Le rôle des policiers selon Gbagbo Laurent

Vous êtes des policiers, vous n’êtes pas des juges... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Vos ennemis, ce sont tous ceux qui sont contre la République.Tous ceux qui veulent installer la chienlit, le désordre. Tous ceux qui veulent troubler les élections. Battez-vous contre le désordre, contre la chienlit… Ne réfléchissez pas, ce sont les juges qui réfléchissent. Vous êtes des combattants du respect de l’ordre public. S’il y a des dégâts, les juges rétabliront tout. La République se construit avec les Forces de l’ordre, avec les forces de combat… Moi, j’ai les bras de la République. Quand le moment arrive pour que je lance mes bras, je les lance.
Matez tous ceux qui sèment le désordre et après on réfléchira … Matez, matez, tous ceux qui sont contre la République... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Votre rôle n’est pas de réfléchir comme les juges. Ce sont les commissaires qui réfléchissent à votre place… Vous, votre rôle, c’est de mater, de mater…Le policier ne doit pas réfléchir… Il doit taper et s’il y a des erreurs, s’il y a des problèmes nous allons arranger…

Gbagbo Laurent, Chef de l'Etat ivoirien, à l'occasion de l'installation de la CRS 3 à Divo le vendredi 27 Août 2010


mardi 9 février 2010

Politiquement incorrect Et alors ? Par Venance Konan

Par Venance Konan – L’Inter

Le vendredi dernier une amie très chère m’a appelé de Bouaké pour me dire qu’il n’y avait plus d’électricité dans la ville depuis 30 heures. L’eau aussi venait d’être coupée et on ne pouvait plus utiliser les téléphones cellulaires. Malgré toute l’amitié que j’ai pour cette dame, j’ai eu envie de lui dire « et alors ? » Oui, Catherine, on a coupé l’électricité et l’eau à Bouaké, et alors ? Qui veux-tu que cela dérange dans ce pays ? Souviens-toi, en novembre 2004, on a coupé l’eau, l’électricité et le téléphone dans tout le nord du pays pendant plusieurs semaines. Cela avait commencé le jour de nos bombardements sur la zone rebelle. Les bombardements ont duré trois jours. Mais l’eau, l’électricité et le téléphone sont restés coupés pendant des semaines. Qui s’en est offusqué ? Qui s’est plaint ? Ces bombes avaient d’ailleurs tué plusieurs autres personnes en dehors des soldats français et de l’Américain. Qui a parlé de ces personnes ? En mars 2004, on a tué au moins 120 personnes à Abidjan à l’occasion d’une marche projetée par l’opposition. Qui parle de ces morts ? Qui a porté plainte contre ce massacre ? Même l’opposition dont ils étaient des militants, l’as-tu entendue ? L’as-tu entendue menacer, ne serait- ce que pour la forme, de se retirer du gouvernement en signe de protestation contre ce massacre ? Nous serons bientôt en mars. Tu verras si une seule personne de cette opposition ira déposer ne serait-ce qu’une simple fleur sur la tombe de l’une de ces victimes, ou appelera à une minute de silence, juste une seule minute, en leur mémoire. Tu verras, Catherine, tu verras. Souviens-toi encore, il y a deux ans, une grenade avait déchiqueté neuf enfants le jour de l’an à Bondoukou. Plusieurs autres avaient été grièvement blessés. C’était pendant la période où un bâtiment avait pris feu à la RTI. Toute la Côte d’Ivoire avait défilé à la télévision pour pleurer sur le bâtiment en partie seulement endommagé. Il y a eu les évêques, les imams, les partis politiques, les syndicats, les chômeurs, les transporteurs, les prostituées, tout le monde. Qui as-tu vu verser une larme ou aller apporter un peu de compassion aux familles des enfants tués, et aux blessés ? Aucun évêque, aucun imam, aucun pasteur. Il a fallu plus d’un mois avant que la ministre Peuhmond ne daigne aller rendre visite aux blessés. Que vaut une vie humaine dans ce pays ? Qui s’est d’ailleurs préoccupé de savoir d’où était venue cette grenade ? Sous nos yeux, ici, des gens de la FESCI ont tué le jeune Habib Dodo et sauvagement violé une jeune fille sur le campus, des gardes républicains ont tués un certain Badolo. Cela fait des années que je m’égosille pour demander justice pour tous ces gens que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam. As-tu entendu une seule voix me répondre ? As-tu compté tous les morts qu’il y a eu dans ce pays depuis 2002 ? Qui pense à eux ? Qui pense à ceux que les rebelles ont sauvagement tués à Bouaké, les gendarmes et leurs enfants assassinés, Marcellin Yacé, les gens que Fofié a enfermés dans des containers, ceux que les escadrons de la mort ont tués, qui pense à eux ? On a coupé l’électricité et l’eau à Bouaké, à Ouellé, à Niakara, et alors ? Tout comme cette guerre de 2002 dont nous avions été prévenus plusieurs mois à l’avance, les responsables de la CIE et de la SODECI nous avaient avertis depuis plusieurs mois que nous risquions d’avoir des problèmes d’approvisionnement en électricité et en eau. Qui s’est-il senti concerné par cela ? De nos gouvernants à nous-mêmes, toi et moi compris, qui s’est senti concerné ? Ceux qui ont les moyens de s’offrir des groupes électrogènes l’on déjà fait. Le reste de la population ? Il n’a qu’à avoir les moyens de s’acheter des groupes électrogènes, c’est tout ! Si la population ivoirienne n’a pas encore compris que son sort laisse tout le monde totalement indifférent, eh bien, tant pis pour elle ! La Sir et Gestoci nous ont déjà dit qu’on risque de ne plus avoir de carburant. Et alors ? Qui voulez-vous que cela dérange ? Vous croyez qu’on n’a rien d’autre à faire ? Depuis des années nos marchés, magasins, administrations, maisons, et plantations brûlent les uns après les autres. Tout le monde en connaît les raisons : branchements électriques anarchiques, bouches d’incendies obstrués par les magasins, malveillance, mais qui cela préoccupe-t-il ? Bernabé est parti en fumée ? Le « black market » aussi ? Et alors ? Avant eux ce fut Orca, les marchés de Cocody, de Treichville, de Yamoussoukro…La vie n’a-t-elle pas continué ? Tu le sais bien, Catherine, la seule chose qui nous intéresse est qu’aucun Burkinabé ne s’inscrive sur notre liste électorale. Pour ça, oui, nous sommes prêts à descendre dans la rue, hurler notre colère, sortir nos machettes et gourdins. Pour tout le reste, on s’en fout complètement. Le pays peut brûler comme c’est le cas en ce moment, on peut vivre dans l’obscurité, sans eau courante, sans rien à manger, on peut augmenter tous les prix comme on veut, on peut nous déverser toutes sortes de déchets toxiques sur la tête, nous tuer tous un par un, on s’en fout complètement. Mais gare à l’étranger qui voudra voler notre belle nationalité ! Catherine, j’en suis désolé, mais ton pays est peuplé de « moutons ». Nous ne pousserons pas un seul cri lorsque l’on nous passera le couteau sur la gorge. Alors, s’il te plaît, ne viens plus nous déranger pour tes problèmes d’eau et d’électricité pendant que nous sommes en train d’achever la construction de nos nouveaux palais, de satisfaire nos maîtresses qui deviennent de plus en plus exigeantes (elles veulent maintenant la nouvelle voiture que Peugeot est en train de fabriquer en Chine pour les Chinois), et pendant que nous sommes en train d’apprêter nos costumes et robes pour célébrer les cinquante ans d’indépendance de notre pays.

Venance Konan
venancekonan@yahoo.fr

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