
La poudrière ivoirienne est allée chercher sa propre boîte d’allumette. C’est le moins qu’on puisse dire après la décision prise vendredi par Laurent Gbagbo de dissoudre et le gouvernement et la Commission Electorale Indépendante.
Une décision qui n’est pas restée sans réponse puisque le rassemblement des « houphouettistes animé par les poids lourds Bédié et Ouattara est formel depuis hier : pour lui, Gbagbo n’est plus le chef d’Etat de la Côte d’Ivoire mais l’auteur d’un coup d’Etat annoncé nul et de nul effet. Voilà donc rouvertes les tranchées que l’on croyait à jamais refermées au pays d’Houphouët et ce n’est une bonne nouvelle pour les Ivoiriens qui voulaient mettre derrière eux la lourde parenthèse de sang versé au nom de l’ethnie et du pouvoir. Et même s’ils ont appris à faire avec les sautes d’humeur de son voisin qui crée la moitié de leurs ressources, les pays de l’Uemoa, eux non plus, ne doivent plus être rassurés. Pas plus que Guillaume Soro : le Premier ministre, cette fois-ci du seul Gbagbo, sait, malgré sa bonne contenance et ses propos consensuels, que le décret qui l’a reconduit le week-end est plus mortel que les roquettes lancées contre son avion quelques années plus tôt. Il était soupçonné déjà de faire du travail fractionnel, lui qu’on disait rouler pour Ado, donc une partie de l’opposition ; il eut, en outre, quelques difficultés avec des têtes fortes de Forces nouvelles. Le décret du vendredi décantera désormais les choses et ce ne serait pas forcément à son profit. C’est pourtant le médiateur Compaoré qui a encore du pain sur la planche. Il attendait conformément à son approche de la médiation que les parties au conflit lui acheminent leurs positions pour qu’il les rapproche dans sa synthèse à lui. Pour rester dans le dossier, il lui faudra désormais enfiler sa tenue de pompier. La soudaineté et l’ampleur du feu, même-là, pourraient être dissuasives. C’est, sans doute, reparti pour la Côte d’Ivoire.
Adam Thiam
Le Journal du Mali
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