Le rôle des policiers selon Gbagbo Laurent

Vous êtes des policiers, vous n’êtes pas des juges... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Vos ennemis, ce sont tous ceux qui sont contre la République.Tous ceux qui veulent installer la chienlit, le désordre. Tous ceux qui veulent troubler les élections. Battez-vous contre le désordre, contre la chienlit… Ne réfléchissez pas, ce sont les juges qui réfléchissent. Vous êtes des combattants du respect de l’ordre public. S’il y a des dégâts, les juges rétabliront tout. La République se construit avec les Forces de l’ordre, avec les forces de combat… Moi, j’ai les bras de la République. Quand le moment arrive pour que je lance mes bras, je les lance.
Matez tous ceux qui sèment le désordre et après on réfléchira … Matez, matez, tous ceux qui sont contre la République... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Votre rôle n’est pas de réfléchir comme les juges. Ce sont les commissaires qui réfléchissent à votre place… Vous, votre rôle, c’est de mater, de mater…Le policier ne doit pas réfléchir… Il doit taper et s’il y a des erreurs, s’il y a des problèmes nous allons arranger…

Gbagbo Laurent, Chef de l'Etat ivoirien, à l'occasion de l'installation de la CRS 3 à Divo le vendredi 27 Août 2010


vendredi 23 janvier 2009

Ivoirité: La part de vérité du Professeur Bernard Zadi Zaourou


•De l’avis de nombre d’observateurs de la vie publique, les intellectuels ivoiriens ont démissionné depuis au moins une décennie. Partagez-vous cette opinion ?
Vous dites depuis une décennie. Quand vous parlez de démission, à quel défi faites-vous allusion ? Quelle exigence ou attente nationale ?

*Il y a nombre de chantiers comme celui de l’ivoirité par exemple ! Quand le politique a fait la trouvaille, ce sont les intellectuels qui l’ont conceptualisée et qui n’ont pas su dire attention quand il le fallait. Quand le coup d’Etat est survenu, les intellectuels n’ont pas su dire non face aux dérives de la junte.Avant le coup d’Etat, il y a eu l’ivoirité que certains intellectuels ont cautionnée. Sur la question de l’ivoirité, moi j’ai toujours été sceptique quant à la manière dont ce problème est abordé pour un certain nombre de raisons. Je pense avoir une légitimité pour aborder cette question parce que j’étais le ministre de la Culture et je sais que le président Bédié avait posé ce problème d’un point de vue purement culturel. Dans le cadre de l’action gouvernementale, c’est moi qui gérais cette question. Je ne crois pas m’être surpris en train d’élaborer un concept de rejet, d’exclusion. Même de toute bonne foi, à un moment donné, le président de la République a voulu créer un haut conseil de l’ivoirité. C’est moi qui l’ai mis en garde contre ce projet. Je lui ai dit que puisque les politiciens ont récupéré ce concept, cela risquait d’être vu comme une institutionnalisation de l’ivoirité. Il m’a écouté. Le fait que les politiques se soient emparés du mot ivoirité pour l’interpréter comme un concept d’exclusion ne signifie pas forcément que ce concept a eu réellement ce contenu. Il faut être honnête. Personne ne peut me citer un texte de Bédié dans lequel il met l’accent sur l’exclusion des gens à partir de l’ivoirité. Ce n’est pas vrai. Bédié n’est même pas le père de l’ivoirité puisque c’est Niangoran Porquet qui l’a créé. C’est un concept culturel. Dans mon dernier livre, je dis que c’est une fleur du jardin senghorien. C’est Senghor qui a fait la promotion de ces mots formés à partir du suffixe « ité » comme arabité, sénégalité, francité, malgacité, africanité etc. Cela signifie l’état d’être Arabe, Sénégalais, Malgache, Ivoirien ou Africain.

•Mais n’empêche, ce concept a très vite glissé sur le terrain de l’exclusion…

*…Ce concept qui n’était que culturel et sociologique a été récupéré par les politiciens. Ils lui ont donné un contenu négatif. Cela est dû au fait que quelques ministres ont commis l’erreur de donner des interviews sur ce concept-là sur la base de concessions erronées. Je pense notamment au ministre Kouamé Faustin. Mais est-ce qu’on peut ramener le programme d’un gouvernement à l’opinion d’une ou deux personnalités ? Je dis non. Il n’y avait pas une politique d’Etat sous Bédié consacrant l’exclusion avec comme canal le concept d’ivoirité. Il y avait une cellule comme la Curdiphe où il y avait des hommes de haut niveau comme Niangoran Bouah, Saliou Touré, Jean Marie Adiaffi, Loucou Jean Noël, Niamkey Koffi…ils ont soutenu l’ivoirité mais je n’ai pas vu ces intellectuels-là, discriminer les autres Ivoiriens dans leurs discours et par rapport à l’ivoirité. Je les connais tous personnellement et, croyez-moi, ils ne sont nullement tribalistes. Je sais que bien des éléments des forces de défense et de sécurité ont eu à l’égard de nos frères du Nord des comportements inadmissibles. Personne ne peut nier cela ni cautionner cela.

•Pourquoi n’aviez-vous pas personnellement adhéré à la Curdiphe ?

*Je n’étais pas tenu d’y être. Adiaffi m’en avait parlé mais je n’ai pas été motivé particulièrement. Mais ce n’est pas lié à l’ivoirité. Evidemment, les politiciens s’en sont servis pour leur propagande, mais on ne peut pas dire que ce sont les intellectuels qui ont en fait corrompu le concept d’ivoirité pour ruiner l’image du président Bédié. Ils voulaient à tout prix la chute de son régime. Eh bien, ce régime est tombé. Mais la situation de bouse que nous vivons depuis 1999 leur donne-t-elle satisfaction ?


•Mais lorsque le concept a dévié, ces intellectuels ne sont pas revenus à la charge pour dire attention, ce n’est pas cela l’ivoirité. La Curdiphe, par exemple, n’a pas survécu au coup d’Etat de 1999 ?

*Il y a au moins un intellectuel qui a écrit un ouvrage entier, un de mes conseillers au ministère de la Culture, en l’occurrence Boa Tiémélé Ramsès. Il fait le point de la question dans un ouvrage que je vous conseille de lire. C’est un professeur de philosophie. Il montre clairement pourquoi il y a eu les dérapages. Je m’excuse, si certains croient que Bédié est le diable, je fais alors l’avocat du diable. L’ivoirité relevait de mon département. Bédié a dit que l’ivoirité était un concept d’intégration culturelle et les Ivoiriens et les autres Africains qui vivent en Côte d’Ivoire doivent travailler jusqu’à ce qu’il y ait une symbiose qui se réalise. Cette synthèse culturelle devait permettre à la Côte d’Ivoire de faire un bond en avant dans tous les domaines. Où est l’exclusion ? Je suis prêt à affronter n’importe qui sur ce sujet, sur un plateau de télévision ou ailleurs. Au ministère de la Culture, nous disions que l’ivoirité est une création de Niangoran Porquet et non de Bédié.

Interview réalisée par, Traoré M. Ahmed

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