Le rôle des policiers selon Gbagbo Laurent
Vous êtes des policiers, vous n’êtes pas des juges... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Vos ennemis, ce sont tous ceux qui sont contre la République.Tous ceux qui veulent installer la chienlit, le désordre. Tous ceux qui veulent troubler les élections. Battez-vous contre le désordre, contre la chienlit… Ne réfléchissez pas, ce sont les juges qui réfléchissent. Vous êtes des combattants du respect de l’ordre public. S’il y a des dégâts, les juges rétabliront tout. La République se construit avec les Forces de l’ordre, avec les forces de combat… Moi, j’ai les bras de la République. Quand le moment arrive pour que je lance mes bras, je les lance.
Matez tous ceux qui sèment le désordre et après on réfléchira … Matez, matez, tous ceux qui sont contre la République... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Votre rôle n’est pas de réfléchir comme les juges. Ce sont les commissaires qui réfléchissent à votre place… Vous, votre rôle, c’est de mater, de mater…Le policier ne doit pas réfléchir… Il doit taper et s’il y a des erreurs, s’il y a des problèmes nous allons arranger…
Gbagbo Laurent, Chef de l'Etat ivoirien, à l'occasion de l'installation de la CRS 3 à Divo le vendredi 27 Août 2010
lundi 13 juillet 2009
Politiquement incorrect OBAMA et NOUS
Il n’y a pas longtemps, nous nous vantions d’être le poumon de l’Afrique de l’ouest et nos têtes de turcs préférés étaient les Burkinabè qui faisaient tous nos sales boulots et les Ghanéens dont les femmes exerçaient le plus vieux métier chez nous. On disait de quelqu’un qui était très fauché qu’il était « tombé comme le Ghana. » Aujourd’hui, c’est de Ouagadougou que sont prises toutes les décisions importantes qui concernent notre pays, et tous nos leaders politiques, à commencer par notre chef d’Etat, s’y précipitent lorsque le président du Faso claque les doigts. Et c’est Accra que le président des Etats-Unis a choisi pour s’adresser à toute l’Afrique subsaharienne, parce que le Ghana est devenu le modèle de la démocratie et de la croissance économique. Méditons tout cela, si nous savons encore ce que le mot méditer signifie. A Accra, le président américain s’est d’abord adressé aux Ghanéens, pour les féliciter, et au reste de l’Afrique noire pour leur montrer le chemin. Voici quelques extraits de son discours du samedi dernier : « des pays tels que le Kenya dont le revenu par habitant était supérieur à celui de la Corée du sud lorsque je suis né ont été fortement distancés. Les maladies et les conflits ont ravagé plusieurs régions du continent africain. » Remplacez Kenya par Côte d’Ivoire. « Grâce à une meilleure gouvernance et au rôle de la société civile naissante, l’économie ghanéenne a enregistré un taux de croissance impressionnant. » Demandons-nous en notre âme et conscience si notre pays, la Côte d’Ivoire est en ce moment bien gouverné. Demandons à ceux qui nous gouvernent aujourd’hui, si devant le miroir de leur conscience, ils peuvent nous dire que notre pays est bien gouverné. Barack Obama a ajouté : « L’histoire prononce un verdict clair : les gouvernements qui respectent la volonté de leur peuple, qui gouvernent par le consentement et non par la coercition, sont plus prospères, plus stables et plus florissants que ceux qui ne le font pas. Il ne s’agit pas seulement d’organiser des élections. Il faut voir ce qui se passe entre les scrutins. La répression revêt de nombreuses formes et trop de pays, même ceux qui tiennent des élections, sont en proie à des problèmes qui condamnent leur peuple à la pauvreté. Aucun pays ne peut créer de richesse si ses dirigeants exploitent l’économie pour s’enrichir personnellement, ou si des policiers peuvent être achetés par des trafiquants de drogue. Aucune entreprise ne veut investir dans un pays dont le gouvernement se taille au départ 20%, ou dans lequel le chef de l’autorité portuaire est corrompu. » N’avez-vous pas l’impression qu’il parlait de notre pays ? Et il continue en disant : « Personne ne veut vivre dans une société où la règle de droit cède la place à la loi du plus fort et à la corruption. Ce n’est pas de la démocratie, c’est de la tyrannie, même si de temps en temps on y sème une élection ça et là, et il est temps que ce style de gouvernement disparaisse. En ce 21ème siècle, des institutions capables, fiables et transparentes sont la clé du succès - des parlements puissants et des forces de police honnêtes, des juges et des journalistes indépendants, un secteur privé et une société civile florissants ainsi qu’une presse indépendante. Tels sont les éléments qui donnent vie à la démocratie. » Comprenne qui peut. Enfin, il termine sur cette adresse à la jeunesse : « le monde sera ce que vous en ferez. Vous avez le pouvoir de responsabiliser vos dirigeants et de bâtir des institutions qui servent le peuple. Vous pouvez servir vos communautés et mettre votre énergie et votre savoir à contribution pour créer de nouvelles richesses ainsi que de nouvelles connexions avec le monde. Vous pouvez vaincre la maladie, mettre fin aux conflits et réaliser le changement à partir de la base. Vous pouvez faire tout cela. Oui, vous le pouvez, car en ce moment précis, l’histoire est en marche. » C’est à peu près ce que Sarkozy nous avait dit dans son discours de Dakar. Mais lui, il était Blanc, Français de surcroît. Ça ne pouvait pas passer. Mais je doute fort que tous ceux qui vont s’abrutir tous les jours à écouter des âneries dans les « sorbonne » « agora » et autres « parlements » comprennent ces mots de Barack Obama. Mais que ceux qui le peuvent méditent toutes ces paroles du président américain. Terminons avec quelques informations sur notre future belle élection. Selon des sources très crédibles, l’enrôlement va encore être prorogé de deux mois. Pendant ce temps, on va faire le croisement des fichiers et des listes précédentes. 12 au total. Pourquoi 12 listes ? Ben, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Et comment voulez-vous qu’on atteigne octobre 2010, la date la plus proche pour ces élections ? Selon « La Lettre du Continent », notre élection est en passe d’être la plus chère du monde. On est passé de 48 milliards, à 68, puis à 140 en 2008, et si elle se tient en novembre de cette année, elle nous aura coûté 170 milliards. Mais comme elle ne se tiendra pas à cette date, la facture va évidemment encore augmenter. Mais rassurez-vous. Beaucoup de poches de chez nous ont été bien remplies grâce à cet argent et de nombreuses voitures de grand luxe se sont ajoutées à celles qu’il y avait déjà dans les garages qui débordent. Des appartements ont aussi été achetés à Paris. Quant aux membres de la Commission Electorale Indépendante, ils continuent de se balader autour du monde. Il faut bien profiter de la vie quand elle vous en offre l’occasion. Et le temps que l’on finisse de croiser les 12 listes, ils auront peut-être fini de construire leurs maisons.
[14/07/09 - L´Inter] - Par Venance Konan, écrivain journaliste
samedi 11 juillet 2009
Sévère mise en garde du chef de l'ONUCI aux autorités ivoiriennes
Le chef de l`ONUCI, Ban Ki-moon a averti les acteurs politiques ivoiriens que s`ils ne tenaient pas la date du 29 novembre fixée pour l`élection présidentielle, cela pourrait leur coûter le soutien de la communauté internationale, dans un rapport publié vendredi, selon l'AFP.
"Le non-respect de cette date pourrait coûter aux parties ivoiriennes la bonne volonté et la confiance de leurs partenaires internationaux", met en garde M. Ban.
Censée permettre de clore la crise politico-militaire née du coup d'Etat manqué de septembre 2002, l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, reportée à plusieurs reprises depuis 2005, a été fixée au 29 novembre.
M. Ban affirme que le fait de tenir cette date "témoignera de la crédibilité du processus de paix et de la capacité des parties ivoiriennes d'honorer leurs engagements".
Jusqu'à présent, 6,4 millions d'électeurs ont été enregistrés, sur un total de 15 millions d'habitants, y compris la moitié des Ivoiriens résidant à l'étranger, soit plus de 72.000, relève le rapport.
Mais l'élection "est susceptible de continuer à rencontrer d'importants défis logistiques et opérationnels", avertit M. Ban.
Il cite le fait que certains organes liés à l'organisation de l'élection ne sont pas financés et que la Commission électorale indépendante n'a pas encore fourni de plans pour l'impression et la distribution de cartes d`électeur.
M. Ban recommande par ailleurs que le mandat de la Mission de l'ONU en Côte d`Ivoire (Onuci) soit prorogé de six mois jusqu`au 31 janvier.
L'Onuci, qui compte 7.661 troupes et est appuyée par la force française "Licorne" de 900 hommes, est chargée d'assurer la sécurité et d`apporter une aide au processus d'enregistrement des électeurs.
vendredi 10 juillet 2009
Lu dans le "Nouveau Reveil":“Votre nom après Dagri me gêne”
Le chef de l'Etat, dans ses hommages aux personnalités de Jacqueville, hier, a égratigné par deux fois Mme Henriette Dagri Diabaté, secrétaire général du RDR et fille de la région. En effet, saluant les personnalités décédées ou encore en vie, le président Laurent Gbagbo a également parlé du Pr Henriette Dagri Diabaté, présente dans la tribune officielle. Avec l'humour qu'on lui connaît, Laurent Gbagbo a indiqué ceci : "Je voudrais saluer maintenant Mme Dagri Diabaté. Je suis toujours gêné avec son nom qui vient après. Diabaté. Parce que pour nous, c'est Henriette Dagri". Et de poursuivre après des rires accompagnés de ceux du public : "Elle, on a une petite histoire commune. On se poursuit. C'est à Gagnoa que son père était. C'est avec son père que j'ai appris que les gens qui bégayent chantent très bien (rires collectifs). Ils ne bégayent pas en chantant. Son père bégayait mais il était le chef de chorale de l'Eglise de Gagnoa. Donc, on était à Gagnoa, on s'est retrouvés à l'Institut d'histoire. C'est une grande historienne, Docteur d'Etat en histoire, Professeur titulaire. Je la remercie d'être là parce que quand même c'est la république (rires collectifs)…".
Renversant non, comme hommage. Hommage ou moquerie? A chacun d'apprécier. En quoi le patronyme d'un cytoyen peut-il géner le Président de la République garant de l'unité nationale? Y a-t-il des patonymes qui ne sont pas dignes d'être portés par des ivoiriens parce que ne sonnant pas ivoirien? Bizarre cette déclatation de Laurent gbagbo. Quelle mouche l'a piqué comme le dirait Dezza XXL.
jeudi 9 juillet 2009
Fin de l'identification et de l'enrôlement?
Commencés il y a environ huit mois, l'identification et l'enrôlement ont pris fin le 30 juin dernier.
Depuis la fin ce processus, un débat fait rage dans la classe politique ivoirienne. Les partisans de Gbagbo Laurent réclame la poursuite du processus jusqu'à ce que tout le monde soit prit en compte, alors que le RDR, le PDCI et leurs partisans militent pour que le chronogramme arrêté lors de la dernière dernier Cadre permanent de concertation (Cpc)- le Cpc est composé de Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara, Konan Bédié, Soro Guillaume et Blaise Compaoré comme facilitateur - soit rigoureusement respecté.
Blé Goudé, Chef de la galaxie patriotique a donné le ton au cours d'une émission à la télévision ivoirienne, en menaçant implicitement la Côte d'Ivoire de graves troubles si tous les ivoiriens ne sont pas enrôlés. Ce message va être relayer dans les agoras sous contrôle du Fpi, lieu de lavage de cerveau, pour préparer leurs militants à de telles éventualités car le général Blé Goudé a parlé. Ce qui sort de la bouche de leur général est parole d'évangile.
Voici une autre occasion pour le Général Mangou, Chef d'Etat Major (CEMA) pour faire une sortie très remarquée, comme il le fait lorsqu'il estime que les déclarations des acteurs politiques menacent la cohésion nationale et la sécurité du pays. Mais cette fois, le CEMA ne dira rien. Il choisira de se taire car le général Blé Goudé a parlé. Et quand Blé Goudé parle, personne n'ose le contredire, personne n'ose le ramener à la raison. Pas même le CEMA. Blé Goudé jouit d'une totale impunité. Il est sous le "parapluie atomique" du Président Gbagbo.
Cette excitation des partisans du Président Gbagbo vise un seul objectif : empêcher la tenue de l'élection présidentielle le 29 novembre prochain. A chaque étape du processus le Fpi aura cette attitude comme si les refondateurs ont une peur bleue des élections. Rappelons nous qu'au tout début de l'identification et de l'enrôlement, au lieu de sensibiliser ses militants à cette étape crucial du processus électoral, au contraire le Fpi avait tout essayé pour entraver le processus.
La communauté internationale, le facilitateur de la crise ivoirienne, le premier ministre et la CEI ne doivent pas céder au chantage du Fpi. La CEI doit rester ferme sur sa position. L'identification et l'enrôlement sont terminés, on passe à l'étape suivante car le respect du 29 novembre en dépend. Ce qui n'ont pas pu se faire identifier, pourront le faire après les élections pour avoir leur cartes d'identité qui feront d'eux des citoyens.
La question que les observateurs de la vie politique ivoirienne se posent, en voyant les agissements du Fpi à chaque étape du processus électoral, est de savoir si le Fpi et Laurent Gbagbo sont prêts à aller aux élections?
lundi 6 juillet 2009
Côte d'Ivoire : les impératifs de sortie de crise
SYNTHESE
Le 4 mars 2007, les deux principaux protagonistes de la crise ivoirienne signaient l’accord politique de Ouagadougou (APO). Ce compromis a, dans un premier temps, apporté un environnement de paix en Côte d’Ivoire. La ligne de démarcation entre les deux protagonistes a été démantelée. Un nouveau gouvernement a été formé et les bases ont été jetées pour apporter une réponse aux deux questions-clés du conflit : l’identité et la citoyenneté ivoiriennes et la légitimité du pouvoir. Mais, plus de deux ans après son adoption, l’APO va mal. Une sortie de crise sera possible uniquement si les engagements pris dans la capitale burkinabé sont enfin suivis d’effets. Sortir la Côte d’Ivoire de sa décennie de crise ne nécessitera pas seulement l’organisation d’élections crédibles mais impliquera également des progrès significatifs dans le processus de désarmement ainsi qu’une véritable réunification de l’administration. Ceci demandera la remobilisation de la facilitation burkinabé et une pression accrue des partenaires internationaux sur les acteurs du conflit.
Les responsables ivoiriens sont aujourd’hui au pied du mur. Ils disposent d’un semestre pour organiser des élections libres et transparentes et procéder au désarmement de plusieurs milliers de combattants. Un nouveau report du scrutin serait fatal à l’APO. L’absence d’un démantèlement des groupes armés, au moins partiel, laisserait planer la menace de graves troubles postélectoraux.
Les opérations d’enrôlement et d’identification se sont officiellement achevées le 30 juin sans atteindre leur but initial. Entamée en septembre 2008, ces opérations complexes et mal conçues ont souffert de la mauvaise gestion de leurs organisateurs. Le financement de leurs structures techniques a été volontairement ralenti par le clan présidentiel qui estime dans son intérêt de retarder au maximum les élections. Après un nouveau report le 30 novembre dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé en janvier 2009 aux protagonistes ivoiriens de fournir rapidement un calendrier électoral réaliste. Une nouvelle date a finalement été annoncée en mai. Cette date pour ce qui sera probablement le premier tour de la présidentielle, le 29 novembre 2009, reste cependant hypothétique. Pour être au rendez-vous, les structures chargées de l’organisation de l’élection devront s’acquitter d’une tâche considérable et dramatiquement améliorer leurs procédures de travail.
Les deux autres grandes priorités de l’APO accusent aussi un retard inquiétant. Le désarmement des combattants s’est borné à quelques opérations médiatisées de destruction d’armes légères. Chacun des deux camps maintient en place des forces significatives et continue de faire entrer du matériel militaire sur le territoire ivoirien, en violation de l’embargo sur les armes de l’ONU. Ceci représente une menace réelle pour le processus électoral, et permettra aux deux parties d’intimider physiquement les électeurs, de manipuler les résultats du scrutin ou même de les contester violemment. Du coté des rebelles des Forces nouvelles, 5 000 combattants attendent toujours leur intégration dans la nouvelle armée et les commandants de zones (« com’
zones ») de l’ancienne zone nord sont toujours entourés de gardes rapprochées comptant parfois plusieurs centaines d’éléments. Les milices loyalistes de Laurent Gbagbo, fortes de 20 000 hommes, n’ont pas été démantelées ni les groupements de « Jeunes patriotes » à Abidjan dissouts.
Le redéploiement de l’administration n’a été opéré que partiellement sur l’ensemble du territoire. Le 26 mai, les « com’zones » ont certes remis leurs pouvoirs administratifs aux préfets. Cette décision très symbolique doit cependant être suivie rapidement par la dotation des moyens logistiques et financiers leur permettant de travailler. On peut aussi s’inquiéter du fait que les « com’zones », qui ne respectent plus les ordres de Premier ministre Guillaume Soro, qui tente de préserver l’unité des Forces nouvelles, aient été dépouillés de leurs fonctions administratives mais pas de leur mission sécuritaire.
A cet ensemble de blocages s’ajoute un contexte économique très difficile, dû à l’absence de bonne gouvernance autant qu’au contexte actuel de crise économique mondiale. La Côte d’Ivoire se paupérise et la misère est pour des milliers de jeunes hommes une bonne raison de ne pas déposer les armes, ou pourrait en devenir une autre de les reprendre.
L’ensemble de la communauté internationale et l’ONU assistent à la fois impuissants et las à l’enlisement de l’APO. Ils ont été exclus d’un accord politique signé entre des dirigeants africains. Ils leur restent l’argent comme ultime moyen de pression. Le retard et les ratés du processus de sortie de crise ont même poussé certains à réfléchir sur l’utilité de leur présence dans le pays. La France a ainsi rapatrié prématurément une partie importante des troupes de l’opération Licorne. La facilitation burkinabé joue, quasiment seule, le rôle ingrat d’arbitre et d’aiguillon du processus. Jusqu’à maintenant, sa stratégie a été celle de la prudence. Le temps presse. Elle doit maintenant générer un nouveau momentum et adopter une attitude plus ferme, particulièrement à l’égard des « com’zones » et des milices loyalistes.
Pour que cet accord puisse enfin aller à son terme, les mesures suivantes doivent être prises :
* Concernant le processus électoral. Les opérations de traitements des données doivent débuter au plus vite dans 68 centres de traitement informatique prévus à cet effet. Un plan détaillé de distribution des cartes d’électeurs doit rapidement être présenté par la Commission électorale indépendante (CEI) et l’opérateur technique privé partenaire, qui doit précéder leur distribution par une campagne d’information des populations ciblées leur indiquant précisément où et comment elles pourront retirer leurs cartes d’électeurs. Le Premier ministre doit assumer véritablement son rôle de « chef d’orchestre » du processus électoral, en s’entourant d’une équipe capable de coordonner l’ensemble des opérations qui conduiront aux élections.
* Concernant le désarmement. Gbagbo et Soro doivent prendre la responsabilité d’accélérer l’intégration de leurs forces respectives au sein des forces communes de police et de gendarmerie et de la nouvelle armée nationale, qui prévoit l’intégration de 5 000 ex-rebelles. Les deux protagonistes doivent enfin s’engager dans un désarmement réel en procédant à un abandon partiel et simultané de leurs stocks d’armes et de munitions.
* Concernant l’administration. Le Premier ministre doit modifier en profondeur son cabinet actuel en choisissant des collaborateurs plus expérimentés et plus compétents. Une seule administration doit être présente sur l’ensemble du territoire au cours du semestre à venir. Dans la zone ultérieurement tenue par les rebelles, les préfets et les mairies doivent être dotés des moyens logistiques et nécessaires pour restaurer l’autorité civile de l’Etat. Le contrôle des frontières septentrionales du pays doit être assuré par des policiers et des douaniers de l’Etat ivoirien et non plus par des ex-rebelles.
* Le Conseil de sécurité doit accentuer sa pression sur les responsables ivoiriens. Paris doit faire pression sur les responsables ivoiriens en conditionnant la reprise de l’ensemble de la coopération à la tenue d’élections libres et transparentes ainsi qu’à une période post-électorale pacifique. La facilitation burkinabé devrait être renforcée et, avec l’aide du Premier ministre Soro, engager une négociation directe avec chaque « com’zone » pour réussir leur intégration, et avec celle de Laurent Gbagbo le désarmement des différentes milices loyalistes.
Pour le rapport complet cliquez ici
International Crisis Group
Le 4 mars 2007, les deux principaux protagonistes de la crise ivoirienne signaient l’accord politique de Ouagadougou (APO). Ce compromis a, dans un premier temps, apporté un environnement de paix en Côte d’Ivoire. La ligne de démarcation entre les deux protagonistes a été démantelée. Un nouveau gouvernement a été formé et les bases ont été jetées pour apporter une réponse aux deux questions-clés du conflit : l’identité et la citoyenneté ivoiriennes et la légitimité du pouvoir. Mais, plus de deux ans après son adoption, l’APO va mal. Une sortie de crise sera possible uniquement si les engagements pris dans la capitale burkinabé sont enfin suivis d’effets. Sortir la Côte d’Ivoire de sa décennie de crise ne nécessitera pas seulement l’organisation d’élections crédibles mais impliquera également des progrès significatifs dans le processus de désarmement ainsi qu’une véritable réunification de l’administration. Ceci demandera la remobilisation de la facilitation burkinabé et une pression accrue des partenaires internationaux sur les acteurs du conflit.
Les responsables ivoiriens sont aujourd’hui au pied du mur. Ils disposent d’un semestre pour organiser des élections libres et transparentes et procéder au désarmement de plusieurs milliers de combattants. Un nouveau report du scrutin serait fatal à l’APO. L’absence d’un démantèlement des groupes armés, au moins partiel, laisserait planer la menace de graves troubles postélectoraux.
Les opérations d’enrôlement et d’identification se sont officiellement achevées le 30 juin sans atteindre leur but initial. Entamée en septembre 2008, ces opérations complexes et mal conçues ont souffert de la mauvaise gestion de leurs organisateurs. Le financement de leurs structures techniques a été volontairement ralenti par le clan présidentiel qui estime dans son intérêt de retarder au maximum les élections. Après un nouveau report le 30 novembre dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé en janvier 2009 aux protagonistes ivoiriens de fournir rapidement un calendrier électoral réaliste. Une nouvelle date a finalement été annoncée en mai. Cette date pour ce qui sera probablement le premier tour de la présidentielle, le 29 novembre 2009, reste cependant hypothétique. Pour être au rendez-vous, les structures chargées de l’organisation de l’élection devront s’acquitter d’une tâche considérable et dramatiquement améliorer leurs procédures de travail.
Les deux autres grandes priorités de l’APO accusent aussi un retard inquiétant. Le désarmement des combattants s’est borné à quelques opérations médiatisées de destruction d’armes légères. Chacun des deux camps maintient en place des forces significatives et continue de faire entrer du matériel militaire sur le territoire ivoirien, en violation de l’embargo sur les armes de l’ONU. Ceci représente une menace réelle pour le processus électoral, et permettra aux deux parties d’intimider physiquement les électeurs, de manipuler les résultats du scrutin ou même de les contester violemment. Du coté des rebelles des Forces nouvelles, 5 000 combattants attendent toujours leur intégration dans la nouvelle armée et les commandants de zones (« com’
zones ») de l’ancienne zone nord sont toujours entourés de gardes rapprochées comptant parfois plusieurs centaines d’éléments. Les milices loyalistes de Laurent Gbagbo, fortes de 20 000 hommes, n’ont pas été démantelées ni les groupements de « Jeunes patriotes » à Abidjan dissouts.
Le redéploiement de l’administration n’a été opéré que partiellement sur l’ensemble du territoire. Le 26 mai, les « com’zones » ont certes remis leurs pouvoirs administratifs aux préfets. Cette décision très symbolique doit cependant être suivie rapidement par la dotation des moyens logistiques et financiers leur permettant de travailler. On peut aussi s’inquiéter du fait que les « com’zones », qui ne respectent plus les ordres de Premier ministre Guillaume Soro, qui tente de préserver l’unité des Forces nouvelles, aient été dépouillés de leurs fonctions administratives mais pas de leur mission sécuritaire.
A cet ensemble de blocages s’ajoute un contexte économique très difficile, dû à l’absence de bonne gouvernance autant qu’au contexte actuel de crise économique mondiale. La Côte d’Ivoire se paupérise et la misère est pour des milliers de jeunes hommes une bonne raison de ne pas déposer les armes, ou pourrait en devenir une autre de les reprendre.
L’ensemble de la communauté internationale et l’ONU assistent à la fois impuissants et las à l’enlisement de l’APO. Ils ont été exclus d’un accord politique signé entre des dirigeants africains. Ils leur restent l’argent comme ultime moyen de pression. Le retard et les ratés du processus de sortie de crise ont même poussé certains à réfléchir sur l’utilité de leur présence dans le pays. La France a ainsi rapatrié prématurément une partie importante des troupes de l’opération Licorne. La facilitation burkinabé joue, quasiment seule, le rôle ingrat d’arbitre et d’aiguillon du processus. Jusqu’à maintenant, sa stratégie a été celle de la prudence. Le temps presse. Elle doit maintenant générer un nouveau momentum et adopter une attitude plus ferme, particulièrement à l’égard des « com’zones » et des milices loyalistes.
Pour que cet accord puisse enfin aller à son terme, les mesures suivantes doivent être prises :
* Concernant le processus électoral. Les opérations de traitements des données doivent débuter au plus vite dans 68 centres de traitement informatique prévus à cet effet. Un plan détaillé de distribution des cartes d’électeurs doit rapidement être présenté par la Commission électorale indépendante (CEI) et l’opérateur technique privé partenaire, qui doit précéder leur distribution par une campagne d’information des populations ciblées leur indiquant précisément où et comment elles pourront retirer leurs cartes d’électeurs. Le Premier ministre doit assumer véritablement son rôle de « chef d’orchestre » du processus électoral, en s’entourant d’une équipe capable de coordonner l’ensemble des opérations qui conduiront aux élections.
* Concernant le désarmement. Gbagbo et Soro doivent prendre la responsabilité d’accélérer l’intégration de leurs forces respectives au sein des forces communes de police et de gendarmerie et de la nouvelle armée nationale, qui prévoit l’intégration de 5 000 ex-rebelles. Les deux protagonistes doivent enfin s’engager dans un désarmement réel en procédant à un abandon partiel et simultané de leurs stocks d’armes et de munitions.
* Concernant l’administration. Le Premier ministre doit modifier en profondeur son cabinet actuel en choisissant des collaborateurs plus expérimentés et plus compétents. Une seule administration doit être présente sur l’ensemble du territoire au cours du semestre à venir. Dans la zone ultérieurement tenue par les rebelles, les préfets et les mairies doivent être dotés des moyens logistiques et nécessaires pour restaurer l’autorité civile de l’Etat. Le contrôle des frontières septentrionales du pays doit être assuré par des policiers et des douaniers de l’Etat ivoirien et non plus par des ex-rebelles.
* Le Conseil de sécurité doit accentuer sa pression sur les responsables ivoiriens. Paris doit faire pression sur les responsables ivoiriens en conditionnant la reprise de l’ensemble de la coopération à la tenue d’élections libres et transparentes ainsi qu’à une période post-électorale pacifique. La facilitation burkinabé devrait être renforcée et, avec l’aide du Premier ministre Soro, engager une négociation directe avec chaque « com’zone » pour réussir leur intégration, et avec celle de Laurent Gbagbo le désarmement des différentes milices loyalistes.
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