
« J’ACCUSE » par Christian Félix Tapé -Le Journal de Connectionivoirienne.net
Un peuple courageux et patient mais désabusé et affaibli.
Le parlement ivoirien vient de refuser la constitution d’une commission parlementaire en vue de l’enquête qui aurait permis de trancher souverainement au nom du peuple ivoirien ce qu’il est convenu d’appeler désormais le cas Tagro. C’est un verdict qui ne peut laisser indifférente aucune conscience sensible déjà meurtrie par la crise qui frappe le pays depuis 2002. Pour une fois que l’occasion leur a été donnée de renouer honorablement avec le peuple ivoirien qui les a inconditionnellement soutenus en d’autres occasions, les députés ont réédité avec extrême désinvolture ce qu’on savait déjà d’eux, à savoir leur manque de culture civique et de volonté de démocratiser ce pays, leur préoccupation de se garantir une solide situation de rente par ces temps qui courent. Cela en toute impunité et parfaite insensibilité vers ce peuple accablé de désespoir et affaibli, affamé, mais tout de même courageux et patient. Si la classe politique est insensible, si les représentants du peuple sont ingrats, au peuple il ne reste plus qu’à tirer les leçons.
Lorsque la dissolution de l’Assemblée nationale a été hasardement insinuée et évoquée, c’est le peuple qui s’est levé comme un seul homme pour défendre ce qu’il considérait comme le symbole vivant de sa souveraineté. Même s’ils devraient être désœuvrés les députés devraient siéger au nom de la souveraineté. Ainsi avait voulu le peuple et il en fut ainsi. Ils siègent ? Ils sont payés plusieurs milliards de francs saignés par ce peuple de contribuables que ces fameux députés ne daignent pas soulager par une simple volonté de construire finalement un système transparent. Il s’agissait de démontrer une disponibilité à montrer au peuple qu’il peut compter sur ses représentants. L’esprit de clocher n’a pas malheureusement permis d’élever la hauteur de vue de ce que cette commission aurait permis d’obtenir .
L’amour de la patrie ne peut autoriser qu’on regrette de les avoir maintenus là. Mais il est au moins normal de se demander à quoi ils servent au juste ces députés, depuis 2005 ? Qui aura encore le courage de reconduire ces gens pour le représenter ? De toute façon ils n’y avaient point été maintenus par amour et attachement personnels à eux, mais parce qu’ils représentaient un symbole de la souveraineté chère au peuple. D’autres pourront faire mieux qu’eux. Et c’est ça l’unique consolation qui reste.
Il est vrai que le peuple est patient et courageux ; il est vrai que très affamé, le peuple est vulnérable. Mais attention, comme le dit la mythologie, même YROUKOU, la déesse de la patience a ses limites.
Toutefois, entretemps le peuple impuissant pourrait en cas de nécessité s’illustrer par des revirements de situation surprenants et irrationnels. Ces politiques pourraient à leur tour user des plus sophistiqués moyens de persuasion pour se maintenir à leurs postes.
Ce sera leur victoire mais ce sera malheureusement la fin de la politique.
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