Le rôle des policiers selon Gbagbo Laurent

Vous êtes des policiers, vous n’êtes pas des juges... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Vos ennemis, ce sont tous ceux qui sont contre la République.Tous ceux qui veulent installer la chienlit, le désordre. Tous ceux qui veulent troubler les élections. Battez-vous contre le désordre, contre la chienlit… Ne réfléchissez pas, ce sont les juges qui réfléchissent. Vous êtes des combattants du respect de l’ordre public. S’il y a des dégâts, les juges rétabliront tout. La République se construit avec les Forces de l’ordre, avec les forces de combat… Moi, j’ai les bras de la République. Quand le moment arrive pour que je lance mes bras, je les lance.
Matez tous ceux qui sèment le désordre et après on réfléchira … Matez, matez, tous ceux qui sont contre la République... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Votre rôle n’est pas de réfléchir comme les juges. Ce sont les commissaires qui réfléchissent à votre place… Vous, votre rôle, c’est de mater, de mater…Le policier ne doit pas réfléchir… Il doit taper et s’il y a des erreurs, s’il y a des problèmes nous allons arranger…

Gbagbo Laurent, Chef de l'Etat ivoirien, à l'occasion de l'installation de la CRS 3 à Divo le vendredi 27 Août 2010


lundi 31 janvier 2011

Le jeu des sept erreurs

J’ai lu cette contribution d’un congolais dans le N° 2609 de Jeune Afrique. J’ai trouvé son analyse assez pertinente. J’ai donc décidé de vous la faire partagé.


Dans le tintamarre des cris d’indignation qui fusent de partout face à la crise ivoirienne, et dans l’émotion qui l’accompagne, il y a finalement peu de place pour des analyses froides. Nous sommes en plein manichéisme : on a ainsi vite oublié des erreurs graves qui ont été commises par toutes les partir en cause avant, pendant et après les élections…

Première erreur, les accords préélectoraux. Les candidats ont accepté, accord à l’appui, d’aller aux élections alors que le nord du pays n’était pas totalement démilitarisé ni pacifié. Les mêmes accords stipulaient que seuls les résultats de la CEI et du Conseil constitutionnel seraient considérés comme valides et opposables à tous.

Deuxième erreur, la position l’Opération des nations unis en Côte d’Ivoire (Onuci). Aux termes des accords, elle était considérée, dans la phase électorale, comme « certificateur », autrement dit comme témoin actif. En aucun cas cela ne lui donnait le droit de se substituer aux institutions à des institutions républicaines, ni même à être arbitre.

Troisième erreur, le fait d’avoir publié les résultats en retard, quelles qu’aient été les pressions de tous bords, parfois contradictoires, et de les avoir proclamés au Golf Hôtel, en zone partisane, parce que fief d’Alassane.

La Quatrième erreur concerne la fébrilité de Ouattara. Il est apparu volontairement ou involontairement, comme ayant instrumentalisé la CEI. Et puis,le fait d’avoir envoyé, à l’issue des élections, les militants à l’assaut de la télévision nationale n’a pas été une opération mûrie et responsable. La preuve : le nombre de morts « inutiles »…

La cinquième erreur est le manque de fair-play de Gbagbo. Il a péché par un excès de confiance aux sondages qui le présentait comme le favori de l’élection dans tous les cas de figure. Il finit donc par « fétichiser » le pouvoir et par instrumentaliser le Conseil constitutionnel. Autant d’ailleurs que l’armée. Son intransigeance a quelque chose d’ubuesque.

La fébrilité du Conseil constitutionnel constitue la sixième erreur. Cette institution a commis une faute grave en annulant des voix dans le nord. Elle a ainsi disqualifié d’une façon antidémocratique des milliers d’électeurs au lieu de décider, comme la loi électorale le prévoyait, la reprogrammation pour cas de litige avéré.

Enfin, la septième erreur vient de la communauté internationale et de la cour pénale internationale. L’empressement de la Communauté internationale à prendre des positions extrêmes et inédites, sous forme d’ultimatum va-t-en-guerre tout en préconisant des pourparlers ( !) a conduit au raidissement des positions notamment dans le camp de Gbagbo, qui détient encore,en grande partie, l’effectivité du pouvoir.

Il est d’ailleurs symptomatique de constater qu’au même moment, à trois heures de vole de Paris, le dictateur biélorusse au pouvoir venait de tripoter les élections, et expédiait impitoyablement des manifestants de l’opposition à la mort, et leurs chefs en prison sans que la Communauté internationale lève le petit doigt. Sauf quelques timides borborygmes…

André Yoka Lyé, Kinshasa, RD Congo.

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