Le rôle des policiers selon Gbagbo Laurent

Vous êtes des policiers, vous n’êtes pas des juges... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Vos ennemis, ce sont tous ceux qui sont contre la République.Tous ceux qui veulent installer la chienlit, le désordre. Tous ceux qui veulent troubler les élections. Battez-vous contre le désordre, contre la chienlit… Ne réfléchissez pas, ce sont les juges qui réfléchissent. Vous êtes des combattants du respect de l’ordre public. S’il y a des dégâts, les juges rétabliront tout. La République se construit avec les Forces de l’ordre, avec les forces de combat… Moi, j’ai les bras de la République. Quand le moment arrive pour que je lance mes bras, je les lance.
Matez tous ceux qui sèment le désordre et après on réfléchira … Matez, matez, tous ceux qui sont contre la République... Moi, mon père était militaire et après policier, donc je connais le rôle des policiers…Votre rôle n’est pas de réfléchir comme les juges. Ce sont les commissaires qui réfléchissent à votre place… Vous, votre rôle, c’est de mater, de mater…Le policier ne doit pas réfléchir… Il doit taper et s’il y a des erreurs, s’il y a des problèmes nous allons arranger…

Gbagbo Laurent, Chef de l'Etat ivoirien, à l'occasion de l'installation de la CRS 3 à Divo le vendredi 27 Août 2010


vendredi 5 février 2010

Témoignage d'un ancien fesciste

C’est le coq qui tous les matins annonce généralement le levé jour. Le coq-Fesci a chanté et l’an 2010 s’élèvera sur la Côte d´Ivoire selon sa volonté. Il y a dans le quotidien des hommes des signes qui ne trompent pas. Mieux, il y a dans ce quotidien des faits non négligeables qui dessinent l´ossature et la forme des évènements à venir.

Le week-end du 25 au 27 décembre 2009 dernier, la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d´Ivoire (FESCI) a tenu son congrès ordinaire pour élire son nouveau Secrétaire Général.

Pour cette seule raison, qui semble fondamentale pour l´école ivoirienne en chute libre et désespérée, deux congrès ont été organisés simultanément à Abidjan et à Yamoussoukro assortis de deux secrétaires généraux. Chacun des deux élus revendiquant la légitimité et la légalité statutaires.

Déchirée par une dissidence dangereuse, la Fesci est en proie á une lutte pour son contrôle par les partis politiques et la rébellion du MPCI. À vrai dire, le tiraillement politique dont la FESCI est objet ne date pas de la dislocation du Front Républicain en 1996, une alliance contre-nature entre le FPI de Laurent Gbagbo et le RDR d´Alassane Dramane Ouattara.

Déjà à notre époque, de 1990 à 1994, la Fesci était au centre de basses manœuvres politiques pour son contrôle, entre le FPI, le PIT, le PSI et l´USD de Zadi Zaourou à un moindre niveau. Seulement qu´à cette époque la lutte avait un seul centre d´intérêt. La lutte de front pour faire tomber le pouvoir PDCI. Parti unique au pouvoir depuis le 07 août 1960, date de la proclamation de l´indépendance de la Côte d´Ivoire. Cette fronde estudiantine et scolaire se justifiait dans le manque d´un vrai projet digne de rénovation et de redéfinition du système éducatif national mais surtout cette fronde se justifiait dans l´irresponsabilité du gouvernement ivoirien d´alors vis-à-vis de ce qu’il convient d´appeler la relève et l’avenir de la nation ivoirienne.

Alors que l’école ivoirienne avait besoin dans l’urgence d’un plan d’assainissement et de réorientation pour s’accommoder aux nouvelles exigences de cette époque, dans un contexte de retour au multipartisme. Ce manque d´actions gouvernementales en faveur de l´école ivoirienne pour son renouvellement ne favorisait pas l´épanouissement des élèves et étudiants. Encore moins il ne créait de meilleures conditions de vie et de travail, nécessaires à leur intégration et leur rayonnement qualitatif et surtout positif. Car pour la FESCI « Il ne pouvait y avoir d´école nouvelle sans démocratie véritable ».

Et l´avènement d´une démocratie vraie en Côte d´Ivoire passait souventes fois par l´abandon du champ syndical de l´école nouvelle pour reprendre le refrain du chant hautement politique revendiqué par les partis de l´opposition de cette époque. Ce qui nous valut l´étiquette de bras séculier de cette opposition politique. Ce slogan, bien inspiré, reste d´actualité. Toutefois, il est bien de noter à des fins utiles que les époques ont changé et la gestion du pouvoir d´état a changé elle aussi de main. Le besoin d´école nouvelle en Côte d´Ivoire s´avère toujours d´actualité mais la démocratie véritable, quant à elle, devient tout simplement une illusion transcendantale tellement les gros-bras de l´échiquier politique ivoirien ont pris le pays en otage. Tellement ils ont caporalisé et catégorisé les Ivoiriens en clans ennemis qui se regardent désormais en chien de faïence. Tellement leur volonté de gouverner le pays ramène tout ce qui y est lié à leur seule et petite personne.

Tant que ces gros-bras de la scène politique ivoirienne ne comprendront pas que les hommes passent mais que la nation demeure, il nous sera difficile de réaliser le rêve d´une démocratie véritable dans notre pays. Et les acquis de cette démocratie véritable, arrachés de hautes luttes dans l´abnégation, se sont fragilisés et effrités à la grande satisfaction de nos hommes politiques qui se définissent tous comme de grands démocrates. Ces acquis de la démocratie arrachés de haute lutte et dans l´abnégation ont désormais cédé la place à la désillusion et au chantage humain, nous rappelant étrangement le cycle infernal des damnés de la terre.

Pour mémoire, la dissidence de 1992-1993 y est grandement pour quelque chose. Car le FPI, ne contrôlant pas le Secrétaire Général d´alors, du moins ne supportant plus la trop grande vocation d´indépendance et de liberté de Martial Ahipeaud; c´est de toute pièce que le parti politique de Laurent Gbagbo a monté cette dissidence pour imposer à la tête de la FESCI un militant dévoué pour la cause du FPI et dont la dépendance vis-à-vis de ce parti politique ne souffrait d´aucun doute. Aujourd´hui, avec du recul nous comprenons mieux que tout ceci était une mascarade bien plus qu´une mise en scène et une grossièreté ourdie contre Martial Ahipeaud pour l´empêcher de conduire la FESCI selon la vision syndicale qu´il avait de cette structure. Et cette manigance politique continue d´aménager les meubles dans le pavillon de la FESCI sur les bords de la lagune Ébrié.

Cette latente crise de confiance a connu son apothéose à la suite de l´effritement de l´alliance que le FPI avait passée avec le RDR. À cette époque, Soro Kigbafori Guillaume, actuel Premier ministre de la Côte d´Ivoire et premier responsable de la meurtrière rébellion qui a endeuillé notre pays, était le Secrétaire Général de cette organisation syndicale. Les étudiants de la FESCI généralement majoritaires sur les campus des Universités ivoiriennes avaient cru bien faire en se laissant endoctriner par cette farce d´alliance entre le FPI et le RDR dans l´espoir que cette grande force sociale parvienne à bouter le PDCI hors du pouvoir. Pour que soit la nouvelle école dans une démocratie véritable.

Illusion ou réalité, la bonne volonté des étudiants de la FESCI fut rattrapée par les calculs politiques malsains et mesquins de Laurent Gbagbo. Lui dont la seule volonté qui compte, est de présider aux destinées de la Côte d´Ivoire coûte que coûte peu importe les dégâts matériels et humains que cela comporte. Laurent Gbagbo en s´engageant dans cette alliance avec le RDR avait sa petite idée qu´il répétait à qui voulait l´entendre. Les militants du RDR étaient selon ces propres mots de potentiels électeurs dont le vote lui permettrait d´atteindre son objectif prépondérant. Aujourd´hui, Laurent Gbagbo est président de la république de Côte d´Ivoire et le pays brûle plus que jamais. Ce volte-face spectaculaire de Laurent Gbagbo en renonçant à l´alliance contextuelle avec le laissa pantois si non irrita nombre d´étudiants qui s´étaient pourtant engagés dans ce syndicat pour le seul fait du front républicain. Désorientés, irrités et sans repères, ces étudiants sans réelle conviction politique prenaient le flanc à eux tendus par la séparation des leaders du front républicain. Chacun y est allé avec l´instinct ethno-régionaliste et religieux. Les étudiants de la FESCI, comme à l´image de l´ensemble de la société Ivoirienne, jouent le jeu des accointances ethniques, religieuses et régionales pour choisir et justifier leurs obédiences et appartenances politiques.

Les blocs au sein de la FESCI font des vagues avec l´apparition du phénomène des armes blanches. C´est désormais à coups de machettes que nos jeunes frères se tailladent dans le règlement de tous différends qui opposent les différentes tendances. Pis, le concept politique de l´Ivoirité et la catégorisation des Ivoiriens a finalement ébranlé la lutte syndicale au sein de la FESCI en la transposant sur le terrain de la violence inouïe dont pourtant, personne ne pouvait prédire la fin. Ce mal demeuré en état, ressurgit à la surface au moment où les uns et les autres sont préoccupés par la problématique et l´organisation de l´élection présidentielle.

Un syndicat, deux congrès

Un syndicat, deux congrès pour élire un Secrétaire général qui aura la lourde responsabilité de remettre la FESCI sur la voie de sa propre restauration et sur celle de l´école ivoirienne. Un secrétaire général qui aura la lourde responsabilité de démilitariser et de dépolitiser la FESCI pour la remettre sur le chemin de la revendication syndicale en vue d´améliorer les conditions de vie et de travail des étudiants et élèves de Côte d´Ivoire. Cette noble cause est déjà supplantée par le bicéphalisme ambiant qui règne, seulement deux jours après la tenue des deux congrès d´Abidjan et de Yamoussoukro. Une cause noble qui sera certainement noyée par la guerre des clans et des machettes qui pointe déjà à l´horizon.

À l´image de l´effervescente guerre des clans qui s´annonce avec virulence à la FESCI, c´est tout le paysage politique et social dont le décor est ainsi planté en côte d´ivoire. Alors que le pays s´emploie à sortir d´une crise qui n´a que trop duré, nos hommes politiques, eux n´ont de préoccupations que le seul fauteuil présidentiel qui sera mis en jeu. Pourtant, nous savons tous qu´aucun d´entre les dinosaures de la scène politique Ivoirienne n´est prêt à faire le sacrifice patriotique pour épargner le pays du gouffre de leurs ambitions problématiques et démesurées.

Le mouton de panurge

À l´allure où font les choses dans la précampagne électorale, il est à craindre que la fracture sociale creusée dans le peuple Ivoirien pour des alois politiques incontrôlés, devienne encore plus grande et irréparable. Et les prémices ne manquent pas pour étayer ce que nous disons. Le vrai faux débat sur la nationalité du président du RDR subitement ressuscité par la presse bleue en Côte d´Ivoire n´est rien d´autre que la volonté exprimée par les dirigeants du FPI de tripatouiller politiquement pour influencer les décisions du conseil constitutionnel dont le président n´est personne d´autre que le Prof. Paul Yao N´Dré, un des leurs. Afin de matérialiser cette volonté camouflée, Laurent Gbagbo a, récemment dans une interview qu´il a accordée à Jeune Afrique l´Intelligent, dit qu´il fera une compagne juste et honnête mais qu´il n´entendait pas aller à cette élection comme un mouton de panurge à l´abattoir. Ce bout de phrase traduit toute la psychologie et la détermination de nos ex-camarades refondateurs à ne pas lâcher du lest s´ils arrivaient à perdre l´arbitrage et le suffrage des Ivoiriens. Mieux, par ce bout de phrase Laurent Gbagbo donne le ton de la contestation généralisée qui se prépare dans chaque état major des partis politiques pour prolonger les nombreuses souffrances du peuple Ivoirien. Mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j´avance avait-il cyniquement averti.

Par Jean Dekpai – Rédacteur en Chef du Journal de ConnectionIvoirienne.net

Aucun commentaire: