la présidentielle de 2010 est reconnu.
Pascal Brou Aka, ex-présentateur vedette très apprécié du public, avait été nommé à la tête de la RTI par Alassane Ouattara lui-même, en pleine crise postélectorale. Interrogé par jeuneafrique.com, l’intéressé a préfèré conserver le silence jusqu’à l’issue de la cérémonie de passation des charges prévue mardi au siège de la RTI à Cocody (commune d’Abidjan).
"L'indépendance de Brou était gênante"
L’un de ses proches, qui a souhaité gardé l’anonymat, dénonce « une mesure injustifiée. (…) Le protocole d’État, malgré les sollicitations, n’a donné aucune précision sur la date et l’heure d’arrivée du président. À preuve, aucun média n’était à l’aéroport », argumente-t-il. Pour lui, l’explication du limogeage est à chercher du côté de l’indépendance de Brou. « Ces derniers jours, les téléspectateurs ont pu voir des reportages décrivant le quotidien difficile des Ivoiriens. C’est cela qui, manifestement, gênait le pouvoir », avance-t-il.
Pour le journaliste franco-ivoirien Serge Bilé, l’affaire pose le problème de la libéralisation de l’espace audiovisuel. « Il est temps, affirme-t-il, qu’on libéralise l’audiovisuel ivoirien, pour que les journalistes, les rédacteurs en chef, et les directeurs aient enfin l’opportunité et le courage de faire leur travail en toute liberté, en prenant la mesure, eux-mêmes, de ce qui est important à filmer et à montrer au public qui les jugera et les sanctionnera ».

01/08/2011 à 19h:18 Par André Silver Konan, à Abidjan sur Jeuneafrique.com

vendredi 8 juillet 2011

Ange Kessi a-t-il peur de poursuivre les ex-rébelles ?

Je ne suis pas juriste, mais je ne suis pas convaincu par les arguments développés par le procureur militaire Ange Kessi pour justifier la non poursuite des ex-fafn par le parquet militaire.
Ange Kessi Kouamé affirme, cependant avoir été saisi de « beaucoup de plaintes contre les Frci qui sont sur son bureau ». Selon lui, les Frci venues de Bouaké et les combattants qui se sont ralliés à elles à leur arrivée à Abidjan, sont dans une situation hybride: ils ne sont ni civils, ni militaires. Et de poursuivre : « Il faut, avant d’engager des poursuites contres ces gens-là, que leur position et statut soient clairement définis. Moi, je suis un magistrat militaire. Je ne suis pas compétent pour juger des civils. Or, ce sont des civils qui ont intégré les Frci. Si ce sont donc des civils, alors, mon tribunal n’est pas compétent pour les poursuivre ... Pour le moment, leur situation n’est pas encore claire. Et c’est ce qui pose problème. C’est ce qui explique qu’on ne les sanctionne pas. C’est ce qui explique qu’on ne peut pas les poursuivre ». Pourtant, les ex-fafn (ex-rébellion) sont composés de militaires qui ont déserté l'armée ivoirienne pour rejoindre la rébellion en 2002 et de civiles enrôlés. Les civiles enrôlés ont exercés depuis 2002 des fonctions dévolues aux militaires, aux gendarmes et aux policiers. C'est à ce titre qu'ils ont commis les exactions qui leurs sont reprochées. Alors que Ange Kessi refuse de poursuivre les ex-rebelles sur qui pésent des présomptions d'exactions au motif que leurs statut n'est pas clarifié, j'ai lu dans les journaux que Amani N'Gussan, l'ancien ministre de la défense de Gbagbo, un civile, est poursuivi par le tribunal militaire ivoirien pour des achats d'armes aux Etats-Unis. Il faudra que le procureur militaire prenne toutes responsabilité en sortant de la logique de la justice des vainqueurs.

Violation des droits de l’homme : Ces images qui compromettent la réconciliation nationale

Ces derniers temps, une vidéo, montrant des proches de l’ancien président Laurent Gbagbo humiliés par les hommes du commandant Morou Ouattara, circule sur Internet et les réseaux sociaux. Hier, nous avons pu visionner cette vidéo dans laquelle Morou Ouattara et ses hommes, après avoir sermonné les proches collaborateurs de Laurent Gbagbo, leur intiment l’ordre de pomper comme des sportifs. Visiblement affaiblis, le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, le fils de l’ancien président, Michel Gbagbo, l’un des collaborateurs du président de l’Assemblée nationale, Diabaté Beh, pour ne citer que ceux-là, se mettent en mouvement. Le cameraman Serge Bogué de la RTI supplie les militaires de l’épargner, en vain. Très incisif, Morou Ouattara, qui vociférait, accompagnait le supplice qu’il infligeait à ces prisonniers de mise en garde. « On ne va pas vous tuer. Je préfère que vous mouriez un à un en prison », leur a-t-il lancé d’un ton virulent. Ce film vient donc corroborer les dénonciations les organisations internationales. La division des droits de l’Homme de l’ONUCI en Côte d’Ivoire avait en effet relevé le traitement dégradant dont sont victimes les proches de Gbagbo détenus à Bouna. Des arguments battus en brèche par le ministre de la Justice, Me Ahoussou Jeannot Kouadio, qui tournait récemment en dérision ces accusations, estimant que ce sont des Ivoiriens qui vivent à Bouna. Il doit être maintenant bien embêté par cette vidéo qui circule sur Internet et qui ne manquera pas de faire réagir les organisations internationales de défense des droits de l’Homme. Les actes de Morou Ouattara et de ses hommes donneront du grain à moudre à tous ceux qui accusent le régime de Ouattara d’être moins sourcilleux sur la question des droits de l’Homme. Pis, ces images, qui suscitent des commentaires désagréables sur un réseau social tel que « facebook », pourraient compromettre la réconciliation nationale prônée par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Elles pourraient même compliquer la tâche de Charles Konan Banny, président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation. L’opinion nationale et internationale pourrait en effet douter de la capacité du nouveau pouvoir à respecter les droits et la dignité des collaborateurs de l’ancien président. Par-dessus tout, cette vidéo pourrait servir d’arguments aux exilés pour rester hors de la Côte d’Ivoire pour éviter de subir le même traitement que celui infligé à Affi N`Guessan et ses co-détenus de Bouna.
Y.DOUMBIA ; Publié le vendredi 8 juillet 2011 | L'Inter

vendredi 20 mai 2011

Crise post-électorale : ADO écrit à la CPI


Le Président ivoirien Alassane a adressé début mai un courrier au Procureur du CPI Moreno O’Campos pour enquêter sur les crimes les plus graves qui ont été perpétrés depuis le 28 Novembre 2010, date du second de l’élection présidentiel en Côte d’Ivoire.
Cette décision est une excellente chose pour la jeune démocratie ivoirienne, mais surtout pour le processus de réconciliation nationale. La CPI est une institution reconnue pour son impartialité et sa crédibilité. Le Président Alassane en saisissant le Procureur du CPI, estime que la justice ivoirienne n’est pas indiquée pour connaître ce genre de crimes. En prenant cette décision, le Président ivoirien est certainement conscient que dans nos démocraties naissantes, l’indépendance et la crédibilité de la justice est problématique. La justice est un instrument de « destruction massive » dont le pouvoir politique se sert pour réduire le champ de la liberté d’expression.

L’organisation actuelle et le fonctionnement de la justice ivoirienne ne garantissent pas l’indépendance dont les juges ont besoin pour rendre des décisions dans la sérénité et en leur âme et conscience sans être l’objet de menaces de sanctions administratives. Le Président Alassane a inscrit dans son programme de société de construire une justice indépendante, impartiale et efficace et d’instaurer de nouvelles relations entre la justice et les justiciables.
Nous sommes impatients de voire jusqu’où le Président de la République, qui sera investi le samedi 21 mai 2011, est capable de mener cette reforme pour que la justice ivoirienne devienne véritablement indépendante, crédible et transparente et au service du peuple.

dimanche 15 mai 2011

ADO : Un mois de gouvernance

Un mois (11 Avril- 11 mai) que Gbagbo a été chassé du pouvoir par les ex-rebelles avec un appui logistique décisif de l’Onuci et de la licorne conformément à la résolution 1975 ordonnant la destruction des armes lourdes. La crise post-électorale a finalement connu son dénouement avec la guerre lancée par les ex-rebelles transformées en force républicaine par Alassane Ouattara qui se disputait la victoire de l’élection présidentielle avec son adversaire Gbagbo Laurent qui, malgré sa défaite dans les urnes, a décidé de conserver le pouvoir avec la complicité active du conseil constitutionnel. Deux semaines de guerre avec son lot d’exactions et de pillage qui a mis l’économie ivoirienne à genou et une administration à remettre au travail. Tout est pratiquement à refaire. On peut dire que le boulanger Gbagbo a réussi son coup : rendre la gouvernance de son ennemie intime Alassane Ouattara le plus exécrable possible. Pour le malheur des ivoiriens.

Que retenir de ce mois de gouvernance d’ADO ?

Le discours d’Alassane tranche avec le discours à l’intonation guerrière de Gbagbo et de ses partisans, surtout les jeunes patriotes dans les agoras et parlements qui pullulaient dans tous les quartiers d’Abidjan et les autres villes. De nouveau on attend parler de paix, de cohésion nationale, de réconciliation, de pardon, de justice … Pourvu que ces belles paroles ne restent pas que parole. Les ivoiriens dans leur grande majorité sont devenus des Saint-Thomas. Ils ont besoin d’actions concrètes qui traduisent la volonté des nouvelles autorités de rompre définitivement avec les pages sombres de ces dix années de crises.

Les trois grands défis que le Président Alassane doit relever sont le rétablissement de la sécurité sur toute l’étendu du territoire, la réconciliation nationale et la relance de l’économie.

Le rétablissement de la sécurité est un impératif et le préalable à toutes les autres actions qui doivent être menées pour rassurer les ivoiriens et tous ceux qui vivent dans le pays et leur donner espoir dans l’avenir. Le signe que la sécurité est entrain d’être rétablie sera la reprise effective du travail par les policiers et les gendarmes et le retour dans les casernes des FRCI. La présence de ces derniers dans les rues avec des kalaches dans des tenues plus ou mois appropriées produit l’effet contraire dans la population : un sentiment d’insécurité. Des informations d’exactions et des pillages de domiciles commis par les FRCI sur des personnes soupçonnées d’être des mercenaires, des miliciens ou des militants Lmp ou sur simple indication par des personnes mal intentionnées qui parviennent de certaines villes et surtout de Yopougon ne sont pas de nature à rassurer les ivoiriens quant à leur sécurité. Le gouvernement doit considérer ce dossier comme prioritaire et agir avec fermeté et célérité pour mettre fin à ces exactions et le racket des FRCI qui se développe sur toutes les routes du pays. Plus vite les FRCI retourneront dans les casernes mieux les populations se sentiront.

La réconciliation nationale est le plus grand défis auquel le Président élu doit relever avec sincérité et sans arrière pensée politicienne. Certes, cela n’incombe pas seulement au Président Alassane, mais sa réussite dépend de tous les ivoiriens et de la classe politique. Evidemment que le ton doit être donné par le Président de la république à travers ses faits et gestes. Toutes les actions que le gouvernement posera, toutes les décisions qu’il prendra devraient aller dans le sens de la réconciliation nationale. La commission dialogue, vérité et réconciliation qui vient d’être mise en place avec comme président Charles Konan Banny doit travailler dans la justice et dans la transparence. Les travaux de cette commission doivent prendre en compte la période allant du coup d’Etat de 1999 à la crise post-électorale. Cette réconciliation doit se faire dans la vérité, la justice et le pardon. Comme l’a dit à plusieurs occasions le Président de la République, aucun crime – quelqu’en soit les auteurs- ne doit rester impuni. La justice doit travailler dans la transparence et être impartiale et non se transformer en justice du vainqueur. Il y va de la crédibilité de tout le processus de réconciliation nationale et de la fermeture définitive de cette parenthèse de dix années de crise militaro-politique qu’a connu la Côte d’Ivoire. Cette volonté de réconciliation nationale doit aussi être perceptible dans les nominations. Dans le programme de campagne du candidat Alassane il est écrit que les nominations aux postes gouvernementaux et aux postes à responsabilités se feront sur la base de critères de mérite, en veillant à un équilibre géographique et à une obligation de résultat. Pour l’instant, l’équilibre géographique dans les nominations faites ne semble pas tenir compte de ce paramètre. Cette réconciliation dépend aussi de la réunification intelligente des ex-belligérants à savoir les Fds et les ex-rebelles en une armée véritablement républicaine.
De la réussite du difficile processus de réconciliation nationale dépendra la réussite du mandat du Président Alassane et lui fera certainement entrer dans le cercle des personnalités mondiales les plus respectées.

Les cinq mois de crise post-électorale et surtout les deux semaines de guerre ont sinistré l’économie ivoirienne et le tissu social. Des entreprises ont été pillées, des domiciles de simples citoyens ont été pillés et saccagés, des hôpitaux pillés, de nombreux déplacés interne et réfugiés. Conséquence de tous ces pillages, le taux de chaumages a pris l’ascenseur, l’inflation en hausse, les populations vivent difficilement au quotidien. Le secteur économique a besoin d’un traitement de choc. Le gouvernement doit créer l’environnement propice à un redémarrage et à la redynamisation du secteur productif pourvoyeur d’emplois. La relance économique va de paire avec la lutte contre la corruption sous toutes ses formes et le racket des forces de sécurité. Cela est indispensable voir urgent pour les nombreux jeunes diplômés sans emplois. La décision du gouvernement de mettre à la disposition des entreprises une enveloppe de six milliards de francs cfa avec comme seul critère d’éligibilité à ce fond la création d’emplois pour les jeunes va dans le bon sens même si cette somme est insuffisante.

Il y a d’autres secteurs qui sont aussi sinistrés et qui constituent des priorités. Il s’git de l’école ivoirienne totalement sinistrée, le secteur sanitaire etc. Après une décennie de destruction de la société ivoirienne, tout est priorité. Les populations sont entre espoir et doute et attendent avec impatience que le nouveau pouvoir leur apporte enfin un mieux vivre dans la cohésion et dans la paix retrouvées.

mardi 19 avril 2011

Le Pdg du groupe Olympe s’adresse au Président de la République


Excellence, Monsieur le Président
Avant ce sombre épisode que nous venons de passer, tout le monde n’avait qu’une seule phrase à la bouche : « C’est à cause de la guerre ». Voici une phrase que nous n’entendrons plus jamais car, maintenant nous savons ce qu’est la guerre. Des corps en putréfaction qu’un enfant, la veille, appelait encore papa. Des gens qui se terrent pendant des semaines sans oser allumer la lumière, si lumière il y a. Des ventres qui crient famine, des bouches aussi sèches que ce robinet qui ne veut plus rien savoir, des boutiques vides, des supermarchés pillés. Plus d’eau, plus de nourriture, plus de , plus d’électricité…Plus rien !
Les Ivoiriens ont su ce que la guerre veut dire, ils ont fait connaissance avec la peur, la peur d’un bruit derrière la porte qui annonce le pillage, ils ont connu le chagrin, celui de l’être aimé qui ne reviendra plus, ils ont connu la mélancolie de la Côte d’Ivoire de la danse, des festivités, des maquis, des mariages. Terrés dans le noir, les souvenirs se bousculent dans la tête …
Oui Monsieur le président, les Ivoiriens ont souffert, Tous. Aussi bien ceux qui ont voté pour vous que ceux qui ont voté contre. Les bombes et la mort ne demandent jamais de quel bord vous êtes. Et c’est pour cela que tous les jours, et sur toutes les pages des journaux du groupe Olympe, nous avons fait paraitre un bandeau qui appelait à la paix, à l’amour et à la sagesse. Cette haine qui montait, ce grondement de colère nous effrayait et nous savions que ceux qui souhaitaient la guerre « pour qu’on en finisse une fois pour toute » ne savaient pas ce que « guerre » voulait dire.
Maintenant ils savent.
Vous avez appelé à la réconciliation, cela vous honore. Il faut véritablement que cette réconciliation se fasse sans aucune exception. Lors de votre séjour à l’hôtel du Golf, vous avez appelé à la désobéissance civile, vous avez demandé que les opérateurs économiques cessent de payer les impôts, vous avez exigé que les fonctionnaires de tous grades cessent de travailler.
Vous n’aviez pas d’autres choix, vous vous battiez avec toutes les armes dont vous disposiez. Cette guerre de l’économie devait nous faire l’économie d’une guerre, Hélas nous y avons eu droit.
Monsieur le président, à l’hôtel du Golf vous étiez protégé, mais ceux qui étaient en ville n’étaient protégés que par leur comportement civique. Comportement qui en l’occurrence consistait à aller au travail, afin de ne pas être renvoyé et immédiatement remplacé. La grande majorité de ceux qui ont voté pour vous ou pour Gbagbo ont continué à vaquer à leurs occupations… La survie est à ce prix.
Les opérateurs économiques ont continué à payer les impôts car leur premier souci était de préserver leurs affaires. Ils se sont donc battus comme de beaux diables pour continuer d’exister, sans banques, sans sécurité et souvent sans clients…Ils ne savaient plus ou donner de la tête. Il fallait tenir coûte que coûte, sauver les emplois, sauver une vie de labeur. Aujourd’hui, vous serez content de les trouver encore opérationnels.
De la même manière que personne n’est dans le secret des isoloirs, il faut bien admettre, Monsieur le président, que chacun a ses impératifs qui l’obligent à avoir un comportement de survie quelle que soit son opinion ou son appartenance, quel que soit le bulletin qu’il a mis dans l’urne.
Français, Libanais, Marocains, Mauritaniens, etc… qui sont restés la première fois, se sont mis à douter de ce choix. Mais ils sont tellement attachés à ce pays, ils y ont construit leurs vies auprès des Ivoiriens. Peuple affable, paisible et accueillant qui a érigé la paix au rang de religion. Ceux qui sont partis malgré tout, l’ont fait avec le sentiment de trahison. Comment laisser derrière soi tant de gens dans la peur et la souffrance.
Excellence, vous êtes aujourd’hui le président de tous les Ivoiriens, de tous les fonctionnaires, de tous les opérateurs économiques. Nous vous souhaitons le succès, nos vies en dépendent. Chacune de vos décisions engagera la vie et l’avenir de millions d’entre nous. Cela donne froid dans le dos.
Le chantier est énorme. Epatez-nous, surprenez vos contradicteurs, donnez tort à ceux qui ne vous ont pas choisi, ils seront contents d’avoir tort. Les Ivoiriens sont fair-play. La Côte d’Ivoire ne peut plus se payer le luxe d’un échec supplémentaire, nous avons fini de consommer notre avance. Nous vivons depuis dix ans sur nos acquis de l’époque héroïque. Il n’en reste plus rien.
Nous sommes en train d’être dépassés par le Ghana, rattrapé par le Sénégal. Depuis 10 ans, nos usines ont délocalisé parfois partiellement, souvent totalement. Le chômage a augmenté d’autant, il augmentera certainement davantage après tous les pillages et destructions de ces derniers temps. Entourez vous de gens compétents de tous les bords. Cette main que vous tendez est celle de la Cote d’Ivoire en détresse. Tous les enfants légitimes ou adoptifs la saisiront. Ne repoussez personne, vous avez besoin de toutes les bonnes volontés. Et de la bonne volonté vous en trouverez à profusion.
Cette guerre hideuse nous aura fait tant de mal. Certains ont perdu un parent, un ami, un leader ou tout bonnement les élections. Ce fut le prix à payer. Maintenant que cette crise tire à sa fin, nous sommes situés sur la signification d’un mot galvaudé depuis trop longtemps: Patriote.
Notre presse sera patriote, nous appellerons à la paix et à la réconciliation jusqu’en perdre haleine, mais cet appel ne pourra être entendu que si l’écho de vos actes nous conforte. Nous vous avons observé ces derniers temps. A travers vos discours et vos appels, transparaît de la sincérité. Nous voulons y croire de toutes nos forces.
EN AVANT LA COTE D’IVOIRE.

Nady Rayess
Président-directeur
Général du Groupe Olympe

mardi 12 avril 2011

"Ne me tuez pas!": Gbagbo à l`instant du K-O


"Ne me tuez pas!": ce sont les premiers mots qu`a prononcés, selon un témoin, l`ex-président ivoirien Laurent Gbagbo quand ses tombeurs sont venus le chercher lundi à sa résidence d`Abidjan, humiliant épilogue d`une décennie de règne mouvementé.

"Il y avait des mines un peu partout dans la cour" de l`imposante demeure, raconte à l`AFP un élément des Forces républicaines (FRCI) de son rival Alassane Ouattara.

M. Gbagbo s`y était retranché depuis une semaine devant l`offensive des FRCI, appuyées par des frappes aériennes de la France et de l`ONU.

"Nous avons des éléments qui ont été blessés, qui ont marché sur les mines qui étaient installées dans la cour", poursuit le combattant.

"On a jeté des gaz lacrymogènes dans la maison et puis le commandant Vetcho (l`un des chefs militaires FRCI) est rentré".

"Quand il s`est retrouvé face à Gbagbo, devant son bureau, la première phrase que Gbagbo a dite, c`est: +ne me tuez pas+", affirme-t-il.

"Ils lui ont fait porter un gilet pare-balles et puis le commandant Vetcho, le commandant Wattao, Chérif Ousmane, Morou Ouattara (trois autres chefs FRCI) ont formé un blocus pour le protéger parce que certains de nos éléments voulaient en finir avec lui tout de suite".

"On l`a mis dans un 4x4 de Wattao, à l`arrière, et on l`a conduit directement" au Golf Hôtel, QG du camp Ouattara dans le même quartier de Cocody (nord), indique ce témoin.

"On l`a fait entrer discrètement dans l`hôtel. Il était protégé par des éléments de la sécurité des FRCI et des gendarmes de l`ONU", a dit un autre témoin.

"J`ai vu (son épouse) Simone arriver dans le hall, elle portait une longue robe. Les gars de la sécurité des FRCI essayaient de la protéger de la foule qui tentait de la frapper. Malgré ça, il y en a certains qui, semble-t-il, ont réussi à lui donner quelques coups, lui tirer les cheveux. On entendait les gens l`insulter, la traiter de +sorcière, guenon, escadron de la mort+", a-t-il dit.

Selon le combattant pro-Outtara, "les gens ont arraché son foulard, l`ont déchiré, ils disaient qu`ils allaient garder ça en souvenir".

L`ex-homme fort d`Abidjan et sa femme ont été placés dans une suite, et leurs proches dans d`autres pièces, a-t-il précisé. "Il y a des soldats onusiens et des FRCI pour sécuriser tout ce monde".

La télévision TCI, symbole du camp Ouattara, diffusait lundi en boucle des images aussitôt historiques, aux airs de catharsis pour une bonne moitié du pays: celles d`un Laurent Gbagbo K-O dans sa suite, assis sur un lit.

Des photographies montrent, à l`autre bout du lit, son épouse hirsute, hagarde et prostrée, les yeux clos. Cette fervente chrétienne évangélique a l`air plongée dans ses prières.

Après la chute, l`ancien numéro un est un sexagénaire épuisé et bedonnant, en sueur et en maillot de corps, entouré de FRCI, de son fils Michel - un métis né d`un premier mariage avec une Française - qui vient juste d`échapper aussi à un lynchage, du ministre de l`Intérieur de M. Ouattara, Hamed
Bakayoko, et de Wattao.

Dernière humiliation: l`un des hommes l`aide à retirer sa chemise, son fils lui tend une serviette blanche avec laquelle il s`éponge le visage ainsi que les aisselles, puis on l`aide à enfiler une autre chemise.

lundi 11 avril 2011

Côte d'Ivoire : en état d'arrestation, Simone et Laurent Gbagbo se trouvent au Golf Hôtel


Fin de partie pour l’éternel opposant à Houphouët-Boigny, qui a cru pouvoir se maintenir au pouvoir malgré la volonté démocratique des Ivoiriens et l’intervention de la communauté internationale à travers l’ONU. Laurent Gbagbo a été arrêté ce matin avec son épouse Simone et son fils Michel par les soldats d'Alassane Ouattara avec un soutien massif des Casques bleus et de la force française Licorne.

Sa chute est aussi brutale que surprenante. Alors qu’on pensait que Laurent Gbagbo pouvait tenir des semaines, voire des mois, le blocus des Forces de Ouattara, il a été arrêté ce lundi à la mi-journée, vraisemblablement grâce aux forces de la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire dont des soldats français de la Force Licorne sous mandat de l’ONU, dans la résidence présidentielle où il s’était réfugié depuis le vendredi 1er avril [suivre la couverture des événements en direct, ici].

Le porte-parole parisien de Laurent Gbagbo, Toussaint Alain, a affirmé que le président sortant avait été arrêté par des forces spéciales françaises. De fait, des blindés français et de l'ONUCI avaient auparavant pénétré dans le secteur de la résidence présidentielle, après des frappes aériennes intenses au cours des dernières 48 heures. Mais une source diplomatique française a aussitôt démenti l'assertion de M. Alain.

Polémique sur le rôle de la France

« M. Gbagbo a été arrêté par les troupes de M. Ouattara, c'est vrai, mais pas par les forces spéciales françaises, qui ne sont pas rentrées dans l'enceinte de la résidence », dont les bâtiments auraient été « partiellement détruits » par les tirs de l’ONU pendant le week-end et ce lundi matin, selon Charles Blé Goudé et Ahoua Don Mello.

« M. Gbagbo se trouve actuellement entre les mains des troupes fidèles à M. Ouattara », a précisé la source française, confirmant l’information donné par un porte-parole du président Alassane Ouattara, qui avait par ailleurs affirmé que l’épouse du président sortant se trouvait à ses côtés. Elle « va bien », a ajouté l’ambassade de France. Selon Anne Ouloto, porte-parole de Ouattara, l'ex-couple présidentiel se trouve au Golf depuis 13 heures locales et GMT.

Dans les premières images diffusées de lui par la TCI, la télévision de Ouattara, Laurent Gbagbo porte une chemise Pathéo comme à son habitude. Guillaume Soro assure de son côté que le président sortant a déjà vu un médecin.

Joint par France24, Ahoua Don Mello, le porte-parole de Laurent Gbagbo, a déclaré que ce dernier « avait demandé à ses partisans de ne pas livrer bataille contre la force Licorne, car il n'est pas en guerre avec la France », qui « a outrepassé son mandat », selon lui. Un mandat conféré par l’ONU lui demandant notamment, à travers la dernière résolution 1975 du 30 mars, de tout mettre en oeuvre pour protéger les civils.

lundi 4 avril 2011

Gbagbo, ayez pitié des ivoiriens !

Après les Trois jours d’intenses combats entre les forces pro-Gbagbo et les forces Pro-Ouattara autour des points stratégiques du pouvoir, une certaine accalmie semble régner à Abidjan. Les forces pro-Ouattara se seraient repliées au nord de la ville. Ces forces annoncent une grande offensive, laissant planer une psychose dans la population qui est terrée chez elle. Depuis le 31 Mars 2011, personnes n’osent mettre le pied dehors, toutes les activités sont au point mort. Abidjan s’est arrêté de vivre.

Toutes les voies d’accès de la ville sont contrôlées par les forces pro-Ouattara. Abidjan est devenue une ville assiégée où rien ne rentre et rien ne sort. Les produits de premières nécessités notamment le riz, l’huile, les conserves, les vivriers commencent à manquer. Certains marchés ne sont plus ravitaillés, des magasins ont été pillés. Trouver à manger devient un parcours du combattant. Certains quartiers sont privés d’eau et d’électricité. Le carburant risque de manquer. Si cette station dure, il y a un risque de catastrophe humanitaire.

Pourtant, Gbagbo continue de résister en espérant une main salvatrice divine, un miracle de l’Eternel des armées (Dieu). Tous les jours la télévision invite la population à prier l’Eternel des armées afin que l’ennemie soit foudroyé comme le fut l’Egypte des Pharaons au temps de Moïse, comme si la Côte d’Ivoire n’était peuplée que de chrétiens. Gbagbo ne contrôle plus les frontières de la Côte d’Ivoire, l’aéroport d’Abidjan, le port de San-Pédro. Le port d’Abidjan est pratiquement à l’arrêt.

Si Gbagbo aimait vraiment la Côte d’Ivoire, si le combat qu’il dit mener était dans l’intérêt des ivoiriens, la sagesse lui aurait recommandé de reconnaître enfin la victoire de son adversaire et lui céder le pouvoir. Aucune institution internationale, aucune ONG internationale et nationale ayant observé l’élection présidentielle ne reconnaît ta victoire. Même les pays qui t’on soutenu, notamment l’Afrique du Sud et l’Angola ont fini par reconnaître la victoire d’Alassane après le rapport du panel de cinq Chefs d’Etat de l’Union africaine. Monsieur Gbagbo qui êtes vous pour avoir raison du monde entier ? Que votre haine pour Alassane ne vous conduise pas à détruire la Côte d'Ivoire et à punir les ivoiriens. Il semble que vous auriez dit à vos proche, lorsque vous avez été informé de votre défaite, qu'Alassane passera sur votre corps pour diriger ce pays que vous considérez comme votre plantation.

mardi 22 mars 2011

Yao Paul N’Dré aurait pu sauver la Côte d’Ivoire


L’élection présidentielle du 28 Novembre 2011 qui a fondé l’espoir des ivoiriens d’un retour durable et définitif de la paix et de l’instauration d’une véritable démocratie, s’est transformée en une grave crise post-électorale parce que le Conseil constitutionnel dirigé par Yao Paul N’Dré en mission pour Gbagbo n’a pas dit le droit. D’ailleurs l’un des slogans de campagne du candidat Gbagbo était « On gagne ou on gagne ». Ce qui signifie même si je perds dans les urnes, je serai proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel. Depuis cette forfaiture de Yao Paul N’Dré, le pays est sous une pluie de sanctions dont les seules victimes sont les pauvres et innocentes populations. La Côte d’Ivoire est au bord du chaos, chaque jour sont lot de massacres dans l’indifférence de la communauté internationale qui a d’autres chats à fouetter : la Lybie et l’impuissance de l’Onuci à protéger la population, alors que cela fait partir de sa mission.

Gbagbo, dont la victoire n’est reconnue par aucune organisation internationale, ni par la quasi-totalité des observateurs nationaux et internationaux et qui s’accroche à la constitution comme une bouée de sauvetage, a réclamé à cor et a cri un panel, avec le soutien actif de l’Afrique du Sud, première puissance économique de l’Afrique, qu’il a obtenu de l’Union Africaine. Ce panel selon lui, devait venir évaluer l’élection présidentielle et dire la vérité électorale.

Le panel, composé de cinq Chefs d’Etats représentant les cinq grandes régions de l’Afrique, précédé d’experts, est venu voir claire dans la marmite électorale ivoirienne et la fumée blanche est sortie. La conviction du panel sur le vainqueur de la présidentielle s’est faite après son entretien avec Yao Paul N’Dré et les membres du Conseil constitutionnel, le juge électoral. Voici ce que dit le rapport du panel après son entretien avec le Conseil constitutionnel : « (IV) Rencontre avec le Président et les membres du Conseil constitutionnel de Côte d`Ivoire
30. Dans son exposé liminaire au Groupe de haut niveau, le Président du Conseil constitutionnel, accompagné de l`ensemble des membres de cette institution, a affirmé que sa juridiction, qui est le juge des élections, a agi dans le cadre de la légalité. D`après lui, la CEl n`ayant pas transmis les résultats provisoires dans le délai de trois jours qui lui est imparti, selon son interprétation de l`article 59 du Code électoral, il revenait au Conseil constitutionnel de prendre les choses en main. Il a indiqué avoir été en contact constant avec le Président de la CEl pour examiner avec celui-ci la marche à suivre à la suite de l`incapacité de la Commission à s`entendre sur les cinq régions objet de divergences, ainsi qu`avec le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies. La CEl, a-t-il ajouté, avait la possibilité de solliciter une extension de 48 heures du délai à elle imparti. Mais à sa grande surprise, et alors qu`il attendait un coup de fil de M. Bakayoko, il a vu ce dernier annoncer les résultats à partir de l`hôtel du Golf. Dés lors, il n`avait d`autre choix que d`user de la procédure d`auto-saisine et de déclarer nuls et de nul effet les résultats proclamés par la CEI. Ainsi, a-t-il conclu, le 3 décembre, sur la base des 20.073 procès verbaux, des rapports sur le déroulement du scrutin et des réclamations formulées par le candidat Laurent Gbagbo, le Conseil constitutionnel a proclamé. Les résultats définitifs de l`élection présidentielle du 28 novembre 2010, donnant la victoire à ce dernier, qui a prêté serment le 4 décembre.
31. Le Groupe de haut niveau a estimé crucial d`interagir de manière soutenue avec le Conseil constitutionnel, en tant qu`organe ayant le dernier mot sur les questions électorales. Aussi le Groupe a-t-il sollicité nombre de clarifications. Il a commencé par demander quelle est la nature juridique des résultats proclamés par la CEI. En réponse, le Président du Conseil constitutionnel a indiqué que ces résultats ne sont que provisoires et doivent être confirmés par le Conseil constitutionnel, qui est seul habilité à prononcer les résultats définitifs et à désigner le vainqueur de l`élection. »
32. A la question de savoir pourquoi le Conseil constitutionnel a procédé seulement à une annulation partielle du scrutin portant sur près de 13,10% des suffrages exprimés, alors que l`article 64, qui s`applique en l`espèce, prévoit l`annulation de l`ensemble du vote et la tenue d`une nouvelle élection, le Président du Conseil constitutionnel a répondu qu`il existe un précédent d`annulation partielle tiré de l`élection présidentielle de 1995. Il a justifié la décision du Conseil constitutionnel d`annuler le vote dans des départements qui n`avaient pas fait l`objet de contestation de la part du candidat Gbagbo par le pouvoir du Conseil constitutionnel, une fois des réclamations introduites, de statuer sur tous les cas éventuels d`irrégularités par une procédure d`auto-saisine. Sur l`organisation de nouvelles élections telle que prescrite par l`article 64, il a répondu que les irrégularités n`ayant porté que sur 13,10%, il n`était pas nécessaire d`envisager une telle perspective. Un nouveau scrutin serait, selon lui, organisé si les irrégularités concernaient 30 à 40% des votes. Sur cette question, un membre du Groupe lui a fait remarquer que pourtant l`annulation de 13,10 des voix par le Conseil constitutionnel a eu l`impact décisif de changer complètement le résultat du scrutin
33. Le Président du Conseil constitutionnel, en réponse à une question du Groupe sur la nature des violences et autres incidents qui l`ont conduit à annuler le vote dans des départements du Nord ivoirien, a indiqué avoir reçu des témoignages de viol et autres exactions contre des femmes soutenant La Majorité présidentielle. Un membre du Groupe lui a demandé comment des cas de viol peuvent intervenir dans un lieu public aussi fréquenté qu`un bureau de vote le jour du scrutin. Revenant sur les annulations de vote, le Groupe a demandé au Président du Conseil constitutionnel qui aurait été le vainqueur de l`élection si le vote n`avait pas été annulé dans sept départements du Nord. Sur ces deux questions, le Groupe n`a pas reçu de réponse formelle. Le Groupe a également demandé au Conseil constitutionnel de lire le contenu de l`article 59 du Code électoral. En réponse à cette requête, un membre du Conseil a d`abord donné l`interprétation que le Conseil a fait de cet article, qui, il est vrai, a-t-il dit, prescrit expressément un délai de trois jours à la CEl pour transmettre les procès verbaux, sans pour autant prévoir un délai spécifique pour la proclamation des résultats provisoires. Un membre du Groupe a tenu à demander au Président et aux membres du Conseil constitutionnel s`ils avaient bien mesuré la gravité de leur décision qui est la cause des désordres et de la crise actuelle dans laquelle se débat la Côte d`Ivoire.
34. A la question de savoir quelles sont les pistes de sortie de crise que "le Conseil constitutionnel pourrait proposer, le Président du Conseil constitutionnel a souligné la nécessité, pour les Africains, de respecter les institutions qu`ils se sont données. Il a, enfin, renouvelé au Groupe sa disponibilité à apporter sa contribution au règlement de la crise (Annexe V). »


Après les bégaiements de Yao Paul N’Dré et ses collaborateurs devant le groupe de haut niveau et leur incapacité à expliquer les fondements juridiques de leur décision et à convaincre, il ne fait aucun doute que le vainqueur de la présidentielle du 28 Novembre 2010 est bel et bien Alassane Ouattara. Certainement que c’est ce qui justifie l’absence de Yao Paul N’Dré à la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.

Le verdict du panel, la vérité électorale étant connus, Gbagbo Laurent doit, s’il est un démocrate comme il le clame et s’il aime la Côte d’Ivoire, arrêter de s’accrocher à la constitution qui a été violée par Yao Paul N’Dré et accepter dans l’humilité et la grandeur la vérité dite par le panel qu’il a ardemment sollicité. Il doit prononcer la seule parole qui libère la Côte d’Ivoire. Au moment où les ivoiriens attendent cette parole libératrice qui le fera entrer au panthéon des grands Hommes, on assiste à l’enrôlement des jeunes patriotes désœuvrés dans l’armée pour libérer la Côte D’Ivoire selon Blé Goudé à l’origine de l’appel. Peut-être que c’est la mise en œuvre du programme de campagne du candidat Gbagbo visant à créer des milliers d’emplois pour les jeunes. Libérer quelle Côte d’Ivoire ? Libérer la Côte de quoi ? Attention à la rwandisation de la Côte d’Ivoire ! Au Rwanda, ce sont des machettes qui ont été distribuées à une partie de la population pour massacrer l’autre partie considérée comme des cafards sous fond de propagande de la radio mille collines (le résultat, des centaines de milliers de morts en quelques semaines). En Côte d’Ivoire, ce sont des kalachnikovs qu’on veut distribuer aux partisans de Gbagbo pour chasser les rebelles. Dans cette crise post-électorale, sont considérés comme rebelles par le clan Gbagbo les partisans d’Alassane Ouattara et tous ceux qui ne reconnaissent pas la victoire de Gbagbo ; tout cela sous fond de propagande de la RTI. Peut-être que Gbagbo veut siéger au tribunal de l’Histoire aux côtés d’Hitler, Mussolini et autres Charles Taylor.

Yao Paul N’Dré et les membres du Conseil constitutionnel ont-t-ils bien mesuré la gravité de leur décision qui est la cause des désordres et de la crise actuelle dans laquelle se débat la Côte d`Ivoire ?

mardi 15 mars 2011

Voici le rapport du groupe des Experts qui fonde les décisions du Panel

Dépêchés en Côte d’Ivoire pour se faire une idée nette de la crise postélectorale, les Experts de l’UA ont produit, après consultations de toutes les parties, un rapport final. C’est sur la base de leur rapport que les chefs d’Etat du Panel ont tranché. Nous vous en proposons l’intégralité.

I. INTRODUCTION

1. Le présent rapport rend compte des activités entreprises par le Groupe de haut niveau de l`Union africaine (UA) pour le règlement de la crise en Côte d`Ivoire, depuis sa création en janvier 2011. Le rapport se conclut par des observations et recommandations sur une solution politique d`ensemble à la crise.

II. MANDAT DU GROUPE DE HAUT NIVEAU POUR LE REGLEMENT DE LA CRISE EN COTE D`IVOIRE

2. Le Conseil se souviendra que, lors de sa 259ème réunion tenue au niveau des chefs d`Etat et de Gouvernement, à Addis-Abeba, le 28 janvier 2011, il a examiné la situation en Côte d`Ivoire. Dans le communiqué adopté à l`issue de ses délibérations, le Conseil a réaffirmé ses décisions antérieures sur la situation en Côte d`Ivoire, en particulier le communiqué de presse publié à l`issue de sa 251ème réunion tenue le 4 décembre 2010 et le communiqué de sa 252ème réunion tenue le 9 décembre 2010, ainsi que les communiqués de la Conférence des chefs d`Etat et de Gouvernement de la Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO) des 7 et 24 décembre 2010, respectivement, reconnaissant M. Alassane Dramane Ouattara comme Président élu à l`issue du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010, sur la base des résultats certifiés par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, conformément à la résolution 1765 du 16 juillet 2007 et aux différents Accords signés par les parties ivoiriennes et entérinés par la CEDEAO, l`UA et les Nations unies,
3. Après avoir exprimé sa profonde préoccupation face à la grave crise politique qui prévaut en Côte d`Ivoire, depuis la proclamation des résultats du second tour de l`élection présidentielle, le Conseil a réaffirmé la nécessité d`une solution pacifique rapide qui permette de préserver la démocratie et la paix, à travers le respect de la volonté du peuple ivoirien telle qu`elle a été exprimée le 28 novembre 2010, et favorise une réconciliation durable entre tous les Ivoiriens, à travers le dialogue. A cet égard, le Conseil a décidé de mettre en place, sous l`autorité de l`Union africaine, un Groupe de haut niveau pour le règlement de la crise, dans des conditions qui préservent la démocratie et la paix, Le Conseil a décidé que le Groupe opérerait comme suit:
a) le Groupe sera assisté par une équipe d`experts et travaillera, en tant que de besoin, en étroite coopération avec les partenaires de l`UA, notamment les Nations unies;
b) le Groupe est mandaté pour évaluer la situation et formuler, sur la base des décisions pertinentes de l`UA et la CEDEAO, une solution politique de d`ensemble;
c) le Groupe conclura son travail dans un délai qui ne dépassera pas un mois, et ses conclusions, telles qu`elles seront entérinées par le CPS, seront contraignantes pour toutes les parties ivoiriennes avec lesquelles elles auront été négociées (Annexe 1).
4. Dans le communiqué du Conseil, il a été indiqué que la composition du Groupe de haut niveau serait finalisée après consultations appropriées au cours de la 16ème session ordinaire de la Conférence de l`Union, prévue à Addis Abeba, les 30 et 31 janvier 2011. Conséquemment, et à l`issue de consultations, il a été convenu que le Groupe de haut niveau comprendrait les chefs d`Etat des pays suivants: Mauritanie, qui assurera la présidence du Groupe, Afrique du Sud, Burkina Faso, Tanzanie et Tchad, ainsi que les Présidents des Commissions de l`Union africaine et de la CEDEAO.

III. ACTIVITES DU GROUPE
DE HAUT NIVEAU

A. Réunion inaugurale du Groupe de haut niveau
5. Le Groupe de haut niveau a tenu sa réunion inaugurale à Addis Abéba le 31 janvier 2011, sous la présidence de S.E.M. Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la République islamique de Mauritanie, aux fins de convenir de son programme de travail. Le Groupe a décidé de constituer, dans un délai de trois jours, l`Equipe d`experts prévue par le communiqué du CPS. Il est également convenu que: (i) l`Equipe se réunirait immédiatement après à Addis Abéba pour entamer le travail préparatoire, avant d`effectuer une visite en Côte d`Ivoire dans le même objectif; (ii) l`Equipe d`experts soumettrait les résultats de ses travaux aux membres du Groupe de haut niveau lors d`une réunion qui se tiendra à Nouakchott; et que (iii) le Groupe se rendrait, par la suite, en Côte d`Ivoire pour y rencontrer les parties et leur soumettre des propositions de sortie de crise. Dans l`intervalle, le Groupe a réitéré l`appel de l`UA à toutes les parties ivoiriennes pour qu`elles fassent preuve de la plus grande retenue, œuvrent à l`apaisement et lui apportent leur entière coopération pour faciliter le règlement rapide de la crise que connaît leur pays (Annexe Il).
6. Dans le prolongement du communiqué de la réunion inaugurale du Groupe de haut niveau, l`Equipe d`experts a été constituée comme suit:
- Amb. Ramtane LAMAMRA (Commission de l`UA);
- Dr. Abdel Fatau MUSAH (Commission de la CEDEAO) ;
- Dr. Siyabonga CWELE (Afrique du Sud) ;
- Dr. Vincent ZAKANE (Burkina Faso);
- Prof. Cheikh Saad Bouh KAMARA (Mauritanie) ;
- Amb. David KAPYA (Tanzanie);
- et Amb. Cherif Mahamat ZENE (Tchad).

B. Activités de l`Equipe d`experts

7. L`Equipe d`experts a tenu sa première réunion à Addis Abéba; le 5 février 2011, sous la présidence du Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l`UA, l`Ambassadeur Ramtane Lamamra, qui a assuré la coordination de l`Equipe d`experts. Cette réunion a été l`occasion d`un échange approfondi sur la situation en Côte d`Ivoire et les différents aspects de la crise que connaît ce pays.
8. A l`issue de cette réunion, l`Equipe d`experts a publié le communiqué ci-joint (Annexe III). Dans ce communiqué, l`Equipe a indiqué qu`elle entreprendrait la visite envisagée à Abidjan du 6 au 10 février 2011, pour des consultations avec les parties prenantes, afin d`élaborer le rapport à soumettre au Groupe de haut niveau lors de sa réunion prévue à Nouakchott. L`Equipe d`experts a saisi l`occasion de sa réunion pour réitérer l`appel lancé par le Groupe de haut niveau à toutes les parties ivoiriennes pour qu`elles fassent preuve de la plus grande retenue, s`abstiennent de toute action pouvant compliquer davantage la situation et apportent leur entière coopération aux efforts visant à résoudre rapidement la crise.

(a) Visite de l`Equipe d`experts à Abidjan
9. L`Equipe d`experts est arrivée à Abidjan le 6 février 2011, où elle est restée jusqu`au 10 février. Au cours de son séjour, l`Equipe a rencontré les différentes parties prenantes ivoiriennes, ainsi que d`autres acteurs, y compris des représentants de la société civile, du secteur privé, des autorités religieuses, des chefferies traditionnelles, de la communauté diplomatique à Abidjan et de l`Opération des Nations unies en Côte d`Ivoire (ONUCI). Les discussions avec les différentes parties prenantes ivoiriennes et autres parties concernées ont porté sur tous les aspects de la crise, en particulier: le contexte pré-électoral et l`évaluation d`ensemble du processus de paix; l`élection; l`environnement sécuritaire pendant la période postélectorale; la situation humanitaire et socio-économique; les campagnes médiatiques; le blocus de l`Hôtel du Golf; et les propositions de sortie de crise (Annexe IV).
10. Les positions des parties telles qu`exprimées lors de la visite de l`Equipe d`experts peuvent être résumées comme suit:
(I) Contexte pré-électoral et évaluation d`ensemble du processus de paix
11. Les deux camps font des évaluations opposées du contexte pré-électoral et, d`une façon plus générale, du processus de paix. Pour le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le processus de sortie de crise engagé par les différents accords a connu des avancées significatives, permettant ainsi de créer des conditions favorables au bon déroulement de l`élection. Pour La Majorité présidentielle (LMP), en revanche, les conditions d`une élection démocratique n`étaient pas réunies, en raison, notamment, de l`inachèvement du désarmement et de la non-réunification du pays.

(II) Election
12. Tous les acteurs concernés reconnaissent que le premier tour du scrutin s`est déroulé dans des conditions satisfaisantes. Le déroulement du second tour de l`élection présidentielle fait cependant l`objet de lectures diamétralement opposées.
13. Sur le déroulement du vote le 28 novembre: Pour la LMP, le déroulement du second tour dans les zones Centre - Nord - Ouest (CNO) relève de la simple mascarade, eu égard aux nombreuses irrégularités qui l`ont entaché, notamment les empêchements de vote, la violence contre les représentants LMP, les bourrages d`urnes et les manipulations des résultats. Le RHDP, pour sa part, s`inscrit en faux contre ces affirmations, et souligne que le scrutin s`est déroulé dans de bonnes conditions, malgré les incidents enregistrés dans certaines zones, y compris celles sous contrôle du camp de M. Laurent Gbagbo. Quant aux autres acteurs, en particulier l`ONUCI, la plupart des organisations de la société civile nationale et le corps diplomatique accrédité en Côte d`Ivoire, ils reconnaissent tous que le second tour de l`élection présidentielle s`est déroulé dans des conditions satisfaisantes, malgré quelques insuffisances.
14. Sur la proclamation des résultats: La LMP affirme que la CEl n`a pu proclamer les résultats dans le délai de 3 jours prévu par le Code électoral et que, de ce fait, elle était forclose; elle estime que la proclamation a été faite hors cadre et hors norme. D`ailleurs, selon les représentants de la LMP, ces résultats n`ont été ni consolidés, ni validés par la CEl. En conséquence, ils sont nuls et de nul effet, car n`ayant aucun caractère officiel. Le RHDP indique que la CEl a travaillé dans des conditions très difficiles, eu égard au couvre feu, aux entraves à la publication des résultats par les partisans de M. Gbagbo au sein de la CEl et à la présence obstructive des Forces de défense et de sécurité (FOS) au sein des locaux de la CEL Il précise que le Gode électoral ne donne pas de délai pour la proclamation des résultats, mais un délai pour la transmission des procès verbaux au Conseil constitutionnel. Aussi considèrent-ils que le Conseil constitutionnel n`avait pas de base légale pour déclarer la CEl forclose.
15. Sur la proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel: Le Conseil constitutionnel a affirmé qu`il a agi dans le cadre de la légalité. D`après lui, la CEl n`ayant pas transmis les résultats provisoires dans le délai de trois jours prescrit par l`article 59 du Code électoral, il lui revenait de prendre les choses en main, suivant l`interprétation que le Conseil constitutionnel fait de cet article. Il a, en outre, expliqué l`annulation du vote dans certains départements du Nord par l`existence d`un précédent tiré de l`élection présidentielle de 1995. Il a justifié l`annulation du scrutin dans un département n`ayant pas fait l`objet de requête de la part du candidat Gbagbo par son pouvoir d`auto-saisine.
16. Le Président de la CEl a souligné que les chiffres sur lesquels le Président du Conseil constitutionnel a fondé la proclamation des résultats sont les mêmes que ceux annoncés par la CEl, ce qui est la preuve que les chiffres qu`il a annoncés sont authentiques. Pour lui, le Président du Conseil constitutionnel a simplement procédé à un "redressement", après avoir annulé les votes dans 7 centres de coordination représentant 13 départements et non 7 comme annoncé. Il n`a fait qu`inverser les résultats provisoires proclamés par la CEl au profit de M. Gbagbo. Dans sa certification, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies a indiqué que.la décision du Conseil constitutionnel ne correspondait pas aux faits.
17. Sur la certification: Pour la LMP, la certification du second tour de l`élection est illégale, parce que le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies a agi en violation de son mandat et de la Constitution ivoirienne. Le RHDP, pour sa part, affirme que la certification résulte des Accords de sortie de crise conclus par les parties ivoiriennes, notamment l`Accord de Pretoria de juin 2005, ainsi que de la résolution 1765(2007), incorporés dans le droit national ivoirien. L`ONUCI, quant à elle, rappelle que les parties ivoiriennes elles-mêmes sont à l`origine du mandat de certification des Nations unies à travers les deux Accords de Pretoria. Elle souligne qu`elle a suivi un processus de certification uniforme pour les deux tours et que M. Gbagbo a choisi de l`accepter pour le 1er tour, dont il est sorti vainqueur, et non pour le 2éme tour qu`il a perdu.

(III) Environnement sécuritaire de la période postélectorale

18. Depuis la fin du second tour, la situation sur le terrain a connu une dégradation préoccupante, avec la multiplication des actes de violence, y compris contre la population civile, et les actes d`obstruction croissants auxquels est confrontée l`ONUCI. L`ONUCI a fait état de nombreuses personnes tuées, de plusieurs personnes illégalement arrêtées et détenues, de cas de disparitions et de viol dans les zones contrôlées les Forces de Défense et de Sécurité, ainsi que d`allégations sur l`existence de charniers. Elle a estimé que l`essentiel des violences contre les populations est intervenu dans les zones contrôlées par les FDS, tout en relevant l`existence d`actes de violence dans les zones sous contrôle des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), notamment à l`Ouest. Le RHDP attribue ces actes aux partisans de M. Gbagbo, tandis que ceux-ci estiment que les violations des droits de l`homme sont plutôt commises dans les zones CNO.

(IV) Situation humanitaire et socio-économique
19. Du fait de l`insécurité et de la tension ambiante, la situation humanitaire a connu une dégradation marquée notamment par un flux de réfugiés ivoiriens vers le Liberia et la Guinée, le déplacement forcé de milliers de personnes à l`intérieur de la Côte d`Ivoire et la fuite de populations étrangères. La situation économique, déjà difficile, s`est très sérieusement détériorée, et l`existence de deux Gouvernements a considérablement compliqué la tâche du secteur privé qui souligne l`aggravation de la situation du fait des sanctions imposées à la Côte d`Ivoire.

(V) Campagnes médiatiques
20. Plusieurs ONG rencontrées ont dénoncé ce qu`elles ont qualifié de message de haine propagés par la Radio diffusion Télévision Ivoirienne (RTl). Pour leur part, les partisans de la LMP dénoncent les entraves mises par les FN à la diffusion des médias d`Etat dans les zones CNO, ainsi que les unités de radio télévision créés illégalement par les FN.

(VI) Blocus de l`Hôtel du Golf
21. Le RHDP appelle à la levée immédiate du blocus de l`Hôtel du Golf, conformément à l`appel du Conseil. La LMP s`oppose à cette levée, considérant que des éléments lourdement armés des FN ont investi l`Hôtel du Golf. Le Commandant de la Force de l`ONUCI indique qu`il ya entre 100 et 200 éléments lourdement armés des FAFN dans l`enceinte de l`hôtel.

(VII) Propositions de sortie de crise
22. Pour le RHDP, M. Ouattara a gagné l`élection présidentielle et donc est le Président légitime de Côte d`Ivoire. Par conséquent, la solution réside dans l`acceptation des résultats de l`élection par M. Gbagbo. Pour la LMP, qui a souligné la nécessité de recompter les voix, M. Gbagbo a gagné l`élection présidentielle et est, en conséquence, le Président légitime de Côte d`Ivoire. La communauté internationale doit, par conséquent, reconnaître ce fait et lever toutes les mesures prises contre des personnalités et des entités ivoiriennes. D`autres parties prenantes ivoiriennes proposent, notamment, un compromis entre les acteurs concernés, le respect des résultats proclamés par la CEl, une sortie honorable pour M. Gbagbo, la création d`un Haut Conseil de la République, le désarmement des ex-rebelles, la restructuration de la CEl et du Conseil constitutionnel, ainsi que la création d`une Commission indépendante "Vérité, Justice et Réconciliation».

c. Activités subséquentes du Groupe de haut niveau
a) Deuxième réunion du Groupe de haut niveau et visite à Abidjan
23. Le Groupe de haut niveau a tenu sa deuxième réunion à Nouakchott, le 20 février 2011. Tous les membres du Groupe ont participé à cette réunion, au cours de laquelle le Groupe a examiné le rapport de l`Equipe d`experts qui avait entrepris une mission à Abidjan du 6 au 10 février 2011. Dans le prolongement de cette réunion, le Groupe a effectué une visite à Abidjan du 21 au 22 février 2011. En raison de la dégradation de la situation sécuritaire en Côte d`Ivoire et des menaces proférées à l`encontre d`un membre du Groupe de haut niveau, le Président Blaise Compaoré, celui-ci n`a pu se rendre à Abidjan. Lors de son séjour à Abidjan, le Groupe a rencontré tes parties ivoiriennes représentées au plus haut niveau, ainsi que le Président et les membres du Conseil constitutionnel et le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Chef de l`ONUCI.

(I) Rencontres avec
MM. Gbagbo et Ouattara
24. Au cours de la réunion avec M. Gbagbo, ce dernier a articulé dans les détails sa position telle qu`elle avait été exprimée lors de la rencontre avec l`Equipe d`experts. En substance, il a souligné que les conditions qui ont prévalu lors du deuxième tour n`ont pas permis le déroulement du scrutin dans la transparence. Il a soutenu que la CEl n`était pas parvenue à un consensus sur la marche à suivre et que les résultats provisoires proclamés par son Président l`avaient été en dehors des normes qui gouvernent le fonctionnement de cette institution. Il a contesté la certification telle qu`opérée par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, y voyant une atteinte à la souveraineté de son pays et une remise en cause des prérogatives du Conseil constitutionnel, seule institution investie du pouvoir de proclamer les résultats définitifs du scrutin et dont les décisions ne peuvent faire l`objet de recours.
25. Pour sa part, M. Ouattara, accompagné de son Premier Ministre, Guillaume Soro, a rappelé tous les efforts entrepris pour la tenue du scrutin présidentiel en vue de sortir la Côte d`Ivoire de la crise qu`elle connaît. Il a souligné que, de l`avis même du camp de M. Gbagbo, toutes les conditions étaient réunies pour la tenue du scrutin, ainsi qu`en témoignent la signature par le Président de la République du décret convoquant le corps électoral et l`acceptation de la liste électorale définitive. En fait, a-t-il ajouté, M. Gbagbo n`a commencé à changer d`avis qu`à partir du moment où il a pris connaissance des premières tendances des résultats du second tour. Il a rappelé que les Préfets et responsables des éléments des FDSCI déployés au Nord ont confirmé que les conditions sécuritaires, le jour du scrutin, étaient convenables. Au reste, l`ONUCI, qui a quadrillé l`ensemble du territoire ivoirien le jour du scrutin, a relevé que l`écrasante majorité des incidents répertoriés sont intervenus dans la partie contrôlée par M. Gbagbo. Le Conseil constitutionnel, qui n`a pas le pouvoir d`annuler partiellement le scrutin, a pris une décision politique et non juridique. Les arguments mis en avant par cette institution sont fallacieux. Le Conseil constitutionnel n`a fait que reprendre les mêmes chiffres que ceux de la CEl, et annuler les résultats dans plusieurs départements du nord de façon à inverser les résultats définitifs de l`élection.

(II) Rencontre avec le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies
26. Lors de la rencontre avec le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, chef de l`ONUCI, ce dernier est revenu dans le détail sur la question de la certification telle qu`elle ressort de la résolution 1765 (2007) du 16 juillet 2007 du Conseil de sécurité des Nations unies. Il a, à cet égard, souligné que les parties ivoiriennes, elles-mêmes, y compris M: Gbagbo, sont à l`origine du mandat de certification des Nations unies à travers les deux Accords de Pretoria qu`elles ont signés, respectivement, le 6 avril et le 29 juin 2005. Et c`est en consultation avec toutes les parties ivoiriennes, ainsi qu`avec les autres acteurs concernés, y compris le Conseil de sécurité des Nations unies et le Facilitateur, qu`il a développé le cadre, les critères et les différentes étapes de la certification. Il a indiqué que c`est sur la base de ces éléments qu`il a procédé, le 12 novembre 2010, à la certification du premier tour de l`élection présidentielle tenu le 31 octobre 2010, à la satisfaction de tous, y compris le candidat Gbagbo, arrivé en tête de ce premier tour. S`agissant du second tour, le Représentant spécial a souligné qu`il reconduit le même dispositif pour l`observation et la certification, notamment l`analyse des tendances à la fermeture des bureaux de votes et celle de l`ensemble des 20.073 procès verbaux des 9 régions de Côte d`Ivoire. Sur cette base, il était clair, dès le 30 novembre, que M. Ouattara avait gagné l`élection avec un écart de 8%. Pour le Représentant spécial, il ne fait aucun que les résultats proclamés, le 2 décembre 2010, par la CEl reflètent le vote des Ivoiriens, malgré les différents incidents répertoriés sur l`ensemble du territoire, lesquels ne sont pas de .nature à entacher la sincérité du scrutin et en à modifier le résultat. S`agissant des incidents enregistrés le jour du scrutin, le Représentant spécial a souligné qu`ils sont à 90% intervenus dans les zones favorables au Président sortant, qui sont les seules où il y a eu des pertes en vies humaines.
27. Il a conclu en affirmant que, sur la base de sa propre analyse indépendante, objective et approfondie des 20.073 procès verbaux des bureaux de vote qu`il a reçus en même temps que la CEl, le Conseil constitutionnel, le Facilitateur et les candidats, la certification qu`il a prononcée le 3 décembre reflète bien le vote du peuple ivoirien. Pour le Représentant spécial, les résultats définitifs proclamés, le 3 décembre 2010, par le Conseil constitutionnel ne correspondent pas aux faits. Il a souligné que, dans sa compilation des résultats, il a pris en compte l`ensemble des réclamations du candidat Gbagbo. Le Conseil constitutionnel est allé au-delà de ces réclamations pour annuler des résultats dans des départements qui n`avaient fait l`objet d`aucune contestation de la part de M. Gbagbo.
28. A la question de savoir quels résultats a-t-il exactement certifiés, le Représentant spécial a précisé qu`il n`a certifié ni ceux de la CEl, ni ceux du Conseil constitutionnel, mais plutôt le vote des Ivoiriens, sur la base des mêmes procès verbaux que la CEl et le Conseil constitutionnel. Par conséquent, ce n`est que pure coïncidence si les résultats auxquels il est parvenu sont les mêmes que ceux de la CEl.
29. S`agissant des procès verbaux non signés par les représentants du candidat Gbagbo, il a indiqué qu`ils ne représentent que 10% de l`ensemble des procès verbaux, soit environ 2 000 sur 20073, correspondant à 60.000 voix. Encore que, a-t-il tenu à préciser, d`après le Code électoral ivoirien, seules les signatures du Président et des assesseurs des bureaux de vote sont obligatoires sur les procès verbaux. Il a réaffirmé que, sur la base des rapports des observateurs déployés par les Nations unies et de toutes les informations reçues d`autres sources et recoupées, les violences dont a excipé le Conseil constitutionnel pour annuler près de 570.000 votes dans le Nord du pays ont été plutôt observées dans la zone contrôlée par le camp de M. Gbagbo.

(IV) Rencontre avec le Président et les membres du Conseil constitutionnel de Côte d`Ivoire
30. Dans son exposé liminaire au Groupe de haut niveau, le Président du Conseil constitutionnel, accompagné de l`ensemble des membres de cette institution, a affirmé que sa juridiction, qui est le juge des élections, a agi dans le cadre de la légalité. D`après lui, la CEl n`ayant pas transmis les résultats provisoires dans le délai de trois jours qui lui est imparti, selon son interprétation de l`article 59 du Code électoral, il revenait au Conseil constitutionnel de prendre les choses en main. Il a indiqué avoir été en contact constant avec le Président de la CEl pour examiner avec celui-ci la marche à suivre à la suite de l`incapacité de la Commission à s`entendre sur les cinq régions objet de divergences, ainsi qu`avec le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies. La CEl, a-t-il ajouté, avait la possibilité de solliciter une extension de 48 heures du délai à elle imparti. Mais à sa grande surprise, et alors qu`il attendait un coup de fil de M. Bakayoko, il a vu ce dernier annoncer les résultats à partir de l`hôtel du Golf. Dés lors, il n`avait d`autre choix que d`user de la procédure d`auto-saisine et de déclarer nuls et de nul effet les résultats proclamés par la CEI. Ainsi, a-t-il conclu, le 3 décembre, sur la base des 20.073 procès verbaux, des rapports sur le déroulement du scrutin et des réclamations formulées par le candidat Laurent Gbagbo, le Conseil constitutionnel a proclamé. Les résultats définitifs de l`élection présidentielle du 28 novembre 2010, donnant la victoire à ce dernier, qui a prêté serment le 4 décembre.
31. Le Groupe de haut niveau a estimé crucial d`interagir de manière soutenue avec le Conseil constitutionnel, en tant qu`organe ayant le dernier mot sur les questions électorales. Aussi le Groupe a-t-il sollicité nombre de clarifications. Il a commencé par demander quelle est la nature juridique des résultats proclamés par la CEI. En réponse, le Président du Conseil constitutionnel a indiqué que ces résultats ne sont que provisoires et doivent être confirmés par le Conseil constitutionnel, qui est seul habilité à prononcer les résultats définitifs et à désigner le vainqueur de l`élection.
32. A la question de savoir pourquoi le Conseil constitutionnel a procédé seulement à une annulation partielle du scrutin portant sur près de 13,10% des suffrages exprimés, alors que l`article 64, qui s`applique en l`espèce, prévoit l`annulation de l`ensemble du vote et la tenue d`une nouvelle élection, le Président du Conseil constitutionnel a répondu qu`il existe un précédent d`annulation partielle tiré de l`élection présidentielle de 1995. Il a justifié la décision du Conseil constitutionnel d`annuler le vote dans des départements qui n`avaient pas fait l`objet de contestation de la part du candidat Gbagbo par le pouvoir du Conseil constitutionnel, une fois des réclamations introduites, de statuer sur tous les cas éventuels d`irrégularités par une procédure d`auto-saisine. Sur l`organisation de nouvelles élections telle que prescrite par l`article 64, il a répondu que les irrégularités n`ayant porté que sur 13,10%, il n`était pas nécessaire d`envisager une telle perspective. Un nouveau scrutin serait, selon lui, organisé si les irrégularités concernaient 30 à 40% des votes. Sur cette question, un membre du Groupe lui a fait remarquer que pourtant l`annulation de 13,10 des voix par le Conseil constitutionnel a eu l`impact décisif de changer complètement le résultat du scrutin
33. Le Président du Conseil constitutionnel, en réponse à une question du Groupe sur la nature des violences et autres incidents qui l`ont conduit à annuler le vote dans des départements du Nord ivoirien, a indiqué avoir reçu des témoignages de viol et autres exactions contre des femmes soutenant La Majorité présidentielle. Un membre du Groupe lui a demandé comment des cas de viol peuvent intervenir dans un lieu public aussi fréquenté qu`un bureau de vote le jour du scrutin. Revenant sur les annulations de vote, le Groupe a demandé au Président du Conseil constitutionnel qui aurait été le vainqueur de l`élection si le vote n`avait pas été annulé dans sept départements du Nord. Sur ces deux questions, le Groupe n`a pas reçu de réponse formelle. Le Groupe a également demandé au Conseil constitutionnel de lire le contenu de l`article 59 du Code électoral. En réponse à cette requête, un membre du Conseil d`abord donné l`interprétation que le Conseil a fait de cet article, qui, il est vrai, a-t-il dit, prescrit expressément un délai de trois jours à la CEl pour transmettre les procès verbaux, sans pour autant prévoir un délai spécifique pour la proclamation des résultats provisoires. Un membre du Groupe a tenu à demander au Président et aux membres du Conseil constitutionnel s`ils avaient bien mesuré la gravité de leur décision qui est la cause des désordres et de la crise actuelle dans laquelle se débat la Côte d`Ivoire.
34. A la question de savoir quelles sont les pistes de sortie de crise que "le Conseil constitutionnel pourrait proposer, le Président du Conseil constitutionnel a souligné la nécessité, pour les Africains, de respecter les institutions qu`ils se sont données. Il a, enfin, renouvelé au Groupe sa disponibilité à apporter sa contribution au règlement de la crise (Annexe V).

b) Troisième réunion du Groupe de haut niveau
35. Il convient de rappeler que, lors de leur séjour à Abidjan, les membres du Groupe de haut niveau ont également mené des consultations relatives à la poursuite de leurs travaux, en particulier en ce qui concerne la formulation de propositions de sortie de crise, conformément à leur mandat. Dans ce contexte, ils ont décidé de tenir leur prochaine réunion à Nouakchott.
36. C`est ainsi que le Groupe de haut niveau a tenu sa troisième réunion à Nouakchott, le 4 mars 2011. Tous les membres du Groupe ont pris part à cette réunion. Le Groupe a procédé à une évaluation approfondie de la situation en Côte d`Ivoire sur la base des interactions qu`il a notamment eues avec Leurs Excellences MM. Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara, lors de la visite qu`il a effectuée à Abidjan, ainsi que des développements intervenus depuis cette date.
37. Le Groupe de haut niveau a noté avec une vive préoccupation l`évolution dramatique de la situation en Côte d`Ivoire, en particulier le nombre croissant de pertes en vies humaines, ainsi que l`escalade de l`esprit de confrontation. Il a réitéré l`appel pressant de l`UA aux parties ivoiriennes pour qu`elles fassent preuve de la plus grande retenue, s`abstiennent de tous actes et mesures de nature à saper les efforts en cours, y compris des campagnes médiatiques incitant à la haine et à la violence. Le Groupe a également demandé l`arrêt immédiat des tueries et exactions provoquant des pertes en vies humaines, ainsi que de manifestations, marches populaires et autres activités susceptibles de dégénérer en troubles et en violence. Il a instamment appelé les parties à la cessation de toutes formes d`hostilités, ainsi qu`à la levée du blocus imposé à l`hôtel du Golf.
38. Le Groupe a décidé de tenir sa prochaine réunion dans les meilleurs délais, aux fins de parachever l`accomplissement du mandat qui lui a été confié par le Conseil. Le Groupe a invité à cette réunion Leurs Excellences Alassane Dramane Ouattara et Laurent Gbagbo, ainsi que le Président du Conseil constitutionnel de Côte d`Ivoire. Le Groupe a également pris attache avec le Président de la République fédérale du Nigéria, qui assure la présidence du Conseil pour le mois de mars 2011, en vue de la tenue, immédiatement après sa quatrième réunion, d`un sommet de cet organe au cours duquel il présentera un rapport sur ses activités et les résultats auxquels il sera parvenu (Annexe VI).
39. Conformément aux conclusions de la troisième réunion du Groupe, le Président de la Commission s`est rendu à Abidjan, porteur d`un message du Groupe à Leurs Excellences Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara, ainsi qu`au Président du Conseil constitutionnel. En particulier, le Président de la Commission les a informés de l`invitation qui leur est fait~ d`interagir avec le Groupe à l`occasion de sa quatrième réunion et de participer à la réunion du Conseil, pour articuler leurs positions et perspectives quant au règlement de la crise que connaît " leur pays, notamment à la lumière des propositions de sortie de crise qui seront formulées par le Groupe.

e) Quatrième réunion du Groupe de haut niveau
40. Le Groupe a tenu sa quatrième réunion à Addis-Abeba les 9 et 10 mars 2011.
IV. OBSERVATIONS ET RECOMMANDATIONS
41. Au regard des informations qui précèdent, le Groupe de haut niveau formule les observations et recommandations suivantes:
(a) Le Groupe souligne l`urgence d`une solution rapide à la crise, pour éviter un conflit généralisé aux conséquences incalculables pour la Côte d`Ivoire, les autres pays de la région et le continent dans son ensemble.
(b) Le Groupe est conscient que l`UA et la CEDEAO, ainsi que de nombreux acteurs internationaux, y compris les Nations unies, ont déjà reconnu la victoire de M. Alassane Ouattara. Il note que les différentes missions d`observation internationales et nationales, ainsi que l`ONUCI, ont jugé que la plupart des incidents relevés le jour du vote ont eu lieu non seulement dans des départements du Nord et du Centre, mais aussi et surtout dans la zone Ouest contrôlée par les partisans de M. Gbagbo. Le Groupe note que la certification opérée par les Nations unies est intervenue dans le cadre des engagements pris par les parties ivoiriennes, et s`est fondée sur les procès verbaux transmis à la CEl, au Conseil constitutionnel, au Facilitateur et au Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies. En outre, les résultats auxquels le Représentant spécial est parvenu sur la base de ses propres méthodes coïncident avec ceux de la CEl. (c) Le Groupe constate que la composition partisane et les dysfonctionnements de la CEl et du Conseil constitutionnel ont constitué la source des difficultés rencontrées lors de la proclamation des résultats. En particulier, le Groupe a trouvé les arguments présentés par le Conseil constitutionnel problématiques: d`une part, il est clair que le Conseil constitutionnel a agi au-delà de ses pouvoirs en annulant partiellement le scrutin au lieu de procéder à une annulation totale et ordonner l`organisation d`un nouveau scrutin, comme le prescrit le Code électoral l`argument selon lequel « qui peut le plus peut le moins » ne semble pas approprié au cas d`espèce; de l`autre, il est troublant que le Conseil constitutionnel ait annulé près de 600 000 voix, juste assez pour inverser les résultats, tout en soutenant que les incidents intervenus n`étaient pas de nature à affecter la sincérité du scrutin. Ces observations s`ajoutent au fait que la plupart des incidents intervenus ont plutôt été relevés dans la partie sous contrôle du camp de M. Gbagbo et que le Conseil constitutionnel n`a fait usage de son pouvoir d`auto-saisine que dans les zones favorables à M. Ouattara. Le Groupe est d`avis que la décision du Conseil constitutionnel n`a pas été prise avec toutes les précautions que requiert la situation fragile de la Côte d`Ivoire.
(d) Le Groupe constate aussi que le processus de paix a certes, enregistré des avancées remarquables, mais que d`importants aspects de l`Accord politique de Ouagadougou (APO) et de ses Accords complémentaires restent à mettre en œuvre. Leur mise en œuvre est cruciale pour la stabilité future de la Côte d`Ivoire et la création des conditions requises pour le bon déroulement des élections à venir.
(e) Le Groupe observe que la crise actuelle ne peut être réglée sur la seule base d`une application mécanique de la règle majoritaire. D`autant que la situation est tendue sur le terrain et les positions très polarisées.
42. A la lumière de ce qui précède, le Groupe estime qu`il importe de travailler à une solution politique négociée, qui puisse concilier la démocratie et la paix, pour proposer une formule globale s`attaquant à la crise postélectorale, sur la base des décisions déjà prises `par l`UA et. la CEDEAO, et à la mise en œuvre des aspects restants du processus de paix. Elle devra également comprendre une série de mesures destinées à promouvoir la confiance et à faciliter l`apaisement et la réconciliation dans une société divisée par plus d`une décennie de crise, d`instrumentalisation de la question identitaire et d`exacerbation des peurs et des passions. En outre et indépendamment des considérations émanant du processus électoral, le Groupe note que M. Gbagbo a eu le privilège de présider aux destinées de la Côte d`Ivoire pendant une décennie, période qui correspond au demeurant à deux mandats successifs de cinq ans chacun et constitue le maximum prévu par la Constitution ivoirienne; à ce titre il a apporté la contribution qu`il a pu à la promotion de la paix et de la réconciliation dans son pays. Dans ce contexte, le Groupe estime naturel que le processus de sortie de crise puisse être consolidé par la mise en place d`un Gouvernement d`union nationale nommé par le Président Alassane Dramane Ouattara.
43. Cette solution est articulée dans le projet de propositions ci-joint pour une solution politique d`ensemble à la crise en Côte d`Ivoire qui, de l`avis du Groupe, offre une base viable pour un règlement politique prenant en compte les préoccupations des parties et les réalités objectives de la situation sur le terrain (Annexe VII). Cette solution s`inscrit résolument dans le cadre des décisions pertinentes de l`UA et de la CEDEAO sur la Côte d`Ivoire. Le Groupe recommande en conséquence au Conseil d`entériner ce projet de propositions en cinq points s`articulant autour: (i) de la présidence de la République; (ii) de la mise en place d`un Gouvernement d`union et de réconciliation nationale; (iii) de la mise en œuvre des aspects pendants de l`Accord politique de Ouagadougou et d`autres réformes connexes; (iv) de mesures d`apaisement et de confiance; et (v) de l`accompagnement et de l`appui de l`UA, de la CEDEAO et de la communauté internationale. Le Groupe recommande également au Conseil d`exhorter les parties ivoiriennes à accepter ces propositions et de demander à la communauté internationale de soutenir leur mise en œuvre. Le Conseil devrait envisager des mesures spécifiques, y compris des sanctions, à l`encontre de tous ceux qui rejetteraient ces propositions et feraient obstacle à leur mise en œuvre. La situation en Côte d`Ivoire est telle que l`Afrique doit mettre tout son poids dans la balance pour faciliter un règlement politique.
44. En conclusion, le Groupe voudrait exprimer ses sincères remerciements au Conseil et à la Conférence de l`Union pour la confiance placée en ses membres. Ses remerciements vont aux parties ivoiriennes et à l`ensemble des autres acteurs concernés, ainsi qu`aux différents partenaires de l`UA, pour leur disponibilité. Le Groupe s`est efforcé de s`acquitter de son mandat dans la plus grande objectivité et avec la conviction que l`Afrique ne peut ne pas répondre à l`ardente aspiration du peuple ivoirien à la démocratie et à la paix dans l`unité et la réconciliation nationales.

mercredi 9 mars 2011

Quelle souveraineté défendre en Côte d’Ivoire ?

Dans la cohue des slogans, des écrits, des revendications, des manifestations, des déclarations politiques qui se bousculent actuellement en Côte d’Ivoire, le mot souveraineté revient incessamment. Le problème ivoirien ne serait plus figé entre deux hommes, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, il se situerait au niveau des pressions extérieures exercées par la dite « communauté internationale ».

On ne peut certes nier les interférences externes qui ont contribué à la détérioration et à l’enracinement des positions radicales entre les deux camps adverses. Cependant, cette souveraineté fragile, voire inexistante face au reste du monde et singulièrement face à l’ancienne puissance coloniale n’est pas un fait nouveau dans le pays et aucun leader politique ivoirien ne s’y est vraiment attaqué depuis les indépendances. Alors même que le président Gbagbo se présentait dans ses discours comme un fervent défenseur de la souveraineté de son pays, dans ses actes, il n’en a rien été.

La souveraineté enflamme et mobilise sans pourtant être analysée dans sa globalité. En effet, l’article 31 de la constitution ivoirienne dit que « La souveraineté appartient au peuple. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice. » Le peuple c’est l’ensemble des individus qui s’engagent librement à construire une nation avec des droits égaux et des responsabilités égales pour tous. Les droits et les responsabilités constituent le réseau d’interactions sociales qui rendent chaque individu souverain au moment où il entre en société. Le peuple est souverain mais ce sont les individus qui exercent cette souveraineté. Cette souveraineté interne qui place l’individu au centre du pouvoir est, quant à elle, totalement occultée. En Afrique, l’État décide et les populations se soumettent. Si l’État décide mal, il place les responsabilités à l’extérieur en occultant les fragilités internes. Ce n’est pas de sa faute puisqu’il est soumis à des pressions étrangères. Il suscite alors de la compassion de la part de ses populations qui, ainsi, acceptent mieux leur propre soumission. Qu’en est-il de la souveraineté des Ivoiriens à l’épreuve de la crise ?

Une population ivoirienne totalement étranglée
D’évidence, cette souveraineté qui était pratiquement inexistante avant les derniers conflits électoraux a été réduite à néant. Alors que les dirigeants devraient avoir le souci du bien être de leurs populations dont ils ne sont que les serviteurs, ils cautionnent et organisent un environnement pratiquement insupportable qui rend le quotidien infernal.

Sans être exhaustif, on constate que les banques sont fermées ; les assurances ne fonctionnent plus ; les chèques ne sont plus acceptés dans le pays ; les liquidités manquent ; le gaz domestique est difficile à trouver et les files d’attente s’allongent devant les stations services dans l’espoir d’une hypothétique livraison ; une pénurie de carburant se profile. À Abidjan, comme dans la zone contrôlée par les Forces Nouvelles, des barrages multiples jonchent les rues, contraignant les habitants soit à rester chez eux, soit à affronter l’arrogance de ces « gendarmes » improvisés qui freinent les déplacements ; les gens sont assassinés et violentés par toutes les forces en présence y compris l’Organisation des Nations unies en Côte d’Ivoire. Ces violences semblent dangereusement glisser dans le quotidien, le seul problème semble de savoir comment manipuler l’information pour imputer ces exactions à un camp ou à l’autre, de manière à influencer le monde et surtout le panel de médiateurs africains qui parcourt le monde pour concocter une proposition de sortie de crise. Les entreprises ferment, le chômage technique croît de manière inquiétante, les commerçants des quartiers les plus touchés par les confrontations de rue sont pillés, le petit commerce informel, poumon économique des « petits » est entravé par les menaces et les violences. L’esprit d’entreprise est réduit à néant, l’économie est à genoux, la vie intellectuelle étouffée.

Ces scènes chaotiques ne sensibilisent nullement les politiciens qui, figés dans leurs orgueils quasi psychiatriques, attendent que la mission de médiation de l’Union africaine leur dicte une solution qui a toutes les chances d’être rejetée et contestée lorsqu’elle sera rendue publique. D’évidence, les deux camps savent que sans entente sur une solution de partage du pouvoir, le pays sera ingouvernable car la moitié de la population n’est pas prête à accepter Alassane Ouattara à la présidence et l’autre moitié refusera Laurent Gbagbo à ce poste suprême. Un camp ne peut rien faire sans l’autre et pourtant on attend en comptant les morts.

Quelle souveraineté en Côte d’Ivoire ?
Face à cette indifférence atterrante, il est important de ne pas se laisser emporter dans les artifices d’une communication qui tente de centraliser le problème vers l’unique responsabilité de la communauté internationale. Elle existe certes mais n’occultons pas d’analyser le principal nœud qui étrangle le pays et anéantit la souveraineté du peuple ivoirien : un État bicéphale défaillant prêt à étrangler son peuple pour justifier sa résistance à des causes fabriquées et narcissiques. Quel est l’intérêt d’être souverain face à des puissances externes si vous êtes capturés dans « les geôles » de votre propre pays ? L’urgence, pour les populations ivoiriennes, est de se libérer d’abord des excès d’un État fort et totalement irresponsable. Les intellectuels et la société civile dans son ensemble devraient dans l’immédiat focaliser leur action autour de la revendication d’un partage du pouvoir pour mettre fin aux tueries et libérer le peuple de Côte d’Ivoire. Après cette étape, l’urgence serait de réclamer au plus vite un cadre institutionnel décentralisant le pouvoir, favorisant l’initiative privée et protégeant les droits de propriété et les libertés individuelles pour que les populations puissent reprendre en main leur propre vie et leur souveraineté.

C’est à travers ces mesures libérales que l’État de Côte d’Ivoire pourrait progresser et gagner la crédibilité qui lui permettrait de s’imposer sur l’échiquier international pour conquérir sa souveraineté face au reste du monde. Ce n’est pas dans le chaos que l’on peut s’imposer. Quand on a créé le désordre, on se met soi-même en situation de faiblesse. Une position souveraine se construit à travers une vision politique, ça ne s’improvise pas dans l’urgence. La Côte d’Ivoire a trop longtemps été gouvernée sans vision. Les conséquences sont cruelles mais non irréversibles si les dirigeants cessent de naviguer à vue et prennent enfin la mesure de leur responsabilité face à leurs populations.
Gisèle Dutheuil, analyste d’Audace Institut Afrique.